Après avoir passé l’hiver dans les sous-bois, Wout Van Aert a débuté sa saison sur route ce week-end, avec une treizième place sur le Het Nieuwsblad. Attendu après ses belles prestations sur les monuments pavés il y a un an et des derniers mois mouvementés, le Flamand tiendra les premiers rôles sur les flandriennes pour Jumbo-Visma. Mais qu’attendre du triple champion du monde de cyclo-cross ces prochaines semaines ?

Des promesses

En février 2018, Wout Van Aert, fraîchement auréolé d’un nouveau maillot arc-en-ciel en cyclo-cross, avait décidé, dans la foulée, de partir à la découverte du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix. Quelques semaines après un raid spectaculaire sur les Strade Bianche, en compagnie de Benoot et Bardet, le Belge avait réussi à se montrer à son aise sur ces monuments où l’expérience est une des clefs. Avec un top 10 à Oudenaarde, il avait montré sa capacité à tenir près de sept heures d’effort. Le résultat était un peu moins bon sur le vélodrome roubaisien, la faute à une crevaison dans le final alors que le podium semblait encore jouable. Toutefois, Van Aert a prouvé, à 23 ans, que son potentiel était plein de promesses et que les printemps futurs devraient désormais le prendre en compte. Et c’est bien là l’essentiel pour le troisième des derniers championnats d’Europe sur route, alors novice sur les grandes courses.

« Si tu est dans le final du Tour des Flandres, il n’y a rien à dire de plus. Il manque un peu d’expérience. Plus de courses dans les jambes et il pourrait devenir inarrêtable. » Ces mots, prononcés par l’ancien vainqueur de l’Enfer du Nord Servais Knaven au micro de VeloNews, ne sont pas lâchés à la volée. Avec un peu plus de bouteille, Van Aert a le talent pour devenir un des cracks de la spécialité. Ses qualités de crossman lui assurent d’être dans le rythme techniquement, de pouvoir frotter, et son physique proche de celui de Niki Terpstra, qui en a dompté quelques uns avant de rejoindre Direct Energie, est en parfaite adéquation avec les secteurs ou les monts pavés.

Pour cette année ?

Reste pour autant que ça ne suffira sans doute pas. Van Aert pêche encore sur des petits détails indispensables pour espérer décrocher un Ronde ou un Roubaix. En premier lieu, l’expérience, qui apparaît comme un des fondamentaux : on ne gagne pas un monument pavé sans s’y être cassé les dents avant. Il n’y a qu’à voir Stybar, qui en connaît également un rayon en cyclo-cross, attendre ses 33 ans avant de claquer ne serait-ce qu’une classique World Tour. Et le Flamand manque encore légèrement de force, déficit aperçu lors du week-end d’ouverture. « Au moment où le bon groupe part, je n’avais juste pas les jambes », résumait-il après coup. Son hiver, où il a été battu quasiment tous les week-ends par Mathieu Van der Poel, le laissait imaginer. Mais il y a une logique : Van Aert avait décidé de moins miser sur le cyclo-cross, laissant son rival faire une razzia toute la saison, pour défendre ses chances sur la route, quelques mois plus tard.

C’est d’ailleurs ce que doit espérer le garçon : que cette deuxième saison qui démarre, sous le maillot de Jumbo-Visma, lui fasse quelque peu oublier son manque de succès hivernal. « J’ai l’impression que j’ai l’opportunité de me relancer avec une nouvelle préparation, dit-il. Sur la route, c’est important d’avoir une équipe solide, avec les bons coureurs, et c’est le cas ici. Je crois que le fait que je sois très impatient de courir à nouveau est un bon signe. » A 24 ans et pour sa deuxième campagne de classiques, le bonhomme n’est donc pas encore à classer parmi les favoris. Le statut viendra, peut-être, avec le temps. Mais le Belge n’a rien à perdre. Samedi, il sera sur les Strade Bianche où il s’était révélé sur la route il y a un an. L’heure de montrer, déjà, qu’il a progressé et appris.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.