Cinquième de l’Amstel, deuxième de la Flèche, treizième de Liège. C’est le bilan d’Alejandro Valverde sur la semaine ardennaise. Pour beaucoup, on ne trouverait rien à y redire. Mais pour l’Espagnol, c’est inhabituel. La dernière fois qu’il avait fait moins bien, c’était en 2012, lors de son retour de suspension.

Trois défaites différentes

Comment tenir rigueur à Valverde, 38 ans ce mercredi, d’avoir été vaincu successivement par Valgren, Alaphilippe et Jungels, qui ont tous les trois entre 25 et 26 printemps ? Pourtant, le constat est sans appel. Après Liège-Bastogne-Liège, ce dimanche, l’Espagnol s’offre une coupure avant de repartir pour l’été, et son compteur affiche déjà neuf victoires, le plus gros total du peloton. Impressionnant pour un homme qui n’est pas un sprinteur. Seulement, sur la semaine où tout le monde l’attendait, il n’a pas gagné. Et une question vient tout de suite : son début de saison incroyable montre qu’il n’est pas sur le déclin, mais alors, a-t-il perdu par sa faute ? Réponse : ça dépend où. Sur la Flèche Wallonne, oui, il a laissé filer la victoire parce qu’il était tout simplement moins costaud qu’un Julian Alaphilippe passé d’outsider à bourreau. Il n’a peut-être pas été parfait tactiquement, mais ne semblait pas en mesure, quoi qu’il arrive, de battre le Français. Concernant l’Amstel et Liège, tout est plus relatif et plus complexe.

Aux Pays-Bas, il y a dix jours, un homme a clairement refusé de le faire gagner : Peter Sagan. Le Slovaque, qui ne voulait pas être le seul à assumer ses responsabilités, s’est retourné vers les deux autres favoris, Alaphilippe et Valverde. Et si le Français a par moments assumé la poursuite, l’Espagnol, lui, est resté le cul vissé sur sa selle pendant une bonne partie du final. Difficile donc de dire que Sagan a enterré tout le monde quand Valverde, au moins pour son cas, l’a fait tout seul. S’il avait donné le coup de main que l’on attend de la part d’un cador de son calibre, la poursuite aurait sans doute été mieux organisée, et peut-être victorieuse. Valgren, qui n’était pas le plus costaud mais l’un des plus malins, s’en frotte encore les mains. Le souvenir de cet échec encore en mémoire, l’Espagnol s’est montré bien plus entreprenant une semaine plus tard, sur un Liège-Bastogne-Liège qu’il avait pourtant pris l’habitude de gagner en attendant le dernier moment. En vain, pas aidé par un groupe incapable de s’organiser.

Le roi n’est pas mort

Alors bien sûr, ce n’est pas en approchant de la quarantaine que l’Imbatido va changer. Sa façon de procéder a été efficace pendant des années, et si elle ne l’a pas été la semaine dernière, c’est parce que ses adversaires s’adaptent. Certains continuent de l’emmener dans un fauteuil, mais les quelques rebelles bien décidés à mettre le favori n°1 dans une situation inconfortable ont cette fois réussi à lui subtiliser ses habituelles victoires. Quick-Step, d’ailleurs, a parfaitement joué le coup en envoyant Bob Jungels à l’avant, dimanche. Si les efforts de Valverde – ou des autres – avaient payé et ramené tout le monde sur le Luxembourgeois, Alaphilippe, resté jusque-là bien au chaud, aurait sans doute remporté la mise. Valverde, lui, a aussi manqué d’équipiers, esseulé dans le final des trois classiques. « Mon corps a besoin de repos », a-t-il lâché après la Doyenne. On va le lui accorder, et surtout, ne pas s’inquiéter pour lui. Parce qu’il y a, dans cette histoire, une certitude : le garçon sera de retour l’an prochain pour reconquérir les titres qu’il vient de perdre.

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