Comme il y a un an, Alejandro Valverde a dû faire face à un sérieux adversaire dans notre élection du meilleur puncheur de l’année. La saison passée, c’est Michal Kwiatkowski qui avait failli lui ravir ce titre, cette fois c’est Julian Alaphilippe. Mais à la fin, c’est toujours l’Espagnol qui gagne.

Un titre qui change tout

Il n’est pas fait du même bois que les autres. Tellement que l’on en vient à être à court de mots. Comment parler, encore, de ce coureur d’aujourd’hui 38 ans qui repousse chaque saison les limites de ce que l’on pensait réalisable ? Prenons le titre mondial, par exemple : en 2013 à Florence, sur un parcours que l’on pensait taillé pour lui, il avait terminé troisième et vu la victoire lui filer sous le nez. Il avait 33 ans, déjà, et montait pour la cinquième fois de sa carrière sur le podium des Mondiaux. On se disait alors qu’il avait laissé passé sa dernière chance, que sa carrière passée à courir après ce maillot arc-en-ciel prendrait fin sans qu’il n’ait pu le porter. Finalement, un an plus tard, il était encore dans le coup à Ponferrada, sur le podium toujours, mais battu une nouvelle fois. Et c’est quatre ans plus tard, à Innsbruck, qu’il est venu chercher ce paletot irisé qui ne pouvait décemment pas le fuir éternellement.

Dans l’invraisemblable dernière montée du parcours autrichien s’est donc dessinée la hiérarchie actuelle des meilleurs puncheurs. Avec Valverde et Woods, sans Alaphilippe, remplacé le temps d’une course par Bardet. Et l’année d’un Mondial sacrant les puncheurs, nos votes reflètent logiquement, en partie au moins, le résultat d’Innsbruck. Mais il n’y a pour autant pas eu que ça dans la saison de l’Espagnol, parce que tout aussi prestigieux soit-il, le maillot arc-en-ciel, tout seul, n’aurait pas suffi face à la très grosse saison de Julian Alaphilippe. En vérité, Valverde nous a ainsi fait du Valverde : vainqueur du Tour de Catalogne avec deux étapes en prime, deuxième de la Flèche Wallonne, cinquième et vainqueur de deux étapes d’une Vuelta qu’il a bien cru pouvoir remporter jusqu’au bout. Au total, pour le Murcian, cela fait donc quatorze victoires, deuxième total le plus élevé du peloton, derrière Viviani et à égalité avec Groenewegen. Mais c’est aussi le meilleur bilan de sa carrière après sa saison 2004, où il avait décroché quinze succès.

Peut-être la dernière fois

Alors à y regarder de plus près, on notera que Valverde a parfois profité d’épreuves de seconde zone, surtout chez lui en Espagne, pour soigner ses statistiques. Six de ses quatorze victoires ont été obtenues sur des épreuves non-World Tour. D’ailleurs, sans ce titre mondial après lequel il courait depuis si longtemps, 2018 ne serait même pas parmi ses meilleures années. Mais c’est aussi parce que le garçon nous a habitué à l’excellence tout au long de sa carrière que l’on en vient à considérer son dernier exercice comme presque normal. « Je ne suis pas surpris par ce qu’il fait cette saison, nous confiait au printemps Yvon Ledanois, son directeur sportif de 2008 à 2012. Je serai surpris le jour où il aura une approche différente, qu’il ne sera plus ce gamin de 18 ans qui veut tout révolutionner, tout casser. »

Au printemps, quelques petites choses ont changé, malgré tout. Il n’a remporté aucune des trois classiques ardennaises et sur la Flèche Wallonne, où il était invaincu depuis quatre ans, il a été battu par Julian Alaphilippe. Une petite révolution. On a parlé de passation de pouvoir, de passage de témoin. C’était plutôt attendu, parce que depuis l’avènement du Français il y a trois ans et demi, on se doutait que ce serait lui qui mettrait un terme à la domination de Valverde. Mais quand arrive le moment, tout le monde se retrouve perturbé. Comme si personne, jusque-là, ne s’était fait à l’idée que l’Espagnol puisse être vaincu sur son territoire, sur « sa » classique. La suite, pourtant, devrait aller dans ce sens, parce qu’Alaphilippe est sur la pente ascendante quand Valverde, au mieux, essaie de ne pas régresser. Mais pour cette année au moins, c’est l’aîné qui reste le meilleur puncheur du peloton.

Selon vous, qui est le puncheur de l'année 2018 ?

Voir les résultats

Alejandro Valverde
27pts
Julian Alaphilippe
23pts
Michael Woods & Michael Valgren
3pts
valverde portrait

Alejandro Valverde

38 ans, Espagnol, Movistar

14 en 2018
Classement UCI : 1

valverde fleche

Flèche WallonneDeuxième

2013C'est la première fois depuis 2013 que Valverde est battu au sommet du Mur de Huy

Vuelta Espana 2018; Etapa 21 Alcorcon – Madrid .100;9 Km ; Domingo 16/09/2018

Tour d'Espagne5e du général et vainqueur de 2 étapes

9C'est la 9e fois en 12 participations que l'Espagnol termine dans le top 5 de la Vuelta

valverde mondiaux

Championnat du MondeVainqueur

6Le Murcian a terminé six fois sur le podium des Mondiaux avant de finalement l'emporter

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