La fin d’étape de vendredi, vers Naturlandia, avait donné quelques signes annonciateurs. Celle de ce samedi, pour la dernière explication entre favoris à La Gallina, a confirmé les inquiétudes. Alejandro Valverde, encore candidat plus que crédible au maillot rouge il y a 48 heures, a tout perdu dans la ligne droite finale. Il sera cinquième à Madrid.

Éjecté sur le gong

« Nous ne devons pas renoncer. […] Gagner la Vuelta n’est pas impossible. » Vendredi soir, Alejandro Valverde se voulait encore optimiste. Pourtant, il venait déjà de perdre gros. Alors qu’il pointait quelques heures plus tôt à seulement vingt-cinq secondes du leader Simon Yates, il venait d’être repoussé à plus d’une minute trente, sur une étape où on l’imaginait à l’inverse passer à l’offensive et mettre le Britannique en difficulté. C’était le signe, en réalité, qu’il était à bout de souffle, et ce samedi pour la dernière étape de montagne, il n’a pas renversé la vapeur, bien au contraire. Le contrecoup, peut-être, d’un été ultra chargé, pour un homme de 38 ans qui doit faire un peu plus attention que les autres à son programme de course. S’il n’a pas couru le Tour de France avec l’objectif de le remporter, il y était encore troisième du général à la mi-course, et ça lui a forcément coûté pas mal d’énergie.

Il s’est ensuite mis à la planche pour Mikel Landa et Nairo Quintana, ce qui n’était pas beaucoup plus reposant, avant d’entamer la Vuelta sans round d’observation. Vainqueur dès la deuxième étape, à Caminito del Rey, Valverde ne s’est pas vraiment ménagé et c’est peut-être son erreur. Là où les autres sont montés en puissance petit à petit, lui est arrivé déjà en pleine possession de ses moyens à Malaga. Parce qu’il ne supporte pas de ne pas pouvoir jouer la gagne sur chaque étape. Mais c’est en partie ce qui lui a coûté des grands tours dans le passé, et ne l’a pas aidé non plus cette année. Si prendre le maillot rouge était presque impossible depuis une semaine avec la forme tenue par Simon Yates, il ne s’en est fallu que de deux jours pour qu’il conserve sa deuxième place au général – et d’un seul pour rester sur le podium. Or il n’avait plus fait aussi bien depuis 2012, année du fameux affrontement à trois avec Alberto Contador et Joaquim Rodriguez.

Une Vuelta réussie, quand même ?

Certains diront qu’une cinquième place, à son âge, est déjà un exploit retentissant. Mais Alejandro Valverde ne court pas après ça. Il oubliera vite cet accessit, lui qui était déjà rentré huit fois dans les cinq premiers d’une Vuelta. Pourtant, il aurait bien quelques points positifs à retenir : il a fait tourner en sa faveur le duel interne avec Quintana, que l’on imaginait plus fort au départ ; il a de nouveau rayonné sur un Tour d’Espagne, après son absence en 2017 et trois semaines passées davantage dans l’ombre en 2016 ; et plus important encore, il a peut-être trouvé celui qui lui succèdera, ces prochaines années sur les grands tours, en tant que représentant espagnol dans le haut du tableau. Enric Mas, qui a si souvent calqué sa course sur celle du Murcian, est la révélation de cette Vuelta. Il devra juste se souvenir que courir comme Valverde, sur trois semaines, n’aboutit que rarement. D’ailleurs, à La Gallina, c’est en faisant sa propre course, loin devant son aîné, qu’il est allé chercher une victoire d’étape et la deuxième place du général.

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