Au moment de choisir nos favoris pour la prochaine Vuelta, Rigoberto Uran n’est pas apparu comme une évidence. Son résultat sur le Tour de France 2017, deuxième à 54 secondes de Christopher Froome, nous oblige, quand même, à le faire entrer, de justesse, dans cette liste. Même s’il paraît de plus en plus difficile de le voir enfin triompher sur une course de trois semaines.

Uran en terres hostiles

En cinq participations au Tour d’Espagne, Rigoberto Uran n’a réussi à décrocher qu’un seul top 10. Il y en a un an, le Colombien terminait la Vuelta à la 7e place du classement général, à plus de six minutes du vainqueur Simon Yates. En dehors de ça, le coureur expérimenté, 32 ans désormais, a toujours terminé au-delà de la 20e place. Les terres espagnoles ne sourient pas au grimpeur de l’équipe Education First. Pourtant, cette année doit être différente, d’après lui. Rigoberto Uran vise un podium et une victoire d’étape sur la Vuelta pour compenser la déception de son Tour de France – où l’on n’attendait pas beaucoup mieux, cependant. « Nous nous sommes battus jusqu’au dernier jour, nous avons terminé dans les 10 premiers, mais ce n’était pas ce à quoi nous nous attendions, déclarait-il à Paris. Je pense que la Vuelta est une bonne possibilité, cela me rend très heureux d’envisager de monter sur le podium. »

On n’y est pas encore, et pour réussir son pari, Uran devra faire beaucoup mieux qu’au mois de juillet. Avant le Tour, déjà, on ne le citait pas parmi nos favoris, et il n’a pas vraiment marqué de points, depuis. L’aîné des Colombiens était bien loin du niveau d’Egan Bernal ou même de Nairo Quintana, derrière lui à Paris mais vainqueur d’une étape. En fait, “Rigo” comme l’appellent ses fans, peut encore compter sur son statut, celui d’un coureur monté deux fois sur le podium du Giro, il y a bien longtemps, et sur celui de la Grande Boucle, un peu plus récemment. Mais ça ne suffira pas éternellement, et surtout, ça n’a jamais fait gagner personne.

Frais, il peut créer la surprise

Reste que le bonhomme a quelques arguments. Seulement 40 jours de course depuis le début de la saison, Rigoberto Uran a très peu couru cette année. Longtemps écarté du peloton après sa chute sur Paris-Nice, où il s’est cassé la clavicule, le Colombien a fait sa rentrée au mois de mai, à l’occasion du Tour de Californie, avant la Route d’Occitanie et donc le Tour de France, où il s’est classé quatrième du contre-la-montre de Pau, septième au Tourmalet, sixième à Val Thorens. Pas de coup d’éclat, mais une montée en puissance, diront les plus optimistes.

Uran aurait ainsi bouclé le Tour sans être à plat, avec encore un peu de fraîcheur. De bon augure, peut-être, pour la Vuelta, quand d’autres candidats arriveront nettement plus émoussés au départ de Torrevieja. Il faudra alors savoir profiter des étapes accidentées pour faire des écarts à chaque fois que ce sera possible. Emmené par ses équipiers Sergio Higuita et Daniel Martínez, le leader d’Education First ne sera pas tout seul, mais ce sera sans doute un peu léger en haute montagne, où certains équipes comme Astana, Jumbo-Visma et Movistar, fortes d’un co-leadership, pourront compter sur plusieurs coureurs. Uran, à ce moment-là, se contentera sûrement de suivre du mieux possible. C’est sa façon de faire et elle pourrait le mener jusqu’au podium. C’est si souvent arrivé ailleurs.

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