Egan Bernal, vainqueur du Tour de l’Avenir et du Tour de France, est un formidable ambassadeur. Mais il n’est pas le seul vainqueur de l’épreuve espoir à avoir confirmé par la suite. Denis Menchov, Nairo Quintana, Esteban Chaves ou Miguel Angel Lopez ont remporté des grands tours, ou au moins décroché des podiums, alors que des garçons comme Warren Barguil, Marc Soler ou David Gaudu ont déjà obtenu de beaux résultats, en attendant la suite. Mais d’autres lauréats, malgré tout, ont rapidement basculé dans l’anonymat après leur succès. Retour sur quatre d’entre eux.
Sylvain Calzati, disparu des radars
Vainqueur du Tour de l’Avenir en 2004, Sylvain Calzati ne tarde pas à inscrire son nom au palmarès de la Grande Boucle. En 2006, parti en échappée vers Lorient, avec quatre autres coureurs, le jeune français s’impose finalement en solitaire. Ce jour-là, le coureur d’AG2R, 27 ans déjà, impressionne. Sa victoire est prestigieuse, agrémentée de panache. Un nouveau grand baroudeur tricolore était né, pouvait-on penser. On s’était trompés. Sylvain Calzati ne connaîtra jamais d’aussi grand coup d’éclat, dans la suite de sa carrière. Recruté en 2010 par la toute nouvelle équipe Sky, il aurait pu connaître le succès sur le Tour de France, comme équipier du moins, auprès du premier vainqueur de l’écurie britannique, Bradley Wiggins. Mais il n’est pas resté assez longtemps pour ça, une seule petite saison. Il termine sa carrière en 2011 dans l’équipe Bretagne-Schuller, sans avoir jamais intégré le gotha du cyclisme mondial.
Moisés Dueñas, un contrôle qui change tout
Avec une Vuelta dans les jambes, sur laquelle il avait notamment terminé neuvième de l’étape d’Avila, Moisés Dueñas avait déjà mis un pied chez les professionnels avant d’aller remporter le Tour de l’Avenir, en 2006. L’Espagne, qui a déjà Valverde et pas encore tout à fait Contador, pense alors tenir un phénomène. Mais ses deux années chez Agritubel sont moyennes et en 2008, sous le maillot de Barloworld, sa carrière prend un tournant définitif. Censé accompagner Mauricio Soler en montagne, sur le Tour de France, il prend les rênes après l’abandon du Colombien. Sixième à Superbesse, huitième à Hautacam, il se montre fort. Un peu trop. A mi-course, il est exclu par son équipe à la suite d’un contrôle positif à l’EPO. « Duenas m’a un peu surpris dans la première arrivée en montagne, je ne l’attendais pas à ce niveau, tout s’explique maintenant, réagit son ancien directeur sportif, Emmanuel Hubert. Il est vrai qu’il a un certain talent de grimpeur, mais c’était très étonnant de le voir dans les premiers. » Après cet épisode, Moisés Dueñas tentera de se relancer, mais peu de monde lui fait confiance. Il attendra quatre ans pour retrouver une équipe professionnel, en Continental, où il finira sa carrière dans l’anonymat.
Jan Bakelants, des chutes à répétition
La carrière du Belge a fière allure. Vainqueur en solitaire de la deuxième étape du Tour, en 2013, et maillot jaune pendant deux étapes, Jan Bakelants a marqué les esprits. Une sorte d’accomplissement, quoi qu’on en dise, pour un garçon élu meilleur jeune cycliste belge en 2008, l’année de son sacre au Tour de l’Avenir. Mais depuis son départ d’Omega Pharma-Lotto pour la formation AG2R, sa progression a été stoppée. La faute, peut-être, à la malchance. Plusieurs chutes sont venues le perturber, la dernière en date sur le Tour de Lombardie 2017. Pour Bakelants, le bilan est lourd, sept côtes et quatre vertèbres cassées qui nécessitent une opération urgente. « J’ai été mis de côté et cela a commencé dès le soir de la chute, a dénoncé l’ancien coureur de Vincent Lavenu, désormais membre de la formation Sunweb. Personne ne s’est assuré de la gravité de la situation, tout le monde est rentré chez soi. » Après une longue période de convalescence, Jan Bakelants a vécu une saison 2018 très compliquée, ce qui l’a poussé à signer ailleurs l’hiver dernier.
Rubén Fernández, l’équipier modèle
Vainqueur du Tour de l’Avenir en 2013, Rubén Fernández n’a pas encore confirmé avec les professionnels. Pourtant, à l’époque, l’actuel coureur de Movistar avait battu des jolis noms, parmi lesquels les frères Yates, Alaphilippe ou Buchmann. Mais quand ses anciens adversaires accumulent les résultats chez les grands, l’Espagnol, lui, se retrouve cantonné à un rôle d’équipier après avoir montré ses limites sur les courses par étapes. Passé pas loin d’une victoire d’étape sur le Tour d’Espagne, en 2016 – deuxième de l’étape s’achevant au sommet du Mirador d’Ezaro, derrière Alexandre Geniez -, Fernandez court encore après son premier succès chez les professionnels. Il espère y remédier en apportant du changement à sa carrière. Cet hiver, il devrait quitter Movistar, où il est depuis 2015, afin de rejoindre Arkéa-Samsic en compagnie de Nairo Quintana. Sur les terres françaises, peut-être retrouvera-t-il les sensations qui lui avaient permis de remporter le Tour de l’Avenir.
Quand je pense au Tour de l’Avenir, j’ai une petite pensée pour Romain Sicard. Le pauvre, il n’est même pas cité dans votre article ;)
Et pour lui, la déception est encore plus grande, parce qu’il a eu le bon goût d’être champion du monde espoirs dans la foulée de son Tour de l’Avenir victorieux
Nous avons pensé à le citer, on ne l’a pas fait parce qu’on a jugé que son histoire avait été racontée déjà des dizaines de fois.
Un peu paradoxal de commencer cet exenlent article en commencant par Bernal. Je ne connait pas la suite du programme de l´interessé: Ineos le met elle sur la Vuelta ou fin de saison pour refaire du jus ?
A ces pertes tragiques pour le cyclisme Belge est venu s’ajouter le départ d’un immense champion, Felice Gimondi. Bien sûr, ces tristes faits ne sont pas comparables car les premiers appartenaient à l’avenir quand ce dernier était depuis longtemps au Panthéon de l’histoire cycliste. Mais la tristesse est également immense. Ce qui nous soulagera peut-être, c’est que Gimondi avait trouvé son héritier, presque son fils spirituel : Vincenzo Nibali. Les similitudes sont étonnantes dans le parcours de ces deux champions. Une victoire dans chacun des trois grands tours (ils ne sont que sept à avoir réussi cet exploit), deux tours de Lombardie et un Milan-Sanremo, courses si chères aux coureurs Italiens, deux championnats d’Italie, quatorze étapes de grands tours ! Et surtout, la même classe sur la route et en dehors. Le cyclisme Italien est triste mais n’est pas orphelin. Il est d’ailleurs probable que Nibali ait pour guide, pour ambition même, d’égaler son illustre ainé. A comparaison stricte des deux palmarès, il ne reste plus beaucoup d’écart. Un autre « monument » comme le Paris-Roubaix de 1966 que Gimondi avait remporté de haute lutte (Nibali a toujours dit que la victoire à Roubaix était un rêve pour lui); un… Lire la suite »
Gimondi fut aussi très proche de Pantani.
Lorsque Calzati remporte le Tour de l’Avenir en 2004, à 25 ans, la course n’est pas encore réservée aux coureurs espoirs. Son cas est donc un peu différent des autres.