Depuis plusieurs mois, Julian Alaphilippe est le numéro un mondial. Le meilleur représentant d’un cyclisme français revenu sur le devant de la scène, lui aussi au sommet des classements, actuellement, même si une victoire finale sur trois semaines continue de se faire attendre. On fait le point, en chiffres, sur l’évolution du cyclisme bleu-blanc-rouge au XIe siècle.
Après la génération Voeckler-Chavanel, un trio émerge
Mise à part, la quatrième place de Christophe Moreau sur le Tour de France, en 2000, le début du siècle n’est pas brillant pour les Français. Devant sa télé, le public attend avec impatience l’éclosion de jeunes talents. Sylvain Chavanel et Thomas Voeckler furent les premiers à sortir du lot. En 2011, Sylvain Chavanel montre à tout un peuple qu’il est capable de jouer les premiers rôles sur un monument, en terminant deuxième du Tour des Flandres. Quelques mois plus tard, Thomas Voeckler porte le maillot jaune pendant dix jours sur le Tour de France, et termine quatrième à Paris. Mais il faut encore attendre quelques années pour voir les Bleus monter sur le podium du Tour et remporter des monuments. Cela viendra avec la génération suivante, d’abord sur trois semaines (Pinot 3e du Tour en 2014, puis Bardet sur la boîte en 2016 et 2017), puis sur les grandes courses d’un jour (Démare sur Milan-Sanremo en 2016, suivi de Pinot en Lombardie et Alaphilippe à Sanremo).
Reste cette victoire finale qui ne vient pas, ni sur le Tour de France ni ailleurs, lorsqu’on évoque les grands tours. Et la disette sur les courses d’une semaine, où la victoire de Christophe Moreau, sur le Dauphiné 2007, semble bien loin. Trop limités en contre-la-montre, sans doute, les leaders Français peinent à concrétiser sur cet exercice si particulier. Depuis dix ans, il n’y a que des podiums à se mettre sous la dent : Vichot sur Paris-Nice, Péraud sur la même épreuve ainsi qu’au Pays-Basque, Riblon en Pologne, Chavanel au Benelux, Bardet à deux reprises sur le Dauphiné, Pinot sur Tirreno-Adriatico, en Romandie et en Pologne, Warren Barguil sur le Tour de Suisse, Pierre Latour en Catalogne ou David Gaudu sur le Tour UAE.
Un vivier de leaders
La génération actuelle est portée par de nombreux coureurs, des sprinteurs, des grimpeurs, des puncheurs. Mais il est trois noms, malgré tout, qui se détachent de la masse : Thibaut Pinot, Romain Bardet et Julian Alaphilippe. C’est par eux que sont arrivées les plus beaux résultats du cyclisme français, ces dernières années, même s’il faudrait ajouter Arnaud Démare et Nacer Bouhanni pour être quasiment exhaustif. Depuis l’année dernière, Alaphilippe mène la troupe française. A lui seul, il a ramené plus de 25% des points UCI dcrochés par des coureurs français depuis janvier 2018, ce qui lui vaut notamment d’être l’actuel numéro un mondial.
Un nombre de victoires en trompe l’œil
Si les premières années tricolores dans ce qui s’appelait à l’époque le Pro Tour (ancêtre du World Tour) n’ont pas été simples, depuis une grosse dizaine d’années, on n’observe pas d’énorme progression. Pourtant, les chiffres ne disent pas tout. Toutes les victoires, en effet, ne se valent pas. Les victoires de Julian Alaphilippe sur Milan-Sanremo, les Strade Bianche, la Flèche Wallonne et le Tour de France, combinées à celles d’Arnaud Démare sur le Giro et de Thibaut Pinot sur le Tour, valent cher, très cher, et ne sont pas à classer dans la même catégorie que les échappées parfois victorieuses, ces dernières années, où qu’elles aient eu lieu. C’est d’ailleurs ce qui fait de la France, à l’heure actuelle, la première nation au classement UCI. En clair, il faut savoir gagner quand ça compte.
Comme dit dans l’article, reste le classement général des courses à étapes et notamment des grands tour où on est à la fois proche et loin. Surtout sur le Tour où pour gagner sans être chez Ineos relève presque d’un miracle.
Pinot est capable de remporter des courses d’une demaine comme Paris-Nice, Tirreno, la Catalogne ou le P-Basque s’il les cible vraiment. C’est encore plus vrai pour Alaph qui est meilleur clm. Quand on voit ce dont est capable Julian sur La Planche ou le Tourmalet, je ne vois plus ce qui pourrait l’empêcher de cibler le CG des courses à étapes. Quant à Thibaut, il devrait réfléchir à courir Liège qui pourrait lui convenir. Il suffit de voir les caractéristiques du dernier vainqueur.
C’est difficile aussi pour les flandriennes où il est même assez difficile d’imaginer des lendemains meilleurs… (à moins qu’Alaphilippe nous fasse une Gilbert)
Pour les flandriennes, je miserais plus qur Sénéchal que sur une transformation d’Alaphilippe
concernant le sprint, soyons objectif, en France nous n’avons plus personne, coquard, Laporte, Bouhanni, Demare sont maintenant des sprinters de second voir de troisième rang
Pour moi, le Tour des Flandres est dans les cordes d’Alaf et il pourrait même déjà y jouer la gagne en 2020. Gilbert y est bien parvenu, Valverde n’a pas été ridicule pour son premier Ronde cette année. Il a au moins le niveau de ces deux coureurs et il sait s’adapter aux courses et à ses faits, il suffit de regarder le dernier Tour pour le voir là où on ne l’attendait pas spécialement. Sa classe et son talent peuvent, aisément, le propulser aux premières places.
Le plus gros danger pour lui restera la nouvelle génération émergente sur les Flandriennes, il faudra se défaire de VanderPoel, Van Aert, Politt (sauf s’il fait le jump jusque chez Deceuninck auquel cas, il deviendrait un rival interne) et même si son équipe sera hyper forte, il y aura de la concurrence en interne avec Stybar, Evenepoel, Asgreen, Lampaert, Sénéchal (et Gilbert n’est pas encore officiellement parti même si on pourrait imaginer dans le cas de figure où il resterait qu’Alaf se mette à plat à San Remo pour Phil et qu’il reçoive sa précieuse aide pour le Ronde).
Profitons bien de ce trio Alaf Bardet Pinot :
– les Démarre et Bouhanni sont déjà débordés par la nouvelle génération de sprinteurs, ce qui est normal dans cet exercice où les jeunes sont plus véloces
– la génération suivante Gaudu Madouas Latour est correcte mais un voire deux crans en dessous
– les futurs pro français ont été largement dominés chez les espoirs et les juniors
Il est vrai que les juniors français n’ont pas terminé sur le podium de la Coupe des Nations depuis 2016 mais les espoirs restent sur trois podiums consécutifs dont une victoire.
Je pense cependant qu’il faut rester prudent concernant les résultats chez les espoirs et à plus forte raison chez les juniors. A la lecture des classements jeunes en Coupe de Nations, on pourrait penser que la France domine le cyclisme mondial depuis 10 ou 15 ans, or ce n’est pas le cas. Un grand nombre de coureurs performants en Juniors ne confirme pas par la suite. Il suffit de penser aux champions du monde juniors Le Gac (2010), Lecuisinier (2011) ou Bokeloh (2014) pour s’en convaincre.
Les résultats chez les espoirs sont plus significatifs mais ne garantissent rien non plus. Sicard, Ledanois, Bystrom ou Fernandez Andujar peuvent en témoigner.
Alaphilippe y est pour 80%
Ne nous emballons pas
Certes, mais ne boudons pas notre plaisir. Il faut se souvenir qu’il y a 10-15 ans, Voeckler et Chavanel, chefs de file du cyclisme français gagnaient à eux deux en 5 ans ce qu’Alaf gagne en une saison. Et je ne parle pas de la qualité des courses ! Une échappée victorieuse dans Paris Nice avait plus de retentissement que la victoire dans San Remo cette année !
Et puis c’est pas comme si la France avait gagné 3 monuments en quatre ans avec trois coureurs différents…
En effet, savourons, le renouveau du cyclisme français fait plaisir à voir. De toute façon, chez toutes les grandes nations ou presque, on pourrait faire le constat que les grandes victoires sont principalement le fait de deux ou trois coureurs.
– Les Pays-Bas ? Groenewegen, Dumoulin, Van der Poel.
– L’Italie ? Nibali et Viviani. Voire Trentin. Plus Aru quand il est en forme (c’est à dire pas très souvent ces derniers temps).
– La Grande-Bretagne ? Les frères Yates, Froome et Thomas.
– L’Espagne ? Surtout Valverde et Landa. Voire Enric Mas. Plus Soler (mais qui est souvent équipier).
– L’Allemagne ? Ackermann, Buchmann et Schachmann. Voire Degenkolb.
En terme de densité, pour moi les pays qui se détachent vraiment sont la Belgique et la Colombie. La France n’a pas du tout à rougir face aux autres pays sur ce point.
Exactement ! J’ajouterai même que les belges ne brillent que sur les classiques, les anglais et les colombiens que sur les courses par étapes. A part les pays bas personne ne gagne sur tous les terrains.
2011 marque vraiment un tournant. En plus de Chavanel aux Flandres et Voeckler sur le Tour, on a John Gadret sur le Giro (4eme puis 3eme) et Pierre Roland qui gagne à l’Alpe d’Huez devant Contador. Les Français jouent aujourd’hui les premiers rôles et ça fait du bien après les années de vaches maigres post-Jalabert (2003-2010).