Sur le dernier Giro, Pavel Sivakov s’est révélé au grand public. Ces derniers jours sur le Tour de Pologne, le jeune franco-russe a confirmé l’étendue de son talent en remportant sa première course à étapes World Tour. Disposant de la double nationalité depuis 2017, le garçon de 22 ans pourrait devoir faire, prochainement, un choix crucial pour la suite de sa carrière. En attendant, il coche les cases rapidement, comme un coureur d’Ineos se doit de le faire.
Un homme de trois semaines
1m88, 70 kilos. Pavel Sivakov fait partie, sur le papier, des nouveaux rois des grands tours, ceux que l’on nomme les rouleurs-grimpeurs. Ces garçons, menés par Froome, Thomas, Dumoulin et bientôt Roglic, peut-être, qui trustent les victoires sur les courses de trois semaines. Pavel Sivakov n’a qu’un but : rejoindre le même club. Successivement lauréat de la Ronde de l’Isard, du Baby Giro et du Tour du Val d’Aoste en 2017, il avait, cette année-là, assommé la concurrence et envoyé un message plein de promesses. Il ne lui aura fallu qu’une année d’apprentissage chez les pros pour ensuite confirmer. Dès sa deuxième saison au sein de la formation Ineos, le vainqueur du Tour des Alpes, neuvième du Giro et tout récent vainqueur du Tour de Pologne, impressionne. Vincenzo Nibali se souvient certainement de l’étape reine du Tour des Alpes, celle qui a vu éclore, dans le brouillard et le froid glacial, le jeune franco-russe. Ce jour-là, dans l’ascension principale du col de Monte Giovo, Sivakov s’est d’abord maintenu dans le groupe des favoris, pour ensuite prendre un peu d’avance dans la descente, avant de placer une puissante accélération afin de décramponner ses derniers adversaires et s’offrir son premier sacre chez les grands.
Chez Ineos, Dave Brailsford et Nicolas Portal ne manquent pas de superlatifs pour évoquer leur nouvelle pépite. « Pavel dépasse les attentes, il était venu ici pour apprendre comment performer sur une épreuve de trois semaines et il termine son deuxième grand tour avec un Top 10 », se réjouissait le manager britannique après le Giro. Nicolas Portal parle, lui « d’un garçon calme, tout en contrôle ». Des qualités qui lui ont permis de briller dès ses débuts au sein de la formation Culture Vélo, une équipe formatrice dans le sud-ouest. « En dehors du vélo, Pavel, c’est quelqu’un de très discret qui aime sa tranquillité, nous confie Fabien Cuesta, lui aussi membre de l’équipe Culture Vélo à l’époque. Avec nous, c’était un vrai patron, dès qu’il avait coché une course, on se devait d’assurer car il ne voulait rien laisser à personne. C’est l’exemple type du gagnant. »
Nationalité russe ou française ?
Reste quelques zones d’ombres, et pas des moindres. Les commentateurs préfèrent l’annoncer comme le plus Français des Russes. Mais pour Pavel Sivakov, ce choix se révèle être un vrai casse-tête. Ses racines sont en Russie, où sont nés ses parents, mais son amour pour le vélo, lui, a pris naissance en France, d’abord en région parisienne, où courait son père Alexei, puis en Haute-Garonne, où il a pris sa première licence. « C’est sûre que l’équipe de France est bien mieux structurée et bien plus professionnelle que la sélection russe, explique celui qui a la double nationalité depuis septembre 2017. Même sportivement, les deux championnats nationaux n’ont rien à voir : au championnat de France, il y a du niveau, du public, un beau circuit… Mais d’un autre côté, les sélectionneurs français ne m’ont jamais contacté et surtout, c’est plus dur d’être sélectionné en équipe de France qu’avec la Russie. »
Résultat, le bonhomme s’est mis en tête de préparer les Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020, sous drapeau russe. Car un changement d’équipe nationale le contraindrait à une “suspension” de deux ans, qui le condamnerait pour la prochaine épreuve olympique, sans aucune certitude d’avoir de nouveau l’occasion, à l’avenir, de participer à un tel rendez-vous. Et après ? Après, il aura 23 ans et une histoire avec la sélection russe, ce qui rendra plus compliqué, sans doute, un transfert vers l’équipe de France. Mais en se fixant l’objectif de Tokyo, il s’est offert un peu de répit, un an, au moins, avant que le sujet ne revienne sur la table. C’est largement assez pour refaire parler de lui sous le maillot qu’il porte le plus, celui d’Ineos.
Je ne comprends pas comment la fédération française n’a pas mis tout en branle pour le récupérer… C’est un talent comme on en a peu et il est plutôt bon en chrono en plus.
Justement, parce qu’il est “plutôt bon en chrono”.
Je ne sais pas pourquoi mais je ne crois pas beaucoup en ce coureur et je ne le vois pas faire mieux que un top5 en grand tour .Je ne lui vois pas un grand potentiel et le voit faire une carrière à la van garderen. Néanmoins par sa complémentarité il peut faire de belles choses .
Mais chez Ineos, Luke Rowe peut faire Top 5 d’un Grand Tour, alors Pavel Sivakov, il les gagnera bien d’une façon ou d’une autre!
Non, trêve de mauvais esprit, c’est un coureur très talentueux, qui a montré sur le Giro qu’il faudrait peut-être aussi compter sur lui en haute-montagne, pas autant qu’un Bernal, mais qui sait?
“A la Van Garderen”, c’est carrément méchant pour le jeune franco-russe… ;)
Pas autant qu´un Bernal en haute montagne oui. mais a voir sur la durée si la courbe de progression effarante du colombien n´a pas pris un coup de chaud, n´entre eventuelement pas dans une zone de relachement et ne s´affaisse pas ” à la Quintana” puis comment celle de Sivakov peut continuer à évoluer .
Oui je le sens comme ça aussi sans aller jusqu’à une quasi régression façon Quintana, je ne suis pas sûr que la marge de progression sur le plan physique pour Bernal soit encore grande. Je le pense juste plus mature physiquement que les jeunes de son âge.
oui certainement plus précoce comme apriori la plupart des colombiens; mais aussi et surtout chez Sky/Ineos, beneficiant d´une enorme equipe, d´ une préparation hors norme, d´un encadrement qui optimise en jouant dans l´ombre avec avec certaines limites, et d´un concour de circonstances favorables sur le Tour. Remarques que Froome Absent, Quintana gagnait aussi le Tour de France à l´epoque ou il voltigeait en montagne; je crois qu´il y termina 2 fois second derrière le mutant .
Je me souviens, enfant, de son père sur le Tour avec Big Mat. Il était très à la peine sur les étapes de montagne.
Depuis le temps qu’on attend un Français victorieux d’un G.T; si Sivakov réussit là où les autres de sa génération échouent, ce serait très frustrant. Je pense qu’il restera russe; c’est en tout cas le choix que je ferai à sa place. C’est aussi une bonne chose sur le cyclisme russe qui n’a pas grand monde en rayon en ce moment.
Il restera russe? il est francais et russe, quelque soit la couleur de sa licence. Il a vecu toute sa vie en France, il a ete formé au cylisme en France, donc oui, il s’agit bien d’un coureur francais ET d’un coureur russe!
Vu la pauvreté de bons coureurs en france, on cherche à naturaliser les etrangers qui marchent: fallait deja e”ngager Alaphilippe quand il n’avait personne en france pour s’en occuper, il a falllu que ce soit une equipe belge qui l’engage….ça fait raler, non?
Siviakov n’est pas un étranger, il a la double nationalité et a vécu toute sa vie en France.
Le sentiment d’appartenance demeure une affaire privée relevant de l’intime.
Maintenant il y a sa nationalité sportive, il ne peut y en avoir qu’une seule et elle est russe et c’est cela que les instances et le grand public retiendront.
Ils ne sont pas rares les sportifs ayant été confrontés à la situation de Sivakov.
Son choix d’équipe nationale le regarde. Je retiens juste qu’Adrien Costa était dans la situation inverse de Sivakov : de parents français mais ayant grandi aux États-Unis. Et il avait lui aussi choisi de ne pas courir pour la France. Probablement que la fédé américaine avait été plus active. Le cyclisme français a dû considérer qu’on avait déjà bien assez de cracks…
Encore un nom à rajouter à la longue liste de futurs jeunes cadres du cyclisme. Il n’a pas peut-être pas le talent précoce d’un Pogacar, Bernal ou Evenepoel mais il suit une progression linéaire qui mérite de retenir toute notre attention, je le vois également en style rouleur-grimpeur à la Remco contrairement aux deux premiers cités qui sont des grimpeurs sachant rouler. Ca nous promet de beaux combats avec ces quatres-là auxquels ils faudra ajouter, à des niveaux moindres mais tout aussi intéressants : Gaudu, Vanderpoel (s’il décide de se lancer dans des aventures de 3 semaines), Carapaz, Higuita, Ardila, Kemna, Mas.
A voir leur vitesse de progression fulgurante, ils pourraient rapidement nous faire oublier les Dumoulin, Thomas, Landa, Froome, Roglic, S. Yates, Kruijswijk, Pinot.
Oui, il est talentueux, en même temps, il est chez Ineos, les coureurs marchent chez eux.
D’un point de vue tactique, il a intérêt à rester russe. Ce sera plus facile pour être en équipe nationale, la concurrence étant moins rude.
C’est clairement une erreur de la FFC de ne lui avoir fait aucune proposition
Et des équipes pro françaises aussi !
Formé en France, puis recruté par la réserve de la BMC puis par Ineos…
Avec le recul, maintenant, je me dis qu’il en est bien mieux ainsi pour lui.
@Robinson, c’est un peu gonflé de le comparer à Van Garderen ?
Quel était le palmarès de Van Garderen à 22 ans ?
Et, sans être provocateur, je préfèrerais largement avoir le palmarès de Sivakov à 22 ans que celui de Van Garderen à 31 ans !
3ème du Dauphiné, ce n’est pas si mal
Les équipes pro françaises ne pouvaient peut-être pas se le payer, mais que le sélectionneur passe un coup de fil pour donner des garanties de sélections en équipe nationale ça ne coûte rien.
Enfin vu le profil de Siviakov l’équipe nationale n’a pas tellement d’importance pour lui vu qu’il ne sera que très rarement en mesure de lutter pour les championnats du monde.
Nous français on adorerait qu’il choisisse la nationalité française parce que ça ferait un espoir français de plus et un vria potentiel vainqueur de GT mais il changera pas de nationalité
Tout le monde ici semble confondre les notions de nationalité et de licence sportive! Il est francais et russe! le choix de sa licence russe fait qu’il ne peut pas courir pour l’équipe de France, mais en cyclisme contrairement à beaucoup d’autres sports, les équipes nationales ne comptent que très peu: il n’y a que le championnat du monde, les JO (tous les 4 ans) et le championnat d’Europe (qui est pour l’instant une course relativement mineure). Si Sivakov gagne un grand tour, ce sera bien un français qui gagnera, d’autant qu’il a toujours vécu en France (depuis qu’il a un an il me semble.
Ce ne sera pas l’avis des médias et suiveur dans le monde : si Sivakov gagne un GT, bien peu sauront son attachement à la France.
oui pas faux mais ca change quoi a la réalite?
Ça change qu’il a été formé par des bénévoles français, qui lui ont permis d’être repéré par l’équipe de développement de BMC. Ce travail des encadrants en France, ce serait bien qu’il soit publiquement reconnu, et cela passe par des stars qui réussissent.
Par ailleurs c’est la fédé qui réalise un travail d’encadrement et d’accompagnement des courses amateures comme des clubs. Elle ne roule pas sur l’or, doit quémander de l’argent à l’Etat, en argumentant sur son apport au rayonnement national. Je crains qu’elle ne puisse pas se vanter d’avoir mis des moyens permettant in fine les grandes victoires d’un « étranger »…
Ca rappelle le cas de luis Ocana plus français qu’espagnol malgre sa nationalité mais qui était pourtant extrêmement populaire en France
Mais cette question a t elle vraiment de l’importance ?
Juste un détail, mais les rouleurs grimpeurs ne sont aucunement des nouveaux rois des GT : ils sont dominants depuis très longtemps. Les Sky, Armstrong (sic), Indurain, Lemond, Hinault, Merckx, Anquetil… sont les coureurs les plus dominants dans le Tour et ecrasaient les grimpeurs en CLM. On a même vu Hesjedal ou Moser gagner le Giro… On peine d’ailleurs à trouver des vainqueurs récents du Tour en ayant lâché du temps face au chrono.
Vous parlez de rouleurs “nouveaux” rois, mais avec Bernal et Carapaz on a au contraire des vainqueurs moins rouleurs en 2019 !
sur les 20 derniere année, on a eu quand meme Quintana, Simoni, Basso, Garzelli, Savoldelli, Cunego et Scarponi sur le Giro, et Pantani, Sastre, Schleck sur le TDF, Aru, Horner, Valverde, Quintana, Yates, Heras sur la Vuelta.
tous ces courreurs sontdes purs grimpeurs ne sachant pas rouler. et je ne compte pas Contador et Nibali qui sont des fiuriclassé mais qui sont plus grimpeurs que rouleurs.
Valverde pur grimpeur ? Il a quand même été champion d’Espagne du chrono, a gagné quelques chronos dans sa vie, notamment au Dauphiné de mémoire. Horner aussi a gagné des chronos, notamment au Tour du Pays Basque, il a été second au championnat US CLM, et parmi les types que tu cites, nombreux sont ceux qui limitaient très bien (Contador, Nibali, Pantani…°
** Chris Horner prend 1min30 sur Nibal lors de sa vuelta victorieurse et pantani prend 4min20 et 2min30 sur Jan Ullrich en 98 au TDF
** Valverde gagne des CLM plutot valloné mais c plus un Puncheur/ grimpeur qu’un vrai coureurs de CLM
PS :meme Contador a Battu cancellara a Annecy lors du TDF 2009.
Bien sûr qu’il y en a ! Mais 3 ou 4 grimpeurs vainqueurs des 20 dernières éditions, cela ne permet pas de dire que les rouleurs-grimpeurs sont un phénomène émergent. Ni nouveau au regard des coureurs dominants depuis Anquetil.
Mais bon je disais en préambule que c’est un détail, on ne va pas y passer trop de temps, cela ne rendrait pas hommage à cet intéressant sujet.
Exactement ! Ce n’est pas pour rien que le CLM est appelé “épreuve de vérité”. La différence depuis quelques années, c’est que les purs grimpeurs n’arrivent pas à faire des écarts en montagne, en particulier à cause des trains type Sky et des coureurs comme Dumoulin qui ont une grande capacité à lisser leurs efforts pour ne pas se mettre dans le rouge.
Pavel Sivakov germinate EM San Donà di Piave, Veneto, Italy ?
Oui, il a effectivement germiné en Italie.