Le cyclisme est connu pour ses cinq monuments, mais il n’y a guère de course d’une journée plus prestigieuse que celle du Mondial. Cela tient à la récompense, ce maillot arc-en-ciel reconnaissable entre mille. Programmée à l’origine en Suisse, l’épreuve a été délocalisée sur le célèbre circuit automobile d’Imola, conséquence du durcissement des règles sanitaires chez les Helvètes. De quoi modifier un peu les pronostics.
Un air de Liège-Bastogne-Liège
Quand l’UCI a annoncé l’annulation des Mondiaux en Suisse, elle avait promis un parcours aussi dur que celui d’Aigle-Martigny. Sur le papier, on n’en est pas loin. Cette édition sera terriblement difficile avec plus de 4600 mètres de dénivelés positifs (contre 3800 pour le circuit suisse). La montée de Mazzolano (5,8 km à 5,9 %) et la Cima Gallisterna (2,7 km à 6,4 %) seront les deux principales ascensions au programme, avec en revanche des chiffres moins effrayants que le col de la Petite Forclaz initialement prévu (4 km à 10,2 %). Méfiance cependant, car les deux côtes, très rapprochées, cachent des passages sévères à plus de 10 %.
Des caractéristiques qui rappellent Liège-Bastogne-Liège. Et comme sur la Doyenne, nous assisterons certainement à une course d’usure, où le groupe des prétendants à la victoire finale s’amenuisera au fil des tours. Au sommet de la dernière ascension du parcours, il restera alors près de 12 kilomètres à parcourir jusqu’à l’arrivée, en descente et faux plat descendant, mais aussi certainement avec un vent contraire.
La Belgique favorite… mais derrière, beaucoup de prétendants
À ce jour, Wout van Aert est certainement le coureur le plus complet du peloton. Sur un tracé comme celui-ci, il peut gagner selon n’importe quel scénario : attaque en solitaire (comme sur les Strade Bianche 2020), sprint en petit comité (comme sur Milan-Sanremo 2020) ou sprint massif (deux fois sur le dernier Tour de France). Tout le monde le sait en grande forme et même s’il ne répond pas présent, la Belgique pourra miser sur Greg van Avermaet, toujours là dans les grands rendez-vous, voire Tiesj Benoot.
Davantage de questions entourent les autres favoris. Tadej Pogacar et Primoz Roglic, les deux Slovènes, sauront-ils collaborer après l’épisode final du Tour de France ? Jakob Fuglsang côté danois, vainqueur du Tour de Lombardie, ne s’est pas montré à son meilleur niveau sur Tirreno-Adriatico. Le jeune Marc Hirschi sort d’un Tour de France éprouvant où il ne s’est pas économisé, Alejandro Valverde se fait vieux et personne ne sait vraiment si Michael Woods a l’étoffe d’un champion du monde.
La France outsider, Alaphilippe en grande forme
Côté français, le Tour, qui aurait dû être la préparation parfaite pour les tricolores à une semaine des Mondiaux, a finalement mis sur la touche Romain Bardet (abandon sur commotion cérébrale) et Thibaut Pinot (touché au dos). Le sélectionneur Thomas Voeckler va donc miser sur Julian Alaphilippe, comme l’an passé. Et comme l’an passé, on annonce également de la pluie toute la journée de dimanche. « Je crains moins la météo que l’année dernière, dit en revanche Alaphilippe. C’est vrai qu’ils annoncent un peu de pluie, mais ce sera davantage un problème au niveau du parcours que d’un point de vue physique. J’ai bien géré ma semaine de récupération. Je suis rassuré par la reconnaissance du circuit. Il me correspond bien plus que celui d’Aigle Martigny. »
Contrairement aux deux dernières éditions, la France ne sera pas la nation favorite de ces Mondiaux. Elle n’aura pas forcément le poids de la course sur ses épaules. Elle pourra laisser cela à l’Espagne, le Danemark, l’Italie ou encore la Belgique. Un fait que confirme Thomas Voeckler : « Ce serait vendre du rêve de dire qu’on est favoris. » Pour la France, il faudra être patient, les cartouches ne seront pas nombreuses. « On a tout intérêt à être malin, à faire une course juste », dit Voeckler, mais Julian Alaphilippe rate très peu sa cible quand il est en jambes, ce qui semble le cas, au moins un peu plus que depuis deux ans. « Je suis sûr que physiquement et mentalement, il est beaucoup, beaucoup moins fatigué que l’an dernier », souligne le sélectionneur. Rassurant.
Les favoris de la rédaction
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Wout van Aert
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Tadej Pogacar, Julian Alaphilippe, Jakob Fuglsang
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Michael Woods, Vincenzo Nibali, Alejandro Valverde, Marc Hirschi, Michal Kwiatkowski, Primoz Roglic, Maxilimilian Schachmann, Alexey Lutsenko, Greg van Avermaet, Diego Ulissi, Tom Pidcock
La course sera diffusée sur Eurosport dès le départ à 9h50 et sur France Télévisions dès 12h50.
[📂 THREAD] #Imola2020 🌈
Comme pour les derniers Mondiaux (Innsbruck et Harrogate), je vais vous présenter le circuit en détails.Toutes les informations dans ce thread. 👇 pic.twitter.com/VaDKE4iZyE
— Renaud Breban (@RenaudB31) September 26, 2020
Croisons les doigts pour Alaph.
Il était moins fort sur le Tour que l’an dernier mais paradoxalement il en sort sans doute moins “rincé ” et peut être avec les réserves qui lui ont manqué les deux dernières années. En tous cas s’il met la balle au fond c’est cette année, le parcours 2021 sera plutôt réservé aux “flandriens”.
C’est vrai que c’est l’une de ces dernières chances avant… 2024 et Zurich ?
C’est fait ! Champion….
Et dire que quelqu’un a mis moins un, quelle lucidité !
Ce parcours me fait penser au Tour de Lombardie, encore plus qu’à LBL. Dans tout les cas, qui est le tenant du titre des deux courses ? Jakob Fuglsang… J’en fait mon favoris. Je mettrais bien une petite pièce aussi sur Nibali
Pour la comparaison avec le Tour de Lombardie, on n’a pas de côte aussi dur que le Sormano. C’est la répétition des deux côtes qui nous fait penser à la Doyenne.
Par contre, oui, Fuglsang va trouver ici un parcours taillé pour lui.
Si le parcours convient parfaitement à Fuglsang, son état de forme ne me parait pas formidable. On ne l’a pas vu à son aise sur le Tirreno. Si un Nibali nous habitue à sous performer sur ses courses de préparation, ce n’est pas le cas de Fuglsang.
Oui, Fuglsang ne s’est pas rassuré sur le Tirreno.
Pour ma part le parcours me fait encore plus penser au Grand Prix de Montréal : intégralement en circuit, deux bosses et des faux plats, 4734 mètres de dénivelé. Les pentes y sont plus régulières, les routes y sont plus larges, mais le dénivelé est plus important sur une distance pourtant plus courte. En gros c’est aussi exigeant, et le profil du vainqueur potentiel est tout aussi difficile à déterminer.
Et quand on voit le palmarès du GP de Montréal, difficile de définir un style de coureur en particulier. Beaucoup de prétendants chaque fois…
Van der Poel ?
Il ne sera pas présent sur ces Mondiaux (c’était peut-être la meilleure chance des Pays-bas ?)
Connait on la raison évoquée de son absence ?
Se préparer pour les classiques.
D’après ce que j’ai pu lire pour se concentrer pleinement sur les classiques d’octobre… Rien ne l’empêchait cependant d’en gagner une avec le maillot de champion du monde sur le dos !
Une petite pensée pour Mads Pedersen qui est vraisemblablement le seul champion du monde à voir son titre remis en jeu sans avoir pu rouler avec son beau maillot arc en ciel sur les flandriennes et les ardennaises (et sans venir défendre son titre). Je suis bien triste pour lui…
Tout à fait, vraiment dommage. En espérant pour lui que le Danemark conserve le titre ;)
Il a quand même roulé depuis la reprise, notamment sur le Tour de France.Mais que ce soit en Suisse ou à Imola, il a bien fait de s’abstenir, cette course n’est vraiment pas pour lui. Pour Van der Poel, je suis un peu étonné de sa défection par contre.
Ainsi que de la raison évoquée pour ..
En revanche, je viens de réaliser que Julian Alaphilippe aura droit à double ration de classiques avec le maillot de champion du Monde sur le dos. Et ça, c’est cool !
A priori, je craignais que le circuit italien souffre de la comparaison avec celui de Suisse. Après avoir vu la course des filles, je suis agréablement surpris par la difficulté du circuit et sa variété,en plus des jolis paysages, même si cela est accessoire.Les 2 côtes sont proches l’une de l’autre mais la seconde, plus courte est vraiment difficile dans le dernier km à fort pourcentage. De plus, il y a très peu de plat à part sur le circuit auto, ce qui ne permet pas la récupération. Rien à voir avec le parcours de montagne suisse, mais il ne suffira pas d’être un bon puncheur pour gagner, il faudra avoir de solides qualités de grimpeur également. Alors, désigner des favoris est difficile : Van Aert que tout le monde cite, Alaphilippe,Hirschi, Van Avermaet et d’autres puncheurs…Mais encore Pogacar, Fuglsang, Nibali, Woods, G Martin, dans le registre des grimpeurs. Mon favori no 1 sera…Roglic ! J’éspère seulement que cette course ne sera pas qu’une course d’attente et qu’elle ne se résumera pas à une bataille dans la dernière bosse du dernier tour. Comme on le dit à chaque fois, “ce sont les coureurs qui font la course”. Avec un tel… Lire la suite »
Quand la France a accéléré à trois tours de l’arrivée, j’ai pensé qu’ils gâchaient des cartouches inutilement, mais la suite leur a donné raison. Alaphilippe se loupe rarement quand il est en forme, comme le soulignait Voeckler. Van Aert impressionnant comme Pogacar qui a voulu faire une “Evenepoel”, sans y parvenir. Très beau circuit.
Les performances d’Alaphilippe sont habituelles, mais la maîtrise tactique de l’équipe de France ne l’était pas. C’était remarquable, personne n’a donné un coup de pédale de plus que nécessaire. Les équipiers ont tous été au top (mention spéciale à Martin qui a écœuré tous les attaquants sur le dernier tour, mais les autres ont été top aussi). L’équipe n’était pas la plus forte, elle était beaucoup moins forte qu’à Innsbrück, mais le plan était impeccable et a mis Alaphilippe en orbite parfaitement.