Dimanche, le peloton de la Route du Sud terminera son périple sur le circuit de Nogaro, pour une arrivée qui inspirera les bolides de service. Une incursion d’engins sans moteurs sur son bitume qui a valeur de nouveauté pour le circuit gersois. Mais à travers l’Europe, la coutume est ancienne. Un moyen de rassembler deux histoires le temps d’une étape, celle du vélo et de l’automobile.

De Binda à Cipollini

On aurait dit qu’ils étaient faits pour se rencontrer, tant les circuits automobiles ont très souvent été mêlés à des épreuves cyclistes. Une tendance habituelle dans le passé, plus épisodique de nos jours, mais qui est toujours accueillie avec intérêt. Et qu’importe l’enjeu de la course, le peloton dans l’ensemble semble toujours apprécier l’occasion. Parce que les coureurs, en premier lieu, peuvent courir dans des conditions idéales : route large, bitume parfait, pas ou peu d’obstacles. Tout l’inverse du milieu urbain… Un mix théoriquement propice à la tenue de belles courses. Mais de l’autre côté de l’effort, pour le public et les organisateurs, l’engouement est tout aussi présent. Ils bénéficient d’une situation idéale en terme d’infrastructures et de visibilité pour profiter du spectacle. Un vrai confort quand on sait la logistique qu’implique chaque kilomètre parcouru habituellement en course.

Dès les premiers chapitres du grand livre de l’Histoire du Vélo, on roule sur les lieux des autos. Avec comme premier grand moment, en 1927, la tenue du premier championnat du Monde destiné aux coureurs professionnels sur le circuit du Nürburgring. Alfredo Binda, l’Italien, y décroche le titre mondial, devant trois de ses compatriotes. L’Italie, l’un des terreaux de l’automobile, ne pourra en revanche rien faire face aux Français souverains – et notamment Georges Speicher, qui ira chercher le maillot irisé – sur l’autodrome de Linas Monthléry, en 1933. Un haut lieu francilien du sport auto, avec ces fameux virages relevés, qui verra la tenue des premiers pas de Dunlop dans les années 1930, le déroulement d’une vingtaine de Championnats de France entre 1930 et 1959, avant un retour en 1997 et la victoire de Stéphane Barthe devant près de 10 000 personnes.

Avec le Nürburgring à deux autres reprises, Zandvoort en 1959 – pour la victoire d’André Darrigade -, Zolder en 2002 avec le succès cousu main de Mario Cippolini, les Mondiaux ont de leur côté toujours eu beaucoup d’affection pour ces hauts lieux du sport auto. Ce n’est pas le succès de Vittorio Adorni à Imola en 1968 qui démontrera l’inverse, l’épreuve s’étant déroulée devant près de 300 000 tifosi déchaînés. Mais la course au maillot arc-en-ciel n’a pas le monopole de l’initiative. Le Tour de France fera aussi quelques incursions au pays des moteurs, du côté de Spa Francorchamps en 1980, 1989 et 2010, Pau en 1966 ou encore Dijon Presnois pour un ultime contre la montre renversant – au profit de Stephen Roche – en 1987.

Sprint inévitable ?

Pour autant, est ce que l’enthousiasme et le spectacle sont toujours au rendez-vous ? La réponse se doit d’être nuancée. Au plaisir de vois les cyclistes rouler là où les plus grandes pilotes ont posé leurs roues est souvent un plaisir auquel se mêlent feu d’artifice et ennui. Feu d’artifice quand on évoque le souvenir de la victoire de Laurent Jalabert, au championnat de France, acquise sur les routes du circuit de Charade en 1998. Un tracé prolongé par un parcours routier hors normes, l’un des plus difficiles présenté sur cette épreuve. Un succès qui ira jusqu’à convaincre les organisateurs se remettre ça l’année suivante, cette fois pour une victoire de François Simon. On peut aussi se remémorer le numéro de soliste d’Ilnur Zakarin, sous la pluie de l’Imola, au bout de la 11e étape du Giro 2015.

Mais il y a aussi eu l’ennui ces dernières années, devant des courses au bout du compte assez peu trépidantes. Même si oui, il ne fallait pas attendre grand-chose d’autre chose qu’un sprint lors de la victoire de John Degenkolb sur la 3e étape de Paris-Nice 2014, achevée du côté de Magny Cours. Idem pour l’arrivée finale du Tour d’Abou Dhabi cette année, avec cet interminable critérium sur le circuit de Yas Marina, invariablement conclu par un sprint massif devant des gradins quasi déserts, accentuant l’impression de désintérêt. Une situation qui ne devrait toutefois pas se produire lors de la 4e étape du prochain Tour de France, lors d’un nouveau passage du côté de Spa. Les tribunes seront copieusement garnies et animées. Parce qu’en principe, réunir le monde du vélo et de l’automobile, c’est s’assurer deux fois plus de fans. A défaut d’avoir deux fois plus de spectacle.

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