En janvier dernier, au fil de plusieurs débats, nous revenions sur cinq transferts marquants de l’hiver qui pouvaient poser question. A chaque fois, deux de nos rédacteurs, Jean-Baptiste Caillet et Robin Watt, s’opposaient sur le fait que ce soit une bonne idée ou non pour le coureur. Onze mois plus tard, il est temps de voir qui avait raison.

Nibali fait finalement mieux qu’Aru

« Un renoncement », c’est comme ça que Jean-Baptiste Caillet qualifiait le départ de Vincenzo Nibali chez Bahrain-Merida. Mais ce n’est pas l’image qu’a renvoyé l’Italien cette saison. Au moment d’évoquer ce transfert, on avait beaucoup parlé de Fabio Aru, qui avait poussé son compatriote vers la sortie, prenant le pouvoir sur son aîné. Sauf qu’au moment de faire les comptes, au terme de l’exercice 2017, l’avantage est clairement pour le Sicilien. Sur le podium du Giro et de la Vuelta, vainqueur du Tour de Lombardie, il est dans la continuité de ses dernières saisons. Si tous les lieutenants qu’il a amené dans sa nouvelle aventure n’ont pas tenu leur rang, lui l’a fait. Le Squale mord toujours, même à 33 ans, et il a largement réussi son pari.

Verdict : c’était une bonne idée.

Elissonde a eu du mal

C’était peut-être le transfert qui nous avait le plus interpellé, l’hiver dernier. « Que diable va faire Kenny Elissonde dans cette galère ? » se demandait Robin Watt. Le Français, désireux de relancer une carrière au ralenti, avait choisi la Sky. Ambitieux et intriguant. « Il y a un risque que la greffe ne prenne pas », soulignait Jean-Baptiste Caillet, qui voyait pourtant là une belle idée pour l’ancien grimpeur de la FDJ. C’est malheureusement cette greffe loupée qui ressort de ce premier exercice. Aligné sur le Giro, Elissonde s’est retrouvée dans une équipe déboussolée après l’abandon de Geraint Thomas. Ensuite, il a regardé ses partenaires aller épauler victorieusement Chris Froome sur le Tour et la Vuelta. En attendant de voir comment se passera la suite, sa première année hors de France est plus que mitigée.

Verdict : l’adaptation est lente, ce n’est pour le moment pas la bonne idée espérée.

Vanmarcke malchanceux

Dire que (re)venir chez Cannondale était une mauvaise idée serait un raccourci un peu trop facile. Mais le printemps du Belge reste un échec. Il court toujours après son premier monument, et cette année, il n’est même pas passé proche d’un succès, comme il en avait l’habitude. Pas épargné par la malchance, entre les chutes, la maladie et les faits de course malvenus, il a traversé le printemps comme un poissard. Ce qui laisse un goût amer à son retour au bercail, pour le moment. Mais au-delà des résultats purs, on peut regretter que le garçon soit resté, quand il était en forme, trop attentiste. Au terme du Het Nieuwsblad, Peter Sagan lui avait demandé, sur le plateau de Sporza, pourquoi il n’avait pas attaqué avant le sprint final. Vaughters n’a pas encore réussi à changer la mentalité de son leader.

Verdict : on devra vraisemblablement attendre l’an prochain pour juger.

Degenkolb, petit à petit

Il était question de faire un trait sur une année de galère, avec un grave accident en janvier 2016 et une saison blanche derrière. C’est plus ou moins fait. Dans le top 10 de Milan-Sanremo, de Gand-Wevelgem, du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, l’Allemand a traversé le printemps avec de beaux accessits. Mais il n’a jamais vraiment pesé sur les courses et la question du leadership, que nous soulevions en janvier, s’est posée avec le Belge Jasper Stuyven, de plus en plus apte, lui aussi, à jouer des coudes avec les meilleurs sur les flandriennes. « Il suffit d’en claquer une belle pour faire taire ces appétits (de concurrence interne) », écrivait Jean-Baptiste Caillet. Degenkolb n’en a pas été loin sur le Tour, deuxième d’un sprint à Bergerac, mais devra repasser. Question de temps, peut-être.

Verdict : c’était une bonne idée, qui demande à être confirmée.

Martin s’est perdu

Il ne savait pas quelle direction prendre. Rester focalisé sur les chronos, ambitionner de briller sur les flandriennes ? Au final, la machine allemande s’est perdue, entre ses envies aléatoires et un transfert chez Katusha qui n’a pour le moment rien donné de bon. Très moyen dans l’effort solitaire, invisible au printemps, Tony Martin a vécu une saison noire. La première depuis longtemps, tant il avait pris l’habitude de briller avec régularité, ces dernières années, au sein de l’armada Quick-Step. A 32 ans, peut-être est-ce une question d’âge. Mais il serait trop facile de rejeter la faute là-dessus, tant l’Allemand était performant l’année dernière encore. En revanche, au moment de son transfert, Robin Watt pointait du doigt que désormais, il ne pouvait plus « se cacher derrière un leader plus imposant ». Et il n’a pas vraiment assumé ces nouvelles responsabilités.

Verdict : c’était une mauvaise idée.

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