Le chrono de Torrelavega n’a pas fait d’immenses écarts. Les dix premiers du classement général se tiennent à l’arrivée en moins d’une minute trente, avec le joli coup pour Kruijswijk et le mauvais pour Lopez. Mais ces 34 kilomètres ont confirmé les enseignements des derniers jours et permis de distribuer les rôles en vue des dernières étapes de montagne.

Deuxième chance

Les plus sceptiques diront qu’au mois de mai, après le contre-la-montre de dernière semaine, qui intervenait déjà après la journée de repos, Simon Yates comptait 56 secondes d’avance sur son premier poursuivant et que ça ne l’a pas empêché de perdre. Ils n’ont pas complètement tort. Mais on parle depuis bientôt dix jours du Britannique et de son maillot rouge, chacun essayant de savoir si oui ou non il peut subir pareille mésaventure ou si, justement, la première l’a vacciné. Or on ne saura qu’à l’aube du week-end. En attendant, tout est hypothèse. Mais tout semble se mettre, petit à petit, du côté de Yates. Sur ce chrono, beaucoup prédisaient qu’il perdrait du temps sur son dauphin, Alejandro Valverde. Mais le Murcian, s’il s’est vraisemblablement emparé du leadership chez Movistar, n’a rien repris ce mardi. Il a au contraire cédé sept secondes. Un débours symbolique, mais lourd de sens.

Ce chrono, en vérité, nous en a appris beaucoup. Que Pinot est en forme, oui, parce qu’il est dans les temps de Quintana et Uran, mais qu’il n’est pas transfiguré. Que les deux Colombiens, auxquels on peut ajouter Miguel Angel Lopez, n’ont pas su déjouer les pronostics et qu’ils ont perdu ce qu’ils devaient perdre. En somme, ils ne semblent pas capables, pour le moment, de renverser la situation. En revanche, il est devenu clair qu’Enric Mas ne jouait pas avec les favoris par hasard, depuis quelques jours, et que Steven Kruijswijk a jusqu’à maintenant très bien digéré son Tour de France. Des candidats au maillot rouge, ce mardi, il est celui qui a fait la plus forte impression, quatrième du jour à seulement une seconde de la deuxième place, quand Rohan Dennis était de toute façon intouchable, devant. Voilà donc le Néerlandais sur le podium, à moins d’une minute de Yates.

Prendre exemple

Après ce qu’on a connu sur le Giro, on se gardera donc bien d’affirmer que Simon Yates a une route tracée vers la victoire. Mais il a toutes les cartes en main. Depuis plus de deux semaines, il ne s’est jamais manqué ou presque, si ce n’est une perte minime, moins de dix secondes, à La Covatilla, et une autre un peu plus importante, mais seulement par rapport à Pinot, aux Lacs de Covadonga. A l’inverse, il a su se débarrasser du maillot rouge quand il le pouvait encore et s’offrir deux jours de répit avant d’entamer les choses très sérieuses. Il ne l’avait pas fait sur les routes italiennes, et ça pourrait faire une grande différence. Reste un détail. Pour savoir si le Britannique est friable ou non, ses adversaires devront risquer de tout perdre. Ce fut la stratégie de Froome au mois de mai et ce doit être celle de Valverde ou Kruijswijk, les deux qui, ces derniers jours, ont montré de quoi rendre Simon Yates un tant soit peu méfiant.

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