Au mois de mai sur le Giro, Simon Yates avait pris le maillot rose en première semaine mais l’avait finalement cédé à deux jours de l’arrivée à Rome. Une défaillance impressionnante, alors qu’on l’imaginait filer vers la victoire. Cette fois, sur une Vuelta où il s’est paré de rouge ce dimanche avant la journée de repos, il veut aller jusqu’au bout. Mais il est logique que, désormais, on se pose des questions.
Il va tenir par Robin Watt
Un peu de maths pour commencer. Au printemps, le Britannique avait pris le maillot rose au terme de la sixième étape, et l’avait lâché sur la dix-neuvième. Ça fait donc treize jours en tant que leader. Ce n’était pas une mince affaire et devoir assumer le poids de la course pendant aussi longtemps a peut-être joué, dans la dernière ligne droite. Mais sur cette Vuelta, la donne est légèrement différente. Bien qu’il n’ait pas attendu la fin de course pour prendre les commandes, Yates l’a fait sur la neuvième étape. Il en reste « seulement » douze pour rallier Madrid. Comme s’il avait décidé de s’octroyer les trois jours qui lui ont manqué sur le Giro. Même si en réalité il ne l’a pas tant que ça décidé, parce que prendre le maillot pour une seconde reste un peu aléatoire, et qu’à choisir il aurait peut-être voulu attendre encore un peu. Mais il va falloir faire avec.
Il n’est plus l’heure de s’amuser à refiler le paletot, ce serait trop risqué vu les garçons qui peuvent le prendre. Même si au simple jeu des bonifications, le leader de Mitchelton-Scott pourrait s’en débarrasser. Mais écartons cette hypothèse, parce que Simon Yates a montré que malgré ses défauts, il était un homme de panache. S’il doit gagner, dans sa tête, c’est forcément en ne lâchant plus ce maillot rouge. Et il a un sacré atout dans sa manche : il ne connaît pas encore la recette de la victoire, mais il sait une partie des erreurs à ne pas commettre. A l’heure où on a du mal à définir précisément qui est dans la bagarre et qui ne l’est pas, il est en tout cas le seul, avec Kruisjwijk peut-être, à avoir connu pareille expérience. Lui peut donc dire qu’on ne l’y reprendra plus, alors que les autres peuvent encore se planter.
Il ne va pas tenir par Jean-Baptiste Caillet
Maintenant que Simon Yates est sorti du bois, le plus dur commence. Le rouge qu’il porte sur ses épaules va nécessairement faire de lui l’homme à abattre. Son échec sur les cols piémontais est encore trop frais et ses adversaires sauront mettre en œuvre des tactiques pour que l’édifice s’écroule d’ici la fin de l’étape andorrane. Le Britannique ne peut plus se donner des airs de vaisseau insubmersible à la manière d’un Froome ou d’un Thomas. Lui-même doit s’interroger sur son état de forme et la pertinence de son classement actuel. Sur les pentes de la Covatilla ou d’Alfacar, il a été bon, certes, mais pas aussi étincelant qu’à l’Etna en mai dernier. La preuve, il ne tient son bien que pour une petite seconde devant Valverde et compte neuf adversaires sous la minute.
En tant que leader de la course, Simon Yates va devoir mettre à contribution son équipe. Or, Mitchelton-Scott jouait sur deux tableaux avec la présence de Matteo Trentin. Les hommes au service du champion d’Europe ne seront pas d’un grand secours pour contrôler le peloton lors des étapes du montagne. Adam Yates aurait pu être précieux dans cette tâche, mais le frère jumeau du maillot rouge est à la peine sur les routes ibériques avec 66 minutes de débours et une 111e place au général. Seul Jack Haig répond présent pour le moment, un peu léger pour éviter de se faire piéger par des équipes au leadership bicéphale (LottoNL-Jumbo et Movistar). Dans ce contexte, ce maillot semble être une trop lourde responsabilité. Le conserver jusqu’à Madrid serait le fruit d’un alignement parfait des planètes même si on n’est pas à une surprise près sur la Vuelta.
Tout dépend de ce qu’on entend par “tenir”.
Si Yates temine troisième de cette Vuelta à une minute et demie du vainqueur, j’aurai tendance à considérer qu’il a “tenu”, même s’il a été battu. C’est autre chose que de s’effondrer totalement comme il l’a fait sur le Giro.
Effectivement. Je ne le vois pas défaillir mais finir vaillamment sur le podium, derrière Quintana par exemple.
Idem !
La Movistar est quand même bien placé en embuscade. Encore faut-il qu’ils arrivent à choisir entre Quintana et Valverde pour éviter de faire 2 et 3 à Madrid…
Valverde a quand mème peu de chance de digerer la 3ieme semaine en restant au top. On l´a aussi vu plusieurs fois couver et replacer le colombien . J´ai l´impression que pour le moment au niveau du G, c´est tout pour Quintana avec Valverde en plan B au cas ou …
La grande différence avec le Giro, c’est que pour l’instant il a pas l’air d’être le plus fort. dans la première arrivé au sommet il est n’est même pas au contact direct des plus costauds.
Peut être qu’il à mieux gérer sa forme que sur le Giro ou il été un peu cramé sur la fin, je pense que comme tout les leaders de grands tour, il se dit qu’il à également une chance de devenir champion du monde, donc je pense qu’il soit au top comme il l’été sur les 2 premiers tiers du GIro. ça va veux pas dire qu’il va tenir ou pas cependant, car j’ai l’impression que Quintana Kelderman et Lopez seront un ton au dessus.
J´en ai fait mon favoris alors je pense qu´il peut le faire … Ceci dit, les pics de forme des uns et des autres vont fluctuer d´ici l´enorme 3iem semaine .
Tout le monde dit ça mais un peu de mal à voir comment il aurait pu en garder sous la pédale lors du Giro… L’étape de Sappada, peut-être ? Mais je ne suis pas convaincu que ça l’aurait empêché d’exploser à la fin, jamais tellement compris ce genre de calcul. Il faut prendre tout ce qu’il y a à prendre tant qu’on peut sur un grand tour… Les Pinot, Pozzovivo qui n’ont pas voulu trop se livrer trop tôt, sont repartis finalement bredouilles. Cela dit Pinot voulait son étape tôt, notamment pour ça. Yates a au moins porté le maillot rose, gagné trois étaps (+ offert une étape à Chaves), et beaucoup appris. D’ailleurs il a mis en avant sa différence de prépa cette fois (pic de forme visé = plus tardif ? avec Innsbruck en tête en plus), et non pas une volonté de changer de façon de courir, il me semble. Avec les arrivées de cette Vuelta, il est de toute façon obligatoire d’être à bloc tous les jours, même si ce sont des efforts plutôt courts, et que le parcours est globalement moins usant que sur les autres GT (enfin la chaleur a l’air d’avoir fait de… Lire la suite »