Après la journée de repos, lundi, les favoris se sont offert deux étapes plutôt calmes, vers Nîmes puis Gap, avant la grande bagarre dans les Alpes, qui débutera ce jeudi. Trois étapes, beaucoup de cols et pas un seul kilomètre contre-la-montre, pour définir le vainqueur du Tour de France. Ils sont nombreux dans la bataille. Dont deux Français.
Un duo emballant
On se prend à rêver. Un coureur français porteur du maillot jaune à quatre jours de l’arrivée à Paris, ça n’arrive pas tous les ans. Deux fois en trois décennies, précisément, avec Laurent Fignon en 1989 et Thomas Voeckler en 2011. A chaque fois, l’issue avait été malheureuse, puisque sur les Champs-Elysées, c’était un Américain puis un Australien qui paradaient. Mais malgré l’adage qui dit « jamais deux sans trois », on se persuade toujours que cette fois-ci est la bonne. Elle est très différente, en tout cas. Julian Alaphilippe porte le paletot de leader alors qu’il n’est pas du tout favori. Il est même censé le lâcher, sur l’étape gargantuesque de jeudi, ou vendredi, s’il nous gratifie d’un nouvel exploit sur les pentes de l’Izoard et du Galibier. Mais un peu moins de deux minutes derrière lui navigue Thibaut Pinot, celui qui a endossé le costume du cador dans les Pyrénées et nourrit, plus que des rêves, des ambitions purement légitimes.
On l’avait enterré, pourtant, après une bordure malvenue et terriblement frustrante à Albi, où le Franc-Comtois avait concédé 1’40. Le Tour était perdu, pensait-on, et sans vouloir mettre de côté notre erreur de jugement, on notera que personne, hormis quelques terribles optimistes, continuaient d’y croire. Mais ce Tour, le Français l’a retourné en deux jours, au Tourmalet et à Prat d’Albis, et même s’il est encore une poignée de secondes derrière Geraint Thomas et Steven Kruijswijk, le momentum est de son côté. Le monde du vélo ne jure que par le duo Alaphilippe-Pinot, qui a su emballer cette Grande Boucle à plusieurs reprises, parfois chacun leur tour, parfois ensemble, comme à Saint-Etienne ou au Tourmalet, où tous les regards étaient braqués. Un duo qui fait poindre la fin de la domination de Sky, devenue Ineos et qui n’a plus vraiment le même visage sans Chris Froome, quoi qu’on en dise.
Pour l’histoire
En deux étapes de montagne dans les Pyrénées, Geraint Thomas a perdu 1’41 sur Thibaut Pinot, et Egan Bernal, s’il a sauvé les meubles, a accumulé le retard, lui aussi. Dave Brailsford pouvait compter sur un monstre à deux têtes, l’an passé. Il a toujours deux leaders, mais plus vraiment de monstre. Un podium sans Ineos serait surprenant, mais il n’est pas complètement impossible, non plus, alors que depuis sept ans, hormis en 2014 où « Froomey » avait abandonné, les Britanniques ont toujours rallié Paris en vainqueurs. On rêve alors d’un Français qui mettrait fin au règne british, faisant un peu mieux que Péraud et Pinot en 2014, puis Bardet en 2016 et 2017, chaque fois sur le podium mais jamais vraiment en mesure de l’emporter. Les principaux concernés y croient. Alaphilippe reste très prudent en interview, assure qu’il “sait ce qu’il va se passer”, mais ne dit pas clairement qu’il a fait une croix sur le maillot jaune.
Son chrono à Pau et sa montée du Tourmalet ont fait grincer quelques dents, mais ont aussi freiné les hypothèses. Tout le monde voyait le leader de Deceuninck-Quick Step baisser pavillon avant les Pyrénées, mais il est encore là, alors comment savoir ce qu’il se passera dans les Alpes ? Pinot, lui, profite du fait qu’il n’est pas obligé de parler quotidiennement aux médias pour se faire discret. Il sait ce qui l’attend et tout ce qu’il y a à gagner. Avant le départ de Bruxelles, il disait ne pas forcément vouloir devenir la star que sera forcément le prochain français vainqueur du Tour. Il ne prendra sûrement jamais goût à la gloire. Mais il ne laissera pas non plus passer une telle opportunité, non plus. On arrêterait alors de remettre sur la table le sacre de Bernard Hinault, en 1985. Et surtout, on aurait pour toujours des images plein la tête, des étoiles plein les yeux et des histoires à raconter à nos enfants et petits-enfants, dans quelques années.
Aller les françouzes continuez de nous faire rêver !
Celui qui semble le mieux placé est Pinot. Il semble beaucoup plus serein cette année et surtout il était le plus fort en montagne dans le précédent massif. Il n’a pas à craindre comme ce fut souvent le cas, le chrono de fin de tour. En plus, son équipe, Gaudu en tête semble solide. Je pense que si un favori frappe un grand coup et montre ensuite qu’il est solide, les autres vont se battre pour les accessits. Par exemple si Pinot se retrouvait avec 1m30 sur le second, en cas d’attaque de Thomas, c’est la Lotto Jumbo qui roulerait pour le reprendre. En cas d’attaque du Steven, ce serait les Ineos.
Attention il faudra certainement composer avec un risque d’orages demain au Galibier … voilà qui pourrait bien perturber le train Ineos !
Forza Thibaut !
Finalement, c’est la présence de Kruijswijk qui devrait faciliter la tâche de la FDJ dans ce ménage à trois.
Espérons que les autres deux équipes ne se regarderont pas quand il s’agira de rouler. M’enfin, j’en doute quand même. Un tel scénario ne se présentera pas chaque année et je pense que ceux de devant en ont désormais bien conscience.
Le terrible réaliste
Une chose certaine: la victoire finale se jouera entre les 6 premiers du classement actuel: un 7me ou un 8me ne reprendra jamais entre 4 et 6’ aux 6 autres simultanément. Je pense que Pinot a laissé passer sa chance dans les Pyrénées. Il était à son pic de forme et FDJ, toujours aussi médiocre tactiquement ne l’a pas poussé à en profiter. Dans le tourmalet samedi, le petit Gaudu fait un effort monstrueux entre 6 et 4km de l’arrivée; il a pour mission de mettre pinot sur une rampe de lancement. Avant de se garer, il donne une dernière impulsion qui doit être décisive. Il se retourne…et vois que pinot n’a pas suivi…au final pinot attaque à 400m de la ligne et prends…6’’ ! Toute la FDJ dans cet épisode. Pinot va faire un autre erreur tactique dans les 3 étapes à venir, c’est évident. On ne gagne pas à l’instinct sur une course de 3 semaines sauf quand un coureur ultra domine (mais ce n’est alors plu de l’instinct…) La double exclusion de Rowe et Martin est une excellente nouvelle pour les 3 autres équipes qui mènent le classement. Cela va rendre la situation encore un peu plus… Lire la suite »
Si Pinot a en montagne le même niveau que dans les Pyrénées il n’y aura pas de discussion, il est largement au dessus du lot. Quand aux histoires de pic de forme… L’histoire des grands Tours montre quand même que les meilleurs grimpeurs de la deuxième semaine dominent en général la troisième.
Vous dites que la Groupama FDJ est médiocre tactiquement et vous terminez en affirmant que Kruijswijk a une très bonne équipe derrière lui. Vous n’avez pas plutôt l’impression que c’est chez Lotto Jumbo qu’on fait un peu régulièrement n’importe quoi ? Les exemples sont nombreux entre le peu de soutien dont a bénéficié Van Aert à Roubaix cette année, la mauvaise gestion dont l’équipe a fait preuve pour Roglic au Giro, le fait d’envoyer Bennett chercher des bidons au moment où une bordure était annoncée, jusqu’à l’attitude de Tony Martin, un coureur d’expérience, hier… A propos d’expérience, vous évoquez également le peu d’expérience d’une troisième semaine de grand tour des cinq premiers du classement général, tout en finissant par dire que Kruijswijk a beaucoup d’expérience. Il court “seulement” son cinquième Tour de France (le deuxième où il joue un rôle au général), n’est jamais monté sur le podium d’un grand Tour. C’est assez peu pour supposer que son expérience et son équipe vont lui permettre d’attaquer. Il va certainement le faire car, là ou je vous rejoins totalement, c’est que ce garçon n’a peur de rien et qu’il a très souvent fait preuve d’un esprit offensif (même si, il faut… Lire la suite »
« Les coureurs qui dominent la deuxième semaines dominent également la troisieme… » cette affirmation me semble litigieuse: impossible de prendre en considération les tours allant de 1991 à 2007. Trop de doutes sur la crédibilité des performances, vous l’avouerez je suppose. De même les dominations de 2012, 2013 et 2015-2018 ne permettent peut être pas de conclure. La domination d’une seule equipe s’etendant sur les 3 semaines. Vous êtes peut être trop jeune pour remonter avant 1991. Les tours 75, 76, 77, 80, 83, 85, 87, 88 et surtout 89 (fignon domine la deuxième semaine) ne confirment pas cette affirmation. Et plus proche de nous, une fois l’ouragan du dopage un peu atténué, il faut regarder avec attention les tours 08, 10 et 2011. Ils étaient très serrés et ne confirment pas non plus cette affirmation. Sans doute êtes vous embués par l’impression des 7 derniers tours où la domination est constante et sans partage de la part d’un coureur ou d’une équipe
Ton raisonnement aurait pu tenir mais le fait est que tu n’as pas eu de contre argument sur la période du 21eme siècle. Si l’on s’attache au fait, excépté le tour 2008 qui offre un énorme rebondissement, le tour 2010 et 2011 était dominé en montagne par les mêmes protagonistes en 2eme semaine qu’en 3eme semaine.
Schleck et Contador en 2010 et de loin. Evan et les Frères Schleck en 2011 et de loin.
De fait je n’ai connu que les années Armstrong. Mais l’histoire du tour telle que je l’ai lue contient peu de retournements de situation. Typiquement 85 : Hinault et LeMond au dessus du lot tout le long.
Aaah ça faisait tellement longtemps que j’attendais ça, je fais partie de la même génération de Robin et malheureusement quand Jalabert (*ehm ehm, bon de toute façon dans les années 90-00…) gagnait j’étais tout jeune, la seule chose que je me rappelle de cette époque c’est Virenque au JT pendant l’affaire festina et la chute de Zülle en jaune. Hinault et Fignon n’ont été pour moi que commentateurs ou observateurs, en tant que coureurs ils n’ont été que des images d’archive. Pendant des années et des années on a regardé moreau faire des top 10, Virenque s’échapper en montagne et après eux c’était encore plus triste parce-que le seul intérêt pour les français était d’attendre soit moncoutié, soit chavanel, soit casar, soit fedrigo, soit dessel, soit voeckler (désolé si j’ai oublié quelqu’un) qui s’échappe pour avoir une chance de victoire d’étape… La grande époque du cyclisme à 2 vitesses et des TdF à mourir d’ennui, des giro et des vuelta avec les pires chaudières qui se disputait la victoire, et qui ne venait pas sur le tour pour d’évidentes raisons… Heureusement il y avait Cancellara (alias Spartacus) qui me vendait du rêve et gardait intacte ma passion pour le vélo.… Lire la suite »
Il est neuf heures et déjà je n’en peux plus de ce suspens.
Rendez nous les Tours dominés par la Sky et les français largués au général !
ça arrive, ça arrive…
Les équipes de favoris doivent rapidement durcir la course, afin de lâcher les équipers d’Alaphilippe (sur cette fin d’Izoard), puis le maillot jaune lui-même dans le Galibier. Si ça flingue tôt, je ne donne pas cher de la peau de notre cher Julian
Ah, la stratégie de la Movistar aujourd’hui… Soler qui visse dans l’Izoard alors que Quintana est dans l’échappée, tout ça pour que ni Landa ni Valverde n’attaquent…Sans ça, Quintana serait peut-être sur le podium actuellement
Oui, visser dans l’Isoard pour laisser revenir tout le monde dans la vallée et ne plus avoir de munitions dans le Galibier, pas compris…
Quintana est à 2′ 20″ de Thomas, il doit avoir les boules. J’ai bien aimé sa réaction au micro de France tv : “demandez à mes DS, ils vous diront qui est le leader”. On sent qu’il est presque désabusé. Ceci dit, s’il a des bonnes jambes, ce sera encore un vrai client pour les deux prochaines étapes, il est revenu dans le jeu au général