Froome n’est pas imbattable. Le Britannique, pourtant parfaitement emmené aujourd’hui par ses deux Basques Mikel Nieve et Mikel Landa, a littéralement explosé dans les derniers hectomètres. Et c’est Romain Bardet, au bout d’un sprint fou, qui s’est imposé.
L’effondrement
Le Tour arrivait aujourd’hui dans le décor mythique de Demain ne meurt jamais. C’était plutôt Skyfall. L’agent britannique, Mister Froome, s’est totalement effondré dans le dernier kilomètre, anéantissant le travail de sape de la Sky. Le masque est tombé. Il y avait des signes avant-coureurs. Aucune victoire cette année, une étonnante incapacité à décrocher ses rivaux dans les Vosges puis le Jura, le Kenyan Blanc n’était plus tout à fait cet extra-terrestre triple vainqueur de la Grande Boucle. On pensait Chris Froome moins fort que l’an passé, aujourd’hui on en a la certitude. C’est la première fois que le Britannique montre des signes de faiblesse si tôt dans le Tour. Cette année, il y a la place.
Pourtant, le terrain était sans embuche. La Sky menait bon train, assez rapide pour lâcher définitivement Nairo Quintana, mais trop lent pour écrémer un groupe de favoris d’une dizaine de coureurs. Jakob Fuglsang dépérissait avec sa double fracture et aucune opposition ne pouvait naître des écuries adverses. Le surnombre de la Sky inspirait alors la terreur, personne n’osait bouger une oreille, mis à part Contador dans le Port de Balès. Histoire de dire que le Pistolero était encore là, parce qu’il rengaina vite. Et ni Fabio Aru, ni Romain Bardet, ni Rigoberto Uran n’essayaient de déstabiliser la machine Sky.
Mouliner pour ne plus avancer
L’équipe britannique essorait le peloton, et l’ennui s’installait très clairement dans une montée de Peyresourde escamotée à cause du vent de face. Elle eut quand même la peau d’Alberto Contador, mais ce fut guère le seul mouvement. Après une descente rapide, la remontée raide vers Peyragudes devait sacrer Chris Froome, en jaune. Tout le monde s’y attendait, et Romain Bardet le premier : « Je pensais qu’il allait attaquer au pied, je m’étais préparé mentalement pour ça. » A posteriori, il demeure difficile de faire le reproche de l’attentisme aux autres candidats. Mais après que Bennett a lancé les hostilités, que Landa s’est écarté, Froome a pédalé… dans la semoule. Incapable de tenir les meilleures roues, le Britannique a terminé en moulinant, sans la moindre force. Une image incroyable sur le Tour pour le triple vainqueur qui avait à chaque fois remporté la première étape difficile dans les Pyrénées (Ax-3-Domaines 2013, La Pierre-Saint-Martin 2015 et Bagnères-de-Luchon 2016).
En arrivant à Peyragudes, le scénario était pourtant écrit. Froome, en maîtrise, allait s’imposer et conforter son maillot jaune. Il avait fait rouler ses hommes pour ça, pour se rassurer et enfin lever les bras. Mais derrière la ligne à Peyragudes, Chris Froome, dans ses derniers instants en jaune, rentrait dans son bus sans un mot pour la presse. Il en ressortait quelques minutes plus tard pour se décrasser sur le home-trainer et se livrer brièvement sur sa contre-performance : « C’était une arrivée dure, très dure, je n’avais pas les jambes. Félicitations à Romain Bardet pour sa belle victoire et à Aru pour son maillot jaune. » À Fabio Aru le jaune, à Romain Bardet l’étape, à Froome la désillusion.
Belle métaphore. Le Tour est plus ouvert que jamais
En vérité je vous le dis….Froome rame, Landa va lui faire mal.