Esseulé en montagne, Primoz Roglic a vu beaucoup de ses adversaires se replacer au général, vendredi vers Ceresole Reale. Attaqué de toutes parts, le Slovène a d’ores et déjà pu se rendre compte qu’il n’aura aucun répit jusqu’à la fin du Tour d’Italie. La course italienne est loin de lui être acquise face à des grimpeurs révoltés.
Seul contre tous
Il était le grand oublié, celui dont on ne parlait quasiment pas parmi les favoris. Mikel Landa, à Ceresole Reale, a retrouvé des couleurs. Depuis un an et demi et sa quatrième place sur le Tour de France, l’Espagnol était un peu plus en retrait. Ce vendredi, il était le plus impressionnant des cadors dans la dernière ascension. Résultat, presque deux minutes reprises à Primoz Roglic. « Roglic est peut-être le grand favori, disait-il dans L’Équipe jeudi, mais on ne cessera jamais de l’attaquer. Seul, il ne pourra contrôler la course. » Une déclaration qui en dit long sur les intentions de Landa et des autres grimpeurs. Le Slovène sait qu’il est désormais contre tous les autres, et plus seul que jamais quand la route s’élève. Jeudi déjà, pour la première étape de moyenne montagne, son équipe Jumbo-Visma avait montré des limites lors de la seule ascension de la journée, le Montoso. L’équipe néerlandaise, privée de Robert Gesink, blessé, et de Laurens De Plus, qui a abandonné en première semaine, en est réduite à subir la course.
Les grimpeurs l’ont bien compris, qu’ils s’appellent Landa, Lopez, Zakarin ou Mollema. Primoz Roglic, lui aussi, l’a bien compris. En deux étapes de montagne, il a déjà dû faire face à de multiples offensives, venues d’équipes bien plus armées que la sienne. La Movistar en premier lieu, a très bien manœuvré sur une ascension en deux parties, vendredi. Landa a su retrouver au meilleur moment Amador et Carretero, partis dans l’échappée, pour creuser l’écart sur le replat de sept kilomètres, avant d’aborder les pentes les plus rudes. Richard Carapaz, leader de substitution, s’est lui aussi replacé à moins de deux minutes du Slovène. On ose à peine imaginer ce qu’il se serait passé si l’équipe Astana, qui avait lancé les grandes opérations dans l’étape du jour, avait pu aller au bout de ses idées, c’est à dire une offensive de Miguel Angel Lopez, qui a été victime d’un pépin mécanique au pire moment de l’ascension finale.
Qui perd gagne
Hier, comme aujourd’hui, Roglic a semblé observateur. Incapable de prendre en mains une course qu’il doit le sentir, lui a légèrement filé entre les doigts depuis deux jours. La faute à son entourage, absent, mais aussi au marquage avec Vincenzo Nibali. Le Slovène ne s’occupe que du Sicilien et tout le monde en profite. Alors si en plus il n’est pas impérial, comme cela semblait être le cas sur les premières montées sérieuses de ce Giro, tout pourrait se compliquer. A l’heure des bilans, les chiffres font peur. Bauke Mollema pointe ce soir à 41 secondes de Roglic, alors qu’Ilnur Zakarin, qui a levé les bras sur cette première arrivée au sommet, est à seulement 31 secondes. Ils ne sont pourtant pas les plus dangereux, sur ce que l’on a vu. Mikel Landa, en effet, a pris une nouvelle dimension. 28 secondes hier, 1’41 aujourd’hui, bonifications comprises, il a gratté au total 2’09 au Slovène. A ce rythme-là, les 2’43 qui séparent encore les deux hommes pourraient fondre bien plus vite que les dernières neiges au sommet de Ceresole Reale.
Reste qu’au fil des jours, les rôles vont se préciser, et Mikel Landa, qui vient d’enfiler le costume du dynamiteur en chef, ne pourra sûrement pas compter, ou alors un peu moins que prévu, sur un Simon Yates hors du coup et un Miguel Angel Lopez sacrément retardé, désormais. C’est peut-être ce qui sauvera Primoz Roglic, dans les huit jours qui viennent. Dans une situation qu’il n’a jamais connu, le garçon va devoir défendre, et assumer ses responsabilités. Surveiller le seul Nibali n’est plus une possibilité. Répondre à chaque attaque ne l’a jamais été. C’est un casse-tête qui se profile pour le le garçon. Comme quoi il est souvent plus facile d’être l’un des chasseurs plutôt que le chassé.
Mais pourquoi Pinot n’a t il pas fait le giro cette année !!!??? Il aurait eu toutes ses chances sans froome. Vraiment c’est rageant, il n’a aucune chance sur le tour, y a trop de monde. Pour claquer un grand tour il lui faut faire le giro et la vuelta chaque année. Et je sais vous allez me dire : il lui faut aller dans une équipe étrangère…
Deux très belles étapes hier et aujourd’hui.
Comme prévu, en repoussant les grimpeurs assez loin au général, le chrono les a amenés à ne pas attendre les ultimes kilomètres avant l’arrivée pour se découvrir. Très jolis numéros de Zakarin, Landa et Carapaz aujourd’hui, et belle partie de poker menteur entre Nibali et Roglic. Les courses d’équipe de Trek et (surtout) Movistar valaient le coup d’oeil également.
Pourvu que ça ne débranche plus jusqu’à Vérone, à commencer par demain, où j’imagine qu’Astana voudra lancer les grandes manoeuvres assez tôt afin que Lopez récupère le temps perdu cet après-midi. Le terrain s’y prête, en tous cas !
Plus que le chrono, c’est la faiblesse de l’équipe de Roglic qui les poussent à attaquer. Si le Slovène avait des équipiers qui grimpent bien et qu’il se retrouve avec 3 types costauds pour faire le tempo au pied du dernier col, ça n’attaquerait pas dès le pied, les grimpeurs attendraient trop inquiets de se faire rependre par le peloton.
Sinon, il était grand temps que ça bouge, le Giro est enfin lancé. Pas sûr que Nibali soit sur le podium à l’arrivée et Roglic ne pourra plus se cacher. Yates, pour un gars qui devait faire peur aux autres, s’est dégonflé comme une baudruche. Landa va peut être regretter le temps perdu en première semaine. Pour Lopez, que de problèmes techniques en deux jours !
je ne vois pas Roglic gagner le giro, en tres haute montagne, et avec enchainement de cols , pas sûr qu’il tienne face a un Nibali qui monte en puissance, et face à un Carapaz qui m’a l’air d’ être en embuscade, et devrait l’a joué fine, s’il s’entend avec Landa, qui a déja démontré qu’il savait tenir trois semaines à haut régime . Yates a mal programmé son pic de forme, et il risque d’ être trop tard en troisième semaine . Méfions nous de Majka, que je ne vois pas gagnant, mais qui risque d’influer fortement la course, en compagnie de Lopez qui n’ a plus rien a perdre.
On en saura un peu plus ce soir entre les gars qui ont tapés dedans et ceux qui en ont gardés.
Roglic est en grande forme depuis le début de saison; ca ne serait pas une surprise qu´il commence a connaitre des baisses de régime; le contraire serait inquiétant, particulièrement dans le contexte actuel des affaires du cyclisme slovène .
Esseulé dans les forts porcentages; il ne trouvera pas toujours des gars qui rouleront pour lui; il y a d´exelents grimpeurs qui ne demandent qu´a en decoudre, et le requin est là, qui courre juste et qui patiente .
L’équipe Jumbo Visma est quand-même assez déroutante. Ils ont dans leur effectif un coureur très complet qui montre depuis deux ans qu’il a le potentiel d’un vainqueur sur un grand tour et ils l’envoient se débrouiller quasiment tout seul sur le Giro. Alors, certes, Tom Dumoulin l’avait emporté il y a deux ans avec une équipe Sunweb qui était loin d’effrayer qui que ce soit et qui l’avait laissé seul très tôt sur les étapes de montagne, certes Gesink a dû déclarer forfait et De Plus a abandonné prématurément mais, quand-même, c’est un peu léger comme effectif quand on veut gagner de grandes épreuves. Et surtout, il y a eu quelques curieux précédents : Kruijswijk qui joue sa carte personnelle en troisième semaine de Tour de France et Wout Van Aert qui doit se débrouiller tout seul après ses incidents mécaniques sur Paris-Roubaix cette année. On a l’impression que cette équipe ne cherche pas à mettre toutes les chances de son côté pour gagner des courses. C’est bien dommage. Après, si Roglic arrive à s’en sortir comme ça…
Je ne partage pas du tout les avis exprimés ici.
Pour moi, Roglic l’a joué parfaitement et ce à plusieurs titres :
– en restant avec Nibali qui a pas mal de temps a reprendre il lui fait comprendre qu’il ne lui laissera pas cette chance
– en laissant partir quelques gars il s’assure le soutien d’autres équipes qui voudront défendre leur position au CG (Katusha et Trek notamment). Et si ce n’est pas le cas je doute qu’un Mollema par exemple puisse rivaliser avec le slovène
– Polanc a toujours le rose. La Jumbo n’a donc pas à assumer le poids de la course, dans sa première partie du moins
Ajoutez à cela un Yates hors du coup et un Lopez qui a encore perdu du temps, je ne vois guère que la Movistar pour l’inquiéter. Et encore : Landa est encore loin et Carapaz reste un suiveur qui ne profitera pas tous les jours de la générosité de Roglic.
Alord bien sûr que le slovène peut être moins bien mais jusqu’à présent c’est la course parfaite compte tenu de la faiblesse de son équipe.
C´est surtout Pozzovivo qui a été genéreux; Roglic n´a fait que suivre depuis 2 jours sauf dans les derniers km d´hier ou il n´y avait plus personne pour lui faire le travail .
Exactement mon avis ! Il est en train d’enterrer Nibali, maintenant Zakarin bossera pour empêcher l’italien de partir. Il n’a pas besoin d’équipiers puisqu’Astana et Bahreïn font le travail à sa place. Par ailleurs je pense que Nibali est loin d’être en grande forme sinon il aurait attaqué plus sérieusement hier. Alors que Roglic m’a eu l’air plus tranchant dans ses accélérations.
Soyons serieux; compter sur les equipíers des autres equipes pour gagner un Giro qui ne fait qu´arriver en montagne est une tactique aléatoire ; c´est tout au plus une option de sauve qui peut.
Les chances que ca fonctionne me semble pour le moins tirées par les cheveux; par contre c´un bon plan pour un enterrement de première classe .
Ca peut marcher ou non. Pas besoin d’équipier ? Et si Nibali s’échappe avec Zakarin, Lopez et Landa dans sa roue, que Roglic est lâché, qui va rouler pour le ramener devant ? Les équipiers de Zakarin, la Movistar ou ceux de Nibali ?
Carapaz non suiveur voila
Je maintiens mes propos :
– Roglic n’a toujours pas le rose. Mieux encore, c’est la Movistar désormais (plus solide que UAE) qui va assurer la plus grosse part du boulot désormais et pour un bon moment
– de ce fait, il n’a pas à subir les contraintes liées au protocole
– Carapaz n’a qu’une poignée de secondes d’avance ; les autres sont toujours loin. Au dernier clm, Roglic n’en fera qu’une bouchée
– compter sur les autres est une tactique aléatoire ? Mais quand votre équipe n’est pas assez solide, vous n’avez de toute façon pas le choix. Et l’attitude de Nibali derrière Carapaz défendant déjà une hypothétique 2ème place au CG va dans mon sens
– je doute enfin que Roglic laisse partir plusieurs gars ensemble
Je ne prétends pas que tout est calculé d’avance. Je dis juste que, compte tenu des circonstances (faiblesse de son équipe notamment), il gère parfaitement sa course.
Ce qui ne le met pas à l’abri d’un coup de moins bien.
Sauf que Movistar sait aussi parfaitement qu´il faut continuer à reprendre du temps au favoris avant le dernier chrono; ils doivent en principe rester agressifs, ont les moyens de continuer à mettre des gars dans les échappées, doivent continuer de faire attaquer Landa et Carapaz .
Avec entre autres Yates en facteur x, Zakarin en chasseur d´étape et Astana qui se cherche, il va y avoir de l´action .
De mon coté je reste d´accord avec le fond de l´article; le super favori va avoir une fin de Giro bien compliqué .
Je crois qu’après l’étape du jour l’équipe Astana doit lancer un avis de recherche pour retrouver la giclette de Miguel Angel Lopez, parceque s’il veut remonter au classement général va falloir mettre des attaques plus tranchantes que ça…