Il attendait cette opportunité avec impatience : la voilà enfin. Pour la première fois de sa carrière, Thibaut Pinot va pouvoir disputer le Giro. Loin de la pression médiatique du Tour de France et sur une course qui le fascine, le Français sera en mode découverte. Ce qui ne l’empêche pas de rêver, pas si secrètement, de maillot rose.


Le rose, d’ailleurs, le Franc-Comtois y a déjà goûté cette saison. Alors ce n’était pas exactement celui du Giro, clair, presque pâle et reconnaissable parmi tant d’autres. C’était celui du Tour des Alpes, davantage fuschia mais malgré tout symbolique, que Thibaut Pinot a porté une journée. Parce que oui, il ne l’a pas gardé jusqu’au bout. Mais il n’y a rien de dramatique là-dedans. Il a trop souvent fait l’erreur d’être en forme trop en amont de ses objectifs, comme l’an passé, où il cartonnait au printemps mais s’est effondré durant l’été. Cette fois, le garçon est donc placé – et plutôt bien – mais pas vainqueur. La méthode gagnante, si l’on se réfère aux derniers vainqueurs du Giro. Gagner pendant sa préparation de la course rose n’est pas un indispensable, loin de là. Il faut savoir monter en puissance jusqu’au départ et emmagasiner de la confiance en n’étant jamais vraiment largué. Tout ce que fait pour l’instant Pinot en 2017.


Ils ne sont que trois coureurs français, en 99 éditions du Tour d’Italie, à avoir arraché le maillot rose. Trois mythes. Jacques Anquetil, d’abord. Bernard Hinault, ensuite. Et Laurent Fignon, enfin. Accoler son nom à cet incroyable trio, vainqueur à lui seul de 21 grands tours, classerait la performance de Thibaut Pinot. Et il y a comme un signe. Ces trois-là ont décroché leur premier Giro – en moyenne – à 26 ans et quelques mois. L’âge, justement, de Thibaut Pinot sur ce Tour d’Italie – et de justesse, puisqu’il fêtera son 27e anniversaire au lendemain de l’arrivée à Milan. Tout ça pour dire que le Franc-Comtois est dans la bonne période. Celle où il a eu le temps d’apprendre sur les routes du Tour, de courir avec une grosse pression, jusqu’à aller chercher un podium sur les Champs-Elysées en 2014. Désormais assagi, fin connaisseur de lui-même et presque expérimenté, il peut partir à la conquête de son premier grand tour.


« Solo la vittoria e bella », c’est ce qu’a inscrit Thibaut Pinot sur son biceps droit. Une maxime, en italien, pour signifier que seule la victoire est belle. Une façon de démontrer, aussi, son amour pour l’Italie. « J’apprécie de courir là-bas. J’aime le Giro car cette course représente le vélo que j’affectionne », nous confiait-il la saison dernière. Mais c’est en réalité sur toutes les courses transalpines qu’il brille. Tour de Lombardie, Tirreno-Adriatico, Strade Bianche, d’un bout à l’autre du territoire, il sait jouer la gagne. Depuis 2015, une seule fois, il est sorti des dix premiers sur une course italienne. C’était sur les Trois Vallées Varésines, à l’automne 2015. Il avait terminé douzième. Reste que sur le Giro, à partir de vendredi, il ne s’agira pas simplement de terminer dans les dix. Il faudrait même gagner, ce qu’aux classements généraux Pinot n’a encore jamais fait en Italie. Sacré défi.

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