Dans le bon coup mais encore en retrait : c’est exactement ce qui était attendu de Thibaut Pinot sur Tirreno-Adriatico. Troisième du général final mais pas avec les meilleurs dans l’étape reine du Terminillo, il monte en puissance progressivement en vue du Tour d’Italie.
Prendre son temps
Il ne fallait pas être en forme trop tôt. Pinot avait fait l’erreur l’an passé, au top sur le Tour de Romandie, puis à la rue sur la Grande Boucle. Mais le Franc-Comtois a incontestablement appris de cet épisode. Sur Tirreno-Adriatico, depuis la semaine dernière, il est venu pour jouer les premiers rôles, mais pas vraiment pour gagner. Depuis sept ans, de toute façon, le vainqueur est presque toujours un homme qui a pour objectif le Tour de France. Seul Vincenzo Nibali, en 2013, a remporté le maillot bleu au mois de mars avant d’aller batailler sur le Giro quelques semaines plus tard. Alors pas d’inquiétude pour le Français, qui a terminé assez loin de Nairo Quintana. L’épreuve transalpine est là pour le préparer à la course rose, rien de plus. C’était même la première étape importante d’une mise en route qui doit le mener presque au top au départ d’Alghero, le 5 mai prochain.
Au sommet du Terminillo, lors de l’étape reine, le leader de l’équipe FDJ ne s’inquiétait donc pas de son résultat. « Seulement » neuvième, il savait qu’être capable de suivre Quintana aurait presque été mauvais signe. Là, il est simplement dans les temps, ni en avance, ni en retard. Son résultat final est d’ailleurs plus qu’emballant. Uniquement devancé par Quintana et Rohan Dennis, il décroche son deuxième podium sur une course par étapes World Tour – après le Tour de Romandie l’an dernier. Alors même qu’il vise le Giro, il a fait mieux que ces dernières saisons (4e en 2015 et 5e en 2016) sur les bords de l’Adriatique. Et il n’y a rien de plus rassurant que de voir un Pinot moins en forme réaliser de meilleures performances que par le passé.
Devenir un patron
A 26 ans, il est en partie logique de voir le Franc-Comtois franchir des caps, à la fois dans ses capacités physiques et dans sa gestion d’une saison. Mais plus que jamais, il semble en mesure d’aller jouer la gagne sur un grand tour, et sans se cacher. Parce qu’au départ de Sardaigne, dans un peu plus d’un mois et demi maintenant, il sera l’un des grands favoris du Giro. Le temps où il allait chercher un podium sur le Tour à la surprise générale est révolu. C’est donc la dernière inconnue pour Thibaut Pinot. Très attendu sur les routes de juillet ces deux dernières années, il n’est pas parvenu à assumer son nouveau statut. Loin de la sur-médiatisation du Tour, il aura donc sans doute l’esprit plus libéré en Italie. Mais il fera quand même partie de ceux sur qui pèsera le poids de la course. Une situation qu’il va devoir apprendre à gérer pour devenir un cador. Et peut-être prendre la place de Quintana dans quelques années, en gagnant Tirreno-Adriatico quatre mois avant de se présenter parmi les favoris du Tour de France.
Thibaut Pinot et une belle équipe FDJ ont été dans le coup toute la semaine, cela faisait plaisir à voir. Grosse perf sur le chrono pour conserver le podium, bravo, vivement le Giro. .. et la photo de Mathilde l’Azou qui illustre cet article est superbe !
N’empêche que se faire mettre un peu la misère par un Thomas sur le Terminillo, c’est un peu inquiétant en ce qui concerne le Pinot-grimpeur…
Certes, il est bon de ne pas arriver en forme trop tôt pour le Tour d’Italie, et Pinot montera en puissance d’ici le mois de mai. Je m’interroge néanmoins sur l’excès d’optimisme dont fait preuve l’article. “Etre capable de suivre Quintana aurait presque été mauvais signe” : est-ce à dire que Quintana est en forme (beaucoup) trop tôt? Car non content de disputer le Giro (ce qui, en théorie, devrait le situer sur une courbe de progression similaire à celle de Pinot), le Colombien enchaînera avec le Tour. En toute logique, on devrait donc s’attendre à ce qu’il s’économise en début d’année, pour se préserver deux pics de forme en mai et en juillet. Pour affirmer que Thibaut a des chances de l’emporter sur Quintana en mai, il faudrait donc que Quintana soit, en théorie, un ton en-dessous de Pinot en mars. Or, les faits parlent d’eux-mêmes : c’est bien le Colombier qui était une classe au-dessus du Français sur ce Tirreno. Dès lors, deux options : -soit Quintana est en forme trop tôt pour son doublé Giro-Tour, et même pour le Giro, auquel cas il risque de finir la course rose en difficulté, et la Grande Boucle sur les… Lire la suite »
Tu l’as dit, les pics de forme c’est propre à chacun. Mais ma théorie sur Quintana, c’est que compte tenu de son objectif de doublé, il doit opérer différemment. Je pense qu’il a besoin d’arriver en forme plus tôt pour faire la différence très rapidement sur le Giro et pouvoir terminer les 3 semaines en déclin. C’est la seule façon pour lui de récupérer assez avant le Tour.
Théorie plutôt tirée par les cheveux mon cher Wattson !
Porter le leadership de l´epreuve sur 2 ou 3 semaines serait bien plus usant pour l´equipe et pour le Colombien que de courir en retrait et de prendre le maillot en fin d´epreuve .
Ca s’entend. Sauf que maillot rose ou pas, Quintana va avoir du mal à se cacher de toute façon…
Comme disait le Castelthéodoricen; rien ne sert de courir, il faut partir á point .
Qu´il est du mal a se cacher n´oblige en tout cas pas son equipe à allée porter le poid de la course et à defendre le maillot des les premiers jours du Giro… Ca me semble tout á son avantage de laisser d´autres equipes se montrer et faire le boulot jusqu´en 3 ieme semaine; une longue course se joue aussi a l´economie; les efforts superflus se payeront cash sur le Tour .