Cette saison comme rarement, Quick-Step écrase les flandriennes. Mais ce n’est pas nouveau. Depuis 15 ans maintenant, date à laquelle le sponsor belge est arrivé dans le peloton, la domination de la bande à Patrick Lefevere est impressionnante. Dans le sillage d’un Boonen étincelant et face à des rivaux qui ont toujours cherché la solution, Quick-Step a fait du printemps son terrain de jeu. Retour sur cette mainmise en statistiques.

Dans la dynamique du leader


On aurait pu remonter cinq ans plus loin, en 1998, lorsque l’équipe Mapei, ancêtre de Quick-Step, est passée sous pavillon belge. Rien sur sur les deux monuments pavés, il aurait alors fallu ajouter trois victoires et sept podiums. Preuve que les flandriennes sont dans l’ADN de cette structure depuis toujours. Le Tour des Flandres, pourtant, se détache clairement. Parce qu’avant que Tom Boonen devienne un véritable spécialiste de Paris-Roubaix, c’est sur le “monument maison”, en Flandres, que tous les regards étaient tournés. S’il fallait choisir, c’était tout pour le Ronde. Et c’est encore le cas. En quinze ans, Quick-Step a remporté presque une édition sur deux, avec trois coureurs différents (Boonen, Devolder et Terpstra). Un quatrième, Sylvain Chavanel, aurait aussi pu ajouter son nom au palmarès.


Johan Museeuw, symbole des années Mapei, était un roi des pavés comme on en avait vu peu. Mais Tom Boonen, qui a pris sa succession, a su aller encore plus haut. Aussi bon sprinteur que flandrien, surtout dans la première partie de sa carrière, le Belge a pu collectionner les bouquets un peu partout, et c’est lui qui a porté haut les couleurs de Quick-Step. Sur les quatre principales flandriennes (Roubaix, Ronde, GP E3 et Gand-Wevelgem), où il détient chaque fois le record de victoires (partagé ou non), il compte quinze succès. Gagner autant, c’est ce qu’un Fabian Cancellara (9 succès au total sur les flandriennes), qui ne pouvait pas compter sur sa pointe de vitesse notamment, n’a jamais pu faire. Derrière le maître incontesté, on retrouve donc Niki Terpstra qui depuis cinq ans a su étoffer son palmarès petit à petit. Tout en notant qu’ici, on ne prend pas en compte, par exemple, ses deux victoires au Samyn.

Monstre à deux têtes


Il s’en est fallu de seulement quelques années que l’on ne prenne en compte les deux victoires de Paolo Bettini sur Liège-Bastogne-Liège (en 2000 et 2002). Dans l’histoire de Quick-Step, il y a donc clairement eu deux pôles. Celui des ardennaises – qui comprenait plus largement Milan-Sanremo et la Lombardie – avec l’Italien Bettini, et celui des flandriennes avec le Belge Boonen. A eux deux, au cours du siècle, les deux hommes ont rapporté douze monuments. Mais il faut aussi souligner la force de Quick-Step, celle de faire gagner des hommes qu’on n’attend pas forcément. Stijn Devolder ou Niki Terpstra, quelques années avant leurs grands succès, n’étaient pas pressentis pour se forger un tel palmarès. Philippe Gilbert, lui, s’il n’avait plus rien à prouver en signant chez Lefevere, a su transformer l’essai dès sa première saison, un signe, aussi, de la culture de la gagne qui règne, encore plus lorsqu’il s’agit des classiques.

Les rivaux font pâle figure


Voir trois ou quatre maillots bleus à l’avant de la course, aujourd’hui, est devenu une habitude. Mais cela fait des lustres que les rivaux historiques de Quick-Step s’arrachent les cheveux sur cette domination. Lotto, l’autre équipe belge, successivement menée par Van Petegem, Hoste, Gilbert, Van Avermaet puis Benoot, compte en tout et pour tout dix monuments de moins que Quick-Step sur la période. Encore plus cruel, la Rabobank, longtemps représentée par Flecha, n’en a jamais décroché un, devant se contenter de six podiums. Dans l’ensemble, l’équipe CSC (devenue Saxo puis Tinkoff), portée par des têtes d’affiche comme Cancellara ou Sagan, est celle qui s’en sort le mieux. Mais aucune formation n’a pu s’appuyer sur la même densité que Quick-Step, pas même Garmin, qui a pu compter dans les mêmes années sur Hushovd, Farrar, Vanmarcke ou Van Summeren, mais n’a décroché qu’un seul Paris-Roubaix.

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