La page Bernard Bourreau doit se tourner. En mars prochain, après les élections à la présidence de la fédération, un nouveau sélectionneur sera désigné. Ils sont trois principaux candidats sur les rangs : Jacky Durand, Alain Gallopin et Jean-Christophe Péraud. Mais lequel sera l’homme de la situation, capable de faire oublier l’épisode de Doha ?

Jacky Durand par Robin Watt

A 49 ans, le Lavallois est l’intermédiaire parfait entre le tout fraîchement retraité Péraud (39 ans) et l’ancien Gallopin (59 ans). Il a l’avantage de ne pas avoir couru avec les garçons qu’il pourrait sélectionner, mais n’est pas non plus d’un autre monde. Professionnel pendant quinze ans, vainqueur de quelques grandes courses, il a le passé nécessaire pour être respecté. Même par une bande de jeunots au palmarès pour certains aussi remplis que lui. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Bernard Bourreau a soufflé son nom il y a quelques semaines, lorsqu’il était question de son successeur.

Les coureurs eux-mêmes semblent enthousiasmés à l’idée de voir Durand devenir sélectionneur. Le double champion de France Arthur Vichot parle ainsi de “quelqu’un de compétent, qui connaît le vélo et qui est toujours à l’écoute”. En un mot, le candidat “idéal”. Seul point noir, Jacky Durand n’a jamais été dans l’encadrement d’une équipe professionnelle. Depuis l’arrêt de sa carrière, c’est surtout en tant qu’observateur qu’il s’est fait remarquer. Mais c’est aussi cette position qui lui permet de connaître aussi bien les coureurs, et cette fraîcheur pourrait être un avantage. Le baptême du feu, en tout cas, aurait de la gueule.

Alain Gallopin par Jean-Baptiste Caillet

Difficile de se présenter au poste de sélectionneur de l’équipe de France avec un meilleur CV que celui d’Alain Gallopin. L’actuel directeur sportif de Trek-Segafredo dirige des coureurs depuis plus de vingt ans. Il a oeuvré sur toutes les courses et avec tous les profils, idéal pour s’adapter aux parcours et aux sélections hétéroclites. Avec son vécu, il pourra amener un vent de fraîcheur dans une équipe de France qui a davantage fait confiance aux jeunes retraités ou aux solutions internes ces dernières années. Son travail auprès de Jan Ulrich, Lance Armstrong, Fabian Cancellara ou Alberto Contador prouve qu’il est capable de gérer un leader et le mettre dans les meilleurs dispositions.

Maintenant que l’équipe de France possède un vivier suffisamment riche pour aller chercher des médailles sur tous les parcours en ligne, son expérience comme directeur sportif chez les cadors du peloton lui confère l’autorité nécessaire pour éviter les situations inconfortables comme à Doha en 2016. Venant d’une équipe étrangère où il côtoie peu de coureurs tricolores, il aura probablement un peu plus de recul sur les forces et les faiblesses des cyclistes français. Autre hypothèse, le cadet de la fratrie Gallopin trouvera peut-être les clés pour faire briller son neveu Tony, qui a déjà fini à deux reprises parmi les dix premiers des Championnats du Monde.

Jean-Christophe Péraud par Romain Puissieux

On ne s’y attendait pas forcément, pourtant, Jean- Christophe Péraud a officialisé sa candidature pour le poste de sélectionneur national, au micro de RMC : « Je suis un compétiteur, un homme de challenge, c’est pour ça que le poste m’intéresse. On a du potentiel. Il faut mettre les choses en œuvre pour atteindre les objectifs. » Le néo-retraité a déjà reçu un soutien de poids en la personne de son ancien directeur sportif, Vincent Lavenu, et il est vrai que le Toulousain a de vraies qualités à faire valoir pour ce poste. S’il n’a pas d’expérience de manager, il a pour lui le fait de connaître parfaitement les coureurs qu’il serait amené à diriger. Jusque dans leur mentalité ou leur manière de courir.

Il y a encore quelques mois, JC Péraud discutait avec eux dans le peloton. Son statut de leader chez AG2R lui a aussi donné l’occasion de mener sur le terrain une équipe à son service. Et ses derniers mois lui ont permis de se comporter en capitaine de route pour les jeunes. Il y a chez Péraud une vraie volonté de transmettre. Sa légitimité n’est plus à prouver, au même titre que sa science de la course. Niveau caractère, on sait Jean-Christophe Péraud très réfléchi, calme et doté d’une vraie intelligence. Il est évident que ce souhait de devenir sélectionneur a été pensé et qu’il se sent en mesure d’apporter quelque chose à l’équipe de France. Nul doute qu’une relation de respect et d’écoute existerait entre Péraud et ses coureurs. De quoi repartir sur de nouvelles bases après l’échec de Doha.

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