C’est un peu comme une justification. A une semaine des Mondiaux de Doha et presque quinze jours après l’annonce de la sélection de Bernard Bourreau, Arnaud Démare et Nacer Bouhanni, choisis pour porter les couleurs françaises, ont prouvé sur Paris-Tours ce dimanche qu’ils étaient au niveau attendu.

Démare prend l’ascendant

Bien sûr, Bryan Coquard a terminé cinquième et apporté la preuve que lui aussi, sur plus de 250 kilomètres de plat, pouvait tirer son épingle du jeu. Mais personne ou presque ne doutait des qualités du garçon. En revanche, pour ce qui était la dernière répétition avant le grand rendez-vous de dimanche prochain, tout le monde attendait de Démare et Bouhanni qu’ils rassurent encore un peu. Ces dernières semaines, ils l’ont déjà fait, en levant tous les deux les bras. Sur Binche-Chimay-Binche pour l’un, au Tour de Vendée pour l’autre. Mais ils ont continué de marquer des points à Tours, et ce n’est jamais de trop. Battu par un Fernando Gaviria aussi fort que malin, Démare n’avait pas grand chose à se reprocher. Oui, il n’a pas osé sortir du peloton à 600 mètres de la ligne d’arrivée, comme le Colombien. Mais il a battu dans l’emballage final tous les autres spécialistes de la dernière ligne droite. Et c’est déjà beaucoup.

Il manquait quelques grands noms du gratin mondial, comme les Allemands et les Belges, absents de la course à la victoire. Mais le Picard s’est payé le scalp de Mark Cavendish, jusqu’à maintenant l’un des meilleurs sprinteurs de la saison, et de Nacer Bouhanni, avec qui il devra cohabiter au Qatar. De quoi presque redistribuer les cartes. Depuis plusieurs semaines, le Vosgien, leader de l’équipe Cofidis, est annoncé comme celui de l’équipe de France. Sur le papier, il va plus vite et s’avère capable de battre tous ses rivaux dans un grand jour. Mais après avoir déjà impressionné en Belgique en début de semaine, Arnaud Démare est en train de placer ses pions. Pour Bernard Bourreau, il va être très compliqué d’expliquer à l’ancien champion du monde espoir qu’il ne sera que le plan B, en cas de problème pour Bouhanni. Parce que dans la préparation aux Mondiaux, l’avantage est clairement en faveur du sprinteur de la FDJ. Même si à Tours, il était surtout frustré d’encore passer à côté de la victoire – il a décroché son troisième podium sur l’épreuve.

Ce ne sont plus des Bleus

Forcément, avec un duo aussi présent, il y a de quoi faire de la France l’une des nations favorites de la course de dimanche prochain, à Doha. Les deux leaders des Bleus ont des qualités différentes, mais un gros point en commun : ils font partie des principaux outsiders. Avec un niveau tellement semblable actuellement qu’il est très compliqué d’en placer un au-dessus de l’autre, même si c’est pourtant ce qu’il faudra peut-être faire une fois au Qatar. Ce qui peut aussi bien être une force qu’un handicap reste donc quoi qu’il arrive révélateur d’une chose : la France fait peur. A respectivement 25 et 26 ans, Arnaud Démare et Nacer Bouhanni vont se présenter au départ des Mondiaux dans la force de l’âge et avec une certaine confiance. Ce sera peut-être pour eux la meilleure opportunité de leur carrière dans leur quête d’arc-en-ciel. On a souvent eu tendance à dire ça pour des coureurs français. Mais cette fois, vraiment, c’est différent. Les deux larrons seront bien plus considérés que leurs prédécesseurs au départ de la course en ligne.

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