C’est l’attraction de ce Tour. Une étape de soixante-cinq kilomètres, qui démarre au pied du col de Peyresourde avec un départ type Formule 1 où les premiers du général partiront en tête, le tout est assez novateur pour qu’on ait envie de ne rien en louper. Mais les coureurs doivent absolument réussir à en profiter.
Marge de manœuvre : une poignée de secondes
Certains n’ont pas grand-chose à gagner, ce jeudi, et ce serait malhonnête de leur jeter la pierre. Le plus vite possible et malgré les contraintes, l’équipe Sky de Geraint Thomas et Chris Froome – c’est dans ce sens-là qu’il faut dire maintenant, non ? – tentera de se regrouper en tête de peloton pour imprimer son rythme. C’est-à-dire que les deux premiers du général ne lanceront pas les hostilités, attendant que Bernal, Kwiatkowski, Poels voire Castroviejo reviennent progressivement de l’arrière – derrière les vingt premiers du général qui s’élanceront en mode « grille de départ », les coureurs seront répartis dans quatre sas en fonction de leur classement. Mais face au duo britannique, dans le premier sas, l’équipe Movistar possèdera par exemple trois coureurs (Landa, Quintana, Valverde), quad AG2R La Mondiale (Bardet, Latour) ou Lotto-NL (Roglic, Kruijswijk) seront aussi nombreux que les Sky.
Pour tous ceux-là, l’intérêt est de se retrouver dans un rapport de force équilibré avec le duo Thomas-Froome, qui au moment du départ ne pourra compter sur aucun équipier pour faire le tempo et rappeler à l’ordre les potentiels fuyards. Alors foncièrement, l’actuel maillot jaune pourrait jouer au lieutenant pour le quadruple vainqueur du Tour, mais la situation semble moins claire, quand même, que chez les autres, où la stratégie à adopter en cas d’attaque d’un adversaire sera un peu moins floue. Reste, pour ces ambitieux qui rêvent encore de porter la tunique jaune à Paris – ou même pour les autres, qui ne penseraient plus qu’au podium – que l’équation est simple. Il faut tout faire péter avant que Bernal et compagnie viennent se poster en tête de groupe. Il faudra faire vite, donc, parce que le Colombien, actuel 23e du général, partira sans doute à bloc pour remonter en l’espace de quelques secondes et empêcher les attaques avant que certains aient eu le temps de faire quatre coups de pédale.
Le plan d’AG2R ?
Attaquer dans les cent premiers mètres, on espère donc que c’est le plan des AG2R La Mondiale. Ce mardi, Pierre Latour a eu la bonne idée de se glisser dans une échappée. La stratégie était peut-être de tenter une offensive hier, mais vu la timidité de Bardet dans l’ultime ascension, c’est peu probable. En revanche, le maillot blanc est passé de la 17e à la 13e place au général, soit quatre places de mieux sur la « grille ». Un petit bond qui pourrait faire la différence si les hommes de Vincent Lavenu prévoient quelque chose dès la ligne de départ. Latour qui attaque tout de suite, Bardet qui prend son sillage, les Movistar et les Lotto-NL qui embrayent et les Sky livrés à eux-mêmes, qui suivent mais s’isolent, déjà, à trois cols de l’arrivée. C’est peut-être la seule chance de bouleverser l’ordre établi. Evidemment, entre cadors, il y a des raisons de penser que Thomas et Froome resteraient intouchables, parce qu’ils l’ont été depuis le début et qu’ils sont les plus costauds.
Mais c’est aussi le seul moyen de voir s’ils n’ont pas une faiblesse. Froome, comme Dumoulin, sort du Giro, et c’est maintenant que cela pourrait se faire sentir. Thomas, lui, n’hésite pas à répéter qu’il n’a aucune référence sur trois semaines et qu’il peut craquer à tout moment. Ce n’est pas dit qu’il le pense, mais ça reste une possibilité. Tous ceux qui sont derrière doivent donc essayer, ou il ne faudra plus jamais se plaindre de la domination des Britanniques. ASO a sorti du chapeau une nouveauté qui ne sera peut-être pas révolutionnaire, mais on ne le saura que si certains tentent d’en tirer le maximum. Ce Tour 2018, d’abord ennuyeux, ensuite pas beaucoup plus intéressant, l’est surtout parce que les coureurs ont décidé de ne pas oser. Ils l’ont encore montré ce mardi, vers Bagnères-de-Luchon. S’ils se préservaient pour aujourd’hui, alors on est prêts à tout oublier. Sinon, ils auront simplement saboté leurs propres chances.
Pffff… Démarrer par un col aussi chiant que Peyresourde de ce côté ? Que peut on en attendre ? Coup d’épée dans l’eau ?
Quel gâchis de bitumer un col comme le Portet ! C’était un endroit magnifique et confidentiel, cela va devenir une aire d’autoroute. Il devait être impossible de le monter en vélo de route, tellement il y avait de pierres roulantes et de poussière; le vieux bitume était quasiment inexistant. A VTT, j’ignore, je ne connais pas cette pratique.
Bitume neuf, donc bagnoles, détritus et surtout graffiti sur la route. Le coup de gueule du jour. Aimer le vélo et la nature, c’est la même chose.
Merci pour le coup de gueule bienvenu. On peut ajouter la Planche des belles filles et tous les autres endroits (y compris en Espagne et Italie) saccagés au profit de la course au “spectacle” à tout prix.
La preuve qu’on peut apprécier le Tour de France et en critiquer les excès.
Merci aussi. J’avais peur de me faire brocarder en postant ce genre de chose.
Ce qui me désole le plus quand je grimpe péniblement un col pendant les vacances, c’est de voir autant de noms de coureurs peints sur la chaussée qui vont y rester des années. Souvent sur un enrobé neuf.
Et dire qu’il y a tant de monde lors du passage du Tour qu’on imagine difficilement que les coureurs puissent lire distinctement leurs noms. On peut aussi s’interroger sur l’effet “encouragement” ce cette pratique, comparativement à des encouragements verbaux :-)
Le Tour a encore payé son tribut à la descente du Portet d’Aspet.
Une suggestion à ASO : Une arrivée d’étape sur ce versant, 4,5 kilomètres à 17%, ça ferait un sacré dégât, non ?
Ah oui, bravo pour ton pseudo qui m’a bien fait marrer quand j’ai réalisé le jeu de mots.
+ 1 pour la Planche des Belles Filles.
Finalement, beaucoup de bruit pour pas grand chose… Le mode grille de départ n’a pas changé grand chose à la course…