Au terme d’une fin d’été et d’un début d’automne où il aura marché sur l’eau, Thibaut Pinot se pointe comme l’un des favoris du Tour de Lombardie, ce samedi. Alors ce statut, le Franc-Comtois n’en veut pas, sans doute parce qu’il aime tellement cette course qu’il veut avoir le droit de la courir sans pression. Mais on est forcés d’avoir à l’esprit sa forme du moment.

Aérien depuis un mois

« Je pense que je suis un outsider pour le Tour de Lombardie », disait Pinot en début de semaine. Ne lui parlez pas d’être favori, lui n’en veut pas. Il laisse ça au tout récent champion du monde Alejandro Valverde, au tenant du titre Vincenzo Nibali ou aux frères Yates, revanchards après leur Mondial raté. Pourtant, quoi qu’il en dise, c’est bien ce qu’est le Français, virevoltant depuis le mois de septembre. Reprenons le fil : deux victoires d’étapes en cinq jours, sur la Vuelta, une impression incroyable laissée sur le parcours d’Innsbruck, où il était incontestablement l’un des plus forts, une deuxième place aux Trois Vallées Varésines, en début de semaine, et une victoire sur la prestigieuse semi-classique italienne Milan-Turin, mercredi. Tout ça en à peine plus d’un mois. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu le leader de Groupama-FDJ dans une telle période de succès.

« Cette victoire en Italie, je la voulais, disait Pinot à L’Equipe, après Milan-Turin. Je me l’étais promise à la Vuelta. » Le cataclysme du mois de mai, lorsqu’il avait abandonné le Giro sur la dernière étape de montagne, est ainsi rangé au placard. Les routes italiennes, qui lui ont fait tant de mal au printemps, lui ont cette fois apporté un succès qu’il attendait pour pouvoir définitivement passer à autre chose. Il pourrait d’ailleurs en décrocher un deuxième, samedi à Côme, où les autres favoris, en tout cas, auront un œil sur lui. Parce que Pinot marche sur l’eau comme personne, depuis septembre, si ce n’est Valverde, comme souvent, en plus porté par un maillot arc-en-ciel qu’il a si longtemps attendu. Mais à Milan-Turin, le Français l’a battu et l’a souligné. « C’est quelque chose qui restera », glissait-il. Cela resterait encore plus s’il le rééditait sur le dernier monument de la saison.

L’amour de la Lombardie

Depuis qu’il est acté qu’il aurait seulement un rôle de lieutenant aux Championnats du Monde, c’est après ce Tour de Lombardie que court Pinot. Ce sont ces 240 kilomètres entre Bergame et Côme qui l’ont motivé à s’arracher, ces dernières semaines. Parce qu’il aime l’Italie, et l’épreuve lombarde un peu plus encore que le reste. Il y a rarement fait de la figuration, et il s’approche même de la victoire, année après année. Troisième en 2015 (derrière Nibali mais devant Valverde), cinquième il y a un an, arrivant pour la troisième place (derrière Alaphilippe, deuxième, et Nibali, encore). Tout lui plait et tout lui convient, sur les routes de Lombardie. Qu’il se dise outsider ou assume d’être favori n’y change donc pas grand chose. Il sait ce qu’il a à gagner. Un premier monument, ce que seul Arnaud Démare, dans le peloton français actuel, peut se targuer d’avoir pour le moment.

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