Ce dimanche sur Paris-Tours, Sylvain Chavanel a disputé, à 39 ans, sa dernière course en ligne chez les professionnels. Il lui reste le Chrono des Nations, ce week-end, avant de définitivement tirer sa révérence. Un tournant pour le cyclisme français, un peu plus d’un an après la retraite de l’autre figure tricolore des années 2000, Thomas Voeckler. Retour donc sur la carrière de « Chava » en cinq dates.

8 octobre 2000, Paris-Tours

Sylvain Chavanel est un tout jeune coureur de 21 ans, qui termine sa première saison chez les professionnels et a goûté à la victoire dix jours plus tôt, sur le Circuit Franco-Belge. Quand arrive Paris-Tours, il est alors plein d’ambition. Il a encore très peu d’expérience sur des courses de ce calibre, même s’il a pris le départ – sans arriver dans les délais – de Paris-Roubaix au printemps, mais il est persuadé que sa forme peut lui permettre de faire un exploit. Il avait vu plus ou moins juste. A l’arrivée, c’est Andrea Tafi qui s’impose en solitaire, mais Chavanel, plus tôt dans la journée, aura passé plus de 200 kilomètres en tête de course, comptant à un moment jusqu’à 35 minutes d’avance. Le grand public découvre le bonhomme, déjà capable de longs raids solitaires qui resteront comme l’une de ses spécialités.

10 juillet 2010, Tour de France

Au firmament de sa carrière, Sylvain Chavanel connaît une semaine de rêve. Quelques jours avant ce 10 juillet, il a remporté l’étape de Spa et décroché par la même occasion le maillot jaune. Mais cette journée pluvieuse avait été marquée par la chute des frères Schleck et la neutralisation de la fin de l’étape, sous les ordres d’un Fabian Cancellara laissant ainsi le champ libre au Français. Alors le garçon veut remettre ça, cette fois-ci sans l’aide de personne. Vers la Station des Rousses, plus fort que jamais, il s’offre alors un numéro dans lequel il reprend au passage son ami et coéquipier Jérôme Pineau. A l’arrivée, il décroche sa deuxième étape et récupère un paletot de leader qu’il avait cédé sur les pavés du Nord. Il ne le gardera pas plus longtemps que la première fois, la faute à la montagne au programme dès le lendemain. Mais il en avait profité comme il fallait.

3 avril 2011, Tour des Flandres

Quiconque était devant sa télé, ce jour-là, nourrira le regret éternel de ne pas avoir vu le Français remporter un monument qui semblait accessible. Chez Quick-Step, « Chava » devient un flandrien réputé. Mais il doit faire avec la présence du monstre sacré Tom Boonen, qui porte le même maillot. Alors dans le final du Ronde, même esseulé à l’avant avec Nick Nuyens, il garde un œil sur ce qu’il se passe un peu derrière, persuadé que son leader va revenir et qu’il va lui emmener le sprint. L’erreur d’une carrière, peut-être. Trop hésitant, ne sachant pas s’il doit attendre ou pas un groupe qui revient à seulement quelques longueurs, il se fait piéger par Nuyens et termine deuxième. Là où un Stijn Devolder avait profité du marquage autour de Boonen pour s’imposer deux fois sur le Tour des Flandres, Chavanel, lui, aura échoué une fois sans jamais revoir l’opportunité se présenter.

26 juin 2011, Championnats de France

Malgré son statut de fer de lance du cyclisme français, Sylvain Chavanel court encore, à l’époque, après le maillot bleu-blanc-rouge du champion de France. Déjà sacré trois fois sur le chrono, il attend encore son heure sur la course en ligne. Cette édition à Boulogne-sur-Mer sera la bonne. Face à des équipes françaises qui viennent en nombre, lui est bien isolé, seulement accompagné de Jérôme Pineau. Avant la course, il y croit seulement à moitié. Mais il finira en solitaire, quelques dizaines de secondes devant Anthony Roux et Thomas Voeckler. Un titre sur lequel il revenait, ce week-end, au moment de faire le bilan de ses dix-neuf années de carrière. « Je peux dire que c’est ce qui m’a le plus marqué », disait-il à L’Equipe. Il connaîtra de nouveaux podiums par la suite, en 2013 et 2015, mais plus jamais ce maillot tricolore.

29 juillet 2018, Tour de France

En arrivant sur les Champs-Elysées, en juillet dernier, Sylvain Chavanel est entré un peu plus dans l’histoire de la Grande Boucle. Il est devenu le deuxième coureur à terminer seize Tours de France après Joop Zoetemelk. Mais il est le seul à avoir pris le départ de l’épreuve à dix-huit reprises. De 2001 à 2018, sans jamais manquer une édition. Stuart O’Grady et George Hincapie, dix-sept Tours au compteur, sont relégués sur la deuxième marche du podium. Le Français est seul, tout en haut de ce classement. Déjà présent pour voir Laurent Jalabert ramener à Paris son premier maillot à pois, à l’été 2001, et toujours là pour voir Julian Alaphilippe lui succéder cet été. Un exemple de longévité et d’abnégation, qui aura su boucler la boucle en terminant sur la course qui l’a révélé, dans l’équipe où il avait commencé.

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