La poussière et les cailloux n’ont pas fait que des heureux ce dimanche, mais, ils ont confirmé que Søren Kragh Andersen était un coureur de talent. Déjà deuxième de Paris-Tours l’an passé, il a su s’imposer cette fois sur l’avenue de Grammont, où volaient quelques feuilles mortes, comme pour rappeler, qu’il s’agissait bien là d’une classique de fin de saison.

Chemins et modestie

Sur ce nouveau tracé jonché de chemins de vignes, le Danois s’est senti presque comme à la maison. « J’adore ces parties de chemins, je trouve ça fun, disait-il après sa victoire. Je suis plutôt à l’aise sur ce terrain car au Danemark, c’est relativement habituel d’en trouver dans nos courses (notamment sur le GP Herning, ndlr). En plus, pour m’amuser, j’ai l’habitude d’en prendre à l’entrainement, donc je n’étais pas vraiment dépaysé. » En confiance, le jeune coureur de 24 ans a su faire preuve de sang-froid en plaçant une attaque tranchante à onze kilomètres de l’arrivée. Après un court contre-la-montre individuel pour résister à Terpstra et Cosnefroy, il pouvait ainsi savourer.

Une victoire révélatrice du caractère de Kragh Andersen. C’est un garçon calme, réfléchi et qui sait prendre les bonnes décisions. D’ailleurs, c’est ainsi qu’il envisage sa carrière : étape par étape, sans coup de folie. Sa progression est linéaire et ses performances très encourageantes au vu de son jeune âge. Mais au moins face à la presse, il se garde bien d’étaler de folles ambitions. La modestie est de rigueur. « Le plus important pour moi est de prendre le temps de grandir. Je veux juste progresser au quotidien, sur le vélo mais aussi en dehors, dit-il. Je veux continuellement m’améliorer pour devenir un bon athlète et une bonne personne. Je suis un garçon patient. » On veut bien le croire sur ce point, parce qu’il n’enfile pas les victoires comme des perles – quatre chez les professionnels. Mais sa réputation s’est construite patiemment et depuis longtemps.

Guldhammer, le ski et le Ronde

Dès les catégories jeunes, il se fait remarquer, d’abord sur la Course de la Paix Juniors en 2012. Sur une édition dominée par les Danois, il termine deuxième derrière son compatriote Eg Nicklas et deux places devant Mads Pedersen, tous les deux chez Trek aujourd’hui. Trois ans plus tard, après un apprentissage en troisième division chez Trefor, où il côtoie les anciens espoirs danois Alex Rasmussen et Rasmus Guldhammer, il remet ça sur le Tour de l’Avenir. Cette fois, il remporte deux étapes dont le prologue et une étape accidentée. De quoi décrocher un contrat chez Sunweb (Giant, à l’époque) et ouvrir la voix à une flopée d’espoirs plus jeunes de quelques années seulement – Mikkel Bjerg, Jacok Egholm, Julius Johansen, pour ne citer qu’eux.

En dehors du vélo, le lauréat de Paris-Tours est un véritable passionné des grands espaces, adepte de la pêche, la randonnée ou le ski, chez lui au Danemark. Mais il n’oublie pas le vélo. Très polyvalent, il sait rouler vite et longtemps, de quoi l’imposer au départ comme un rouleur. Mais il sait aussi passer les bosses et apprécie tout particulièrement les pavés. Son rêve ultime ? Remporter le Tour des Flandres. Au printemps, c’est son compatriote Mads Pedersen qui y a crevé l’écran en terminant deuxième derrière Terpstra. Mais il espère vite faire aussi bien. « Cette année, j’ai joué de malchance mais cette course me fait littéralement vibrer, concède-t-il. L’année prochaine, ce sera un vrai objectif et j’espère y arriver encore plus fort. » Kragh Adersen est prêt. Nous aussi.

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