Un peu plus de treize mois après avoir fait pleurer la France, un jour d’étape qui passait par l’Iseran, Thibaut Pinot est habité par une mission. Celle de gagner le Tour face à Egan Bernal et les Jumbo-Visma, de reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée l’an passé et de réaliser le plus grand exploit du cyclisme français depuis plus de trente ans. Rien que ça.
Ce qu’il a appris et qui va le faire gagner
Il veut gagner le Tour
C’est sûrement le plus gros changement intervenu dans les dix-huit derniers mois. Thibaut Pinot, l’homme qui ne jurait que par la tranquillité, quand bien même elle est incompatible avec le statut de sportif professionnel, surtout quand on passe chaque jour à la télévision devant des millions de téléspectateurs, est désormais prêt à s’exposer. Il n’a plus peur, ni d’être reconnu dans la rue, ni qu’on lui parle du Tour de France remporté par Bernard Hinault il y a 35 ans. Il est prêt à affronter l’armada Ineos et désormais celle de Jumbo-Visma. Il aime le Giro et l’Italie, viscéralement, mais son attention est désormais sur la Grande Boucle. A 30 ans, c’est un changement énorme, celui qui peut lui permettre, après avoir touché du doigt cet objectif nouveau qu’est le maillot jaune, d’aller le chercher pour de bon. Il a parfois été question du mental de Thibaut Pinot, qui définitivement, n’est plus un problème, si tant est que ce le fut à un moment donné. Son physique laisse place à des interrogations, sans doute éternelles, mais sa tête, plus du tout.
Il a le niveau des cadors
On se rappelle qu’en 2014, dans les plus grosses pentes du Tour, Thibaut Pinot, 24 ans à l’époque, était le seul, souvent, à pouvoir accrocher la roue de Vincenzo Nibali l’espace de quelques instants. Il était alors un gamin avec le maillot blanc sur les épaules, pas grand-chose à voir avec le coureur qu’il est devenu et le statut qu’il a acquis. Mais une chose reste, cependant : le Franc-Comtois n’a aucune raison d’avoir peur de qui que ce soit. Il y a un peu plus d’un an, il faisait craquer Egan Bernal au Tourmalet et au Prat d’Albis. Il y a deux semaines, il était encore une jambe au-dessus du Colombien sur le Dauphiné. Peu de monde, en fait, l’a fait vaciller en montagne depuis un an. Primoz Roglic, peut-être, sur le début du Dauphiné. Mais le Slovène, le seul à pouvoir se targuer d’avoir fait vraiment mal à Pinot, a dû abandonner avant l’arrivée finale à Megève, et joue au grand bluff, depuis, quant à sa participation au Tour. Pinot, lui, est sûr d’être là, et d’être fort.
Il a assez échoué
On dit souvent qu’il faut perdre pour ensuite gagner. Alors on n’ira pas jusqu’à dire que Thibaut Pinot a beaucoup échoué, mais il est souvent passé proche de grandes choses avant de terminer bredouille. Le Giro en 2017 et 2018, le Tour en 2019, il a connu de grandes désillusions, qui n’enlèvent rien à son podium du Tour en 2014, à ses prestigieuses victoires à l’Alpe d’Huez et au Tourmalet, ou à son Tour de Lombardie. Mais il a assez connu les déceptions de troisième semaine pour savoir, désormais, comment gérer ces moments critiques où tout se perd et se gagne. Il y a un an, c’est une blessure sortie de nulle part et pas vraiment expliquée, depuis, qui a mis fin à ses rêves de maillot jaune. Son corps est imprévisible et Pinot le sait. De quoi mieux appréhender un Tour de France et les inconnues que cela suscite.
Ce qu’il n’a pas encore appris et qui peut le faire perdre
Devoir gérer la course
Le Critérium du Dauphiné lui a offert un test, l’occasion de rassurer tout le monde, de montrer qu’il était en phase avec ses objectifs, complètement capable de tenir la course quand il le faudrait. Mais sur une dernière étape orpheline d’Egan Bernal et Primoz Roglic, le Français a craqué. Attaqué de tous les côtés, il a fini par vaciller et sans même avoir eu le droit de porter le maillot jaune, il l’a laissé filé entre ses doigts. Alors oui, sur le Tour, il n’aura sûrement pas sept coureurs à surveiller lors de la dernière étape de montagne, et son équipe est censée y être un peu plus fournie, aussi. Mais s’il hérite du maillot jaune, tous ses adversaires sauront qu’il est plus friable que Bernal, Dumoulin ou Roglic, précisément, rodés à l’exercice, tous déjà vainqueurs d’une course de trois semaines et entourés par les meilleurs lieutenants du peloton. Cela fera forcément une différence. Y compris dans la tête de Thibaut Pinot, qui gardera en mémoire cet épisode.
J’aimerais y croire, mais il y a trop de signes contraires :
-son incapacité à gérer la pression.
-sa faiblesse dans les bordures.
-son physique fragile.
-son équipe incapable de contrôler la course.
-son incapacité à conclure même quand la situation est idéale (hormis pour les victoire d’étape et courses d’un jour).
Il faudrait vraiment un alignement des planètes exceptionnel pour qu’il gagne : Roglic, Bernal et Dumoulin, voire Pogacàr pas au mieux, une prise de maillot tardive (à deux jours de l’arrivée au plus.)
L’an passé, il a eu sa chance : équipe Ineos faible, Thomas mal préparé, Alaphillippe qui concentrait l’attention des suiveurs et lui ôtait de la pression et une fin de Tour tout en montagne, assez aisée à contrôler. Cette année, avec Jumbo, ça risque fort de ne pas être la même !
Cauchemar: ” le maillot jaune qui avait dix minutes d’avance sur son second la veille de l’étape des Champs-Elysées est mis hors course car deux de ses équipiers viennent d’être testés positifs…”
Positifs au Covid-19, pas à l’EPO ;-)
Bien entendu!
Oui le site l’équipe est coutumier de ces articles “putaclics” dont le titre annonce que tel coureur a été “contrôlé positif” (au Covid bien sûr, mais il faut lire l’article pour le comprendre !)
Si tout le monde est à 100%, ce sera lui le meilleur en montagne. Est-ce que ça suffira ? J’espère. Pinot a suffisamment mangé son pain noir ces dernières années.
Sans doute, mais d’une part de nos jours même en étant le meilleur, on ne creuse plus des écarts comme dans les années 90 où il n’était pas rare qu’un coureur prenne une à deux minutes dans un col (ça attaquait dès le pied). Aujourd’hui quand un coureur prend vingt secondes, c’est déjà une performance.
D’autre part, il n’y a pas que la montagne et si Pinot ne perd pas bêtement des minutes dans une bordure comme ce fut le au Tour 2014, 2019, à la Vuelta il y a quelques années. Il est coutumier du fait. Sans parler des défaillances…
Tu as tout dit Robin, Pinot est face a son destin et c’est a lui et a lui seul d’aller la chercher. L’année passée toutes les conditions étaient réunies :
– Il arrive sur le tdf sans pression
– Alaph’ focalise l’attention des médias et la pression franco-française
– Il est le premier des favoris derrière alaph et donc le mieux placé pour le CG avec que les alpes a finir avant paris et plus de chrono
– La concurrence était relativement faible, avec le seul bernal (22 ans) comme rival (les autres étaient moins fort en montagne) et il devait seulement se défendre et grapiller des secondes dans les derniers kms…
Le problème c’est qu’il a eu un bloc psychophysiologique pile au moment ou il avait rdv avec son destin et devenir finalement le coureur qu’il a le potentiel de devenir. Donc en conclusion, les chances de pinot di gagner dépendent avant tout de lui, peu importe la concurrence, tant qu’il n’arrive pas a sortir de cette spirale il pourras être 3 jambes au-dessus de tout le monde qu’il ne gagnera pas quand-mème
Bonjour à tous,
le Tour approchant à grand pas, mais la rentrée aussi, il ne sera pas possible de regarder en direct les étapes. Je n’ai pas la possibilité de les enregistrer non plus, pas la box qu’il faut pour ça à la maison.
Est-ce que l’un d’entre vous aurez un site pour regarder les étapes le soir, et sans connaître le vainqueur à l’avance dans le titre de la vidéo de préférence :) ?
il y avait bien le site videodecyclisme.fr, mais la partie “no spoiler” n’est plus alimentée.
Merci à tous et bon Tour de France ! allé Pinot !!
Une question des plus importantes! Il n’y a pas si longtemps, du temps de pluzz, francetv avait une image neutre avec simplement le titre de l’étape et la date, garantie donc sans spoiler. Dorénavant ils ont abandonné cette délicatesse et il devient difficile de regarder une étape sans connaître le vainqueur (image de l’arrivée + titre résumant le dénouement de l’étape.
Pour ma part ce sera sur le site de FranceTV en essayant de ne pas lire le titre et en espérant une image pas trop révélatrice ou en espérant qu’ils reviennent à quelques choses de neutre
C’est donc sur le site directement et pas sur l’appli Francetvsport.
Merci !
Son mental n’est, définitivement, plus un problème ? La dernière étape du Dauphiné tend à indiquer le contraire. Certes il n’était pas dans son meilleur jour, notamment en raison de sa chute de la veille, mais sa fin d’étape montre que les jambes n’étaient pas si mauvaises. Il craque d’abord mentalement et se démobilise complètement en voyant qu’il est attaqué de toutes parts et qu’il n’a pas les jambes pour répondre (il jette même son bidon sur le coup de la frustration).
En quoi le fait de savoir que son corps est imprévisible lui permettrait de mieux appréhender le Tour ? Avoir conscience de sa santé fragile ne réduit pas le risque que son corps le lâche à un moment ou à un autre et n’est donc pas un gage de sérénité, au contraire.
Je n’ai pas la même lecture de la course. Il se remobilise dans la dernière côte, certes, mais dans Domency, il baisse les bras à un moment, il est en queue de groupe comme s’il se désintéressait de la course. C’est là qu’il perd les 30 secondes qui lui manquent à la fin. Quand on sait comme le Tour peut se perdre pour pas grand chose, s’il baisse les bras quelques minutes dans une étape, ça peut être rédhibitoire. Jalabert l’a très bien dit, dans l’épisode de Domency on fait cadeau de presque une minute aux attaquants. Dans la dernière côté c’était trop tard, car tout le monde est à bloc et on ne peut plus reprendre un temps conséquent. Le mental n’a clairement pas suivi là. Pinot, en tant que premier du général, même à la peine, se devait d’être devant, rouler pour contenir la perte de temps en attendant des moments meilleurs (par exemple qu’on le relaie une fois la côte passée). Ca me laisse le sentiment qu’il préfère être le chasseur plutôt que le chassé, car il se remobilise lorsque c’est déjà perdu : avec une minute dix au pied de la dernière ascension, seule une très… Lire la suite »