Avant même le début du Giro, il était question d’un éventuel transfert de Thibaut Pinot. Alors autant dire que plus la période du mercato approche, plus le sujet revient sur la table. Il y a quelques jours, Sébastien Reichenbach, lieutenant du Français, a assuré qu’il le suivrait où qu’il aille. Mais alors, doit-il quitter Groupama-FDJ ?

Oui par Robin Watt

Marc Madiot, depuis qu’il est question de la prolongation de Thibaut Pinot, se montre confiant. Sébastien Reichenbach a lui aussi confié qu’il y avait de grandes chances, malgré tout, pour que le Franc-Comtois ne change pas de crèmerie. Mais le garçon n’aurait-il pas intérêt à aller voir ailleurs ? Les équipes à la recherche d’un leader de son calibre sont nombreuses, là n’est pas le problème. Dans un bon tiers si ce n’est la moitié des équipes World Tour actuelles, il aurait sa place comme leader. Il n’aurait donc pas grand chose à y perdre. En revanche, il pourrait y gagner énormément. Le temps où certains aimaient avancer que les équipes françaises s’entraînaient mal est révolu, mais voir ce qui se fait ailleurs, peu importe d’où l’on vient, ne peut être que bénéfique.

A 28 ans, Pinot pourrait ainsi voir autre chose, progresser éventuellement là où il stagne. Changer son programme, aussi, parce que dans une équipe non-française, le Tour de France ne serait pas un passage obligé annuel. Son désir enfoui de doubler Giro et Vuelta, ce que lui refuse pour le moment son équipe, pourrait devenir une réalité. Chez Groupama-FDJ, et c’est logique, on lui demandera toujours d’être là en juillet. La pression, elle aussi, sera différente loin de ses frontières. Lui qui aime tant l’Italie mais a du mal, depuis plusieurs années, à assumer les attentes qui pèsent sur lui dès qu’il s’agit de courir en France, pourrait vivre des saisons plus tranquilles psychologiquement et plus réussies sur le plan des performances. Du gagnant-gagnant, en somme. Ça mérite au moins d’être essayé.

Non par Baptiste Allaire

Malgré les critiques, Thibaut Pinot a peu de raisons de vouloir quitter Groupama-FDJ. Depuis ses débuts pros en 2010 dans l’équipe de Marc Madiot, le Franc-Comtois a réellement progressé. Certes, ses derniers résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, et certainement des siennes. Mais le Français s’est imposé comme l’un des premiers noms à cocher dans la liste des favoris d’un grand tour. Sans sa défaillance sur les routes de Cervinia, le Français aurait cette année accroché un podium sur son deuxième grand tour différent, une performance qu’aucun tricolore n’a réalisé depuis Laurent Fignon dans les années 1980. Et une performance rendue possible par le soutien du staff de l’équipe, représenté par un Marc Madiot qui lui a permis d’aller sur le Giro deux années de suite pour fuir la pression du Tour de France.

Le Franc-Comtois ne se sent bien que dans sa maison de Mélisey, et son équipe lui accorde le confort de rester vivre dans sa région natale. Quitter Groupama-FDJ est bien plus qu’un choix sportif : c’est un changement de vie total. Or Pinot est-il prêt à sacrifier son bonheur pour sa carrière ? Probablement pas. Peut-être pourrait-il viser plus haut, dans une équipe avec plus de moyens et d’ambitions. Mais le garçon ne se nourrit pas de rêves inaccessibles. Groupama-FDJ bâtit autour de lui depuis trois ans et engage des lieutenants de qualité comme Sébastien Reichenbach. Aller voir ailleurs, c’est quitter le cocon familial de Marc Madiot, perdre la confiance de ses dirigeants et subir la concurrence. Bref, se mettre dans une situation inconfortable que Pinot n’a visiblement pas les moyens de gérer. Thibaut Pinot est à l’aise dans son équipe, et ne devrait pas en bouger.

Selon vous, Thibaut Pinot doit-il quitter Groupama-FDJ ?

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