A Lans-en-Vercors, ce jeudi, on n’attendait pas vraiment que Warren Barguil vienne disputer la victoire à des puncheurs plus aguerris. Mais le voir lâché dans la montée finale a de quoi poser question. A un mois du départ du Tour, doit-on s’inquiéter pour celui qui est devenu le chouchou du public en juillet dernier ?

Oui par Robin Watt

En façade, chez Fortuneo-Samsic, on joue la carte de la confiance. Il n’y a toujours de victoire cette saison, mais du manager Emmanuel Hubert jusqu’aux coureurs et aux directeurs sportifs, personne ne tire vraiment la sonnette d’alarme. Pourtant, ce qui aurait été en temps normal une mauvaise première partie de saison le devient encore plus avec le recrutement de l’hiver et l’arrivée de Warren Barguil. Le Breton devait faire passer la formation dans une nouvelle dimension, il est pour l’instant à l’arrêt. Depuis quelques semaines, il concède ci et là qu’il est dans une mauvaise passe, que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, que ce soit les siennes ou celles de ses dirigeants. Mais cette lucidité, en vérité, ne change rien au problème.

A un mois jour pour jour du départ du Tour de France, celui qui avait décroché deux étapes et le maillot à pois l’an passé navigue encore en eaux troubles. Transparent sur ce début de Dauphiné, il a même été lâché prématurément sur la première étape de moyenne montagne, ce jeudi. Tout sauf rassurant. Certains diront qu’il avait déjà eu une mauvaise préparation avant la grande messe de juillet, l’année dernière, mais il avait réalisé un printemps plus que correct et se trouvait en reprise après une blessure au bassin. Cette fois, il court simplement après la forme depuis le début de saison. Et il n’y a pas de raison qu’elle arrive par magie. « Si ça marche sur le Tour, tout le monde aura oublié le début de saison », assurait-il à L’Equipe avant le Dauphiné. Il dit vrai. Mais pour l’instant, ça n’en prend pas le chemin.

Non par Charles Antoine Nora

N’allons pas trop vite dans nos conclusions : le Breton nous a déjà montré par le passé qu’il alternait régulièrement entre les hauts et les bas. L’an dernier, il n’a atteint son pic de forme que sur le Tour, alors que trois semaines plus tôt sur ce même Dauphiné, il finissait à une anonyme 33e place au classement général. Sur la première étape de haute montagne, qui se terminait à la Motte-Servolex, il avait même franchi la ligne avec près de six minutes de retard sur le vainqueur du jour, Jakob Fuglsang : bien plus alarmant que ce que l’on a vu aujourd’hui. Alors oui, le Barguil version 2018 n’est plus le même dans l’imaginaire des Français. Les attentes sont bien plus grandes, et légitimes, mais rien ne sert de vouloir se précipiter.

Le garçon le confiait sans détour au début du Dauphiné, au micro d’Eurosport : « Je ne suis pas là pour accrocher un top 10 ou un top 15 puis passer complètement à côté de mon Tour. C’est tout pour le Tour et, au Dauphiné, on verra bien. » Voilà la devise de quelqu’un qui sait ou se situent ses objectifs. Warren Barguil, c’est quatre victoires chez les pros : deux sur la Vuelta et deux sur le Tour. Il n’est pas du genre à s’éparpiller. Surtout, il doit cette année s’accommoder d’un transfert et d’une arrivée dans une nouvelle structure où il doit s’emparer du leadership. Avoir besoin d’un temps d’adaptation est tout sauf anormal, et Barguil, une fois ses complications du printemps – sur le vélo comme en dehors – mises de côté, pourra de nouveau faire vibrer les foules en juillet.

D'après vous, Warren Barguil aura-t-il retrouvé son niveau d'ici le départ du Tour de France ?

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