Après dix jours sans montagne mais avec beaucoup de pièges et deux chronos, déjà, Nans Peters est troisième du général et maillot blanc du Tour d’Italie. Une récompense en forme de demi-surprise pour ce coureur complet, qui a su faire la différence sur l’étape accidentée de L’Aquila puis sur le contre-la-montre de Saint-Marin.

Une ascension crescendo

Nans Peters est un pur produit de la formation AG2R La Mondiale, passé comme beaucoup par le club du Chambéry. Dans ses jeunes années, il y a ainsi côtoyé certains de ses futurs coéquipiers comme Benoît Cosnefroy ou Aurélien Paret-Peintre. Mais l’Isérois, passé professionnel à presque 23 ans, ne s’est pas précipité. « Nans avait encore quelques attentes au niveau amateur, tempère son directeur sportif chez AG2R, Didier Janel. Il faut prendre son élan et pas brûler les étapes. » Discret chez les juniors, il se fait une place en équipe de France chez les espoirs, où il fait parler ses qualités de rouleur et devient un élément important, coureur le plus capé de la sélection. En 2015, il est ainsi aligné une première fois sur le Tour de l’Avenir, avant d’y revenir en 2016 pour aider David Gaudu à remporter le général.

C’est après ça, en 2017, qu’il intègre AG2R La Mondiale. Avec un profil qui interpelle. « Quand il est arrivé, on l’a plutôt figé comme un coureur de classiques, détaille Didier Janel, présent sur le Giro. Mais lui nous a toujours dit : ‘Non, je me sens plutôt comme un coureur complet.’ Ce n’est pas un coureur qui veut absolument rentrer dans une case. » Peters n’est pas celui qui va passer le sommet d’un col en tête, mais il sait allier qualités de rouleur et de grimpeur. En 2016, il termine même quatrième du Tour de l’Ain. Il n’a pas encore gagné chez les professionnels mais sa polyvalence lui permet pour l’instant de jouer placé dans certains classements généraux, dont celui du Tour d’Italie, où il est actuellement troisième. Présent dans la plaine, il est allé chercher le maillot blanc sur les étapes accidentées, limitant les dégâts sur Madouas et Carboni, puis sur le chrono, où il a devancé ses adversaires directs.

Un homme des grands espaces

Le garçon, finalement, aime la variété. Que ce soit en course ou à l’entraînement. « Je n’aime pas les terrains trop plats, expliquait-il sur Direct Vélo. J’ai besoin d’enchaîner les bosses courtes et raides pour me sentir bien. J’apprécie beaucoup la descente aussi. Et puis, il me faut un décor montagneux. » Peters, finalement, est un homme qui apprécie les grands espaces. Son prénom peu courant est une référence à la série des années 1970 « Nans le Berger », et ça correspond en partie au caractère du coureur de 25 ans. « De façon générale, j’ai besoin d’être en extérieur, assurait-il il y a quelques années. C’est presque vital pour moi. Je ne comprends pas les gens qui font du tennis par exemple. »

Plus jeune, Nans Peters pratiquait le ski de fond en club, chose qu’il perpétue l’hiver venu. La montagne, ça le gagne. L’Isérois s’y sent bien. « Pourquoi ne pas habiter un jour dans le Jura, dans le Massif Central ou dans les Pyrénées ? », poursuit-il. En attendant de peut-être déménager, c’est dans les Alpes qu’il s’est mis au vélo, pour ne jamais en sortir. « Il court juste et il prend aussi beaucoup de plaisir, retient Janel. Il a vraiment mordu au cyclisme et son implication est totale. » Avec son physique un peu trapu, il résiste très bien aux conditions climatiques difficiles. Ajoutez à cela l’adrénaline du Giro et vous obtiendrez sa réaction au terme du chrono de Saint-Marin, disputé dans des conditions apocalyptiques : « Je n’ai même pas fait gaffe qu’il pleuvait ! »

Un maillot à défendre

Peters sait faire sourire. Partager, aussi. Sur son site internet, il recense et met à disposition ses données, ainsi qu’un petit résumé de sa journée sur le vélo. « Il est apprécié de tout le monde, il échange beaucoup et est vraiment agréable à vivre. Il a toujours un petit mot pour rire », note son directeur sportif. Un bout-en-train qui sait aussi prendre ses responsabilités. « Nans, quand il a quelque chose à dire, il va vous le dire, reprend Didier Janel. Il ne va pas faire dans la demi-mesure. C’est une qualité, même si parfois ça peut-être un défaut. » Sur ce Tour d’Italie c’est avec Ben Gastauer, son compagnon de chambre, lui aussi ancien de Chambéry, qu’il est le plus à même d’échanger. Le benjamin de l’équipe, sur les routes italiennes, est ainsi accompagné de l’un des coureurs les plus expérimentés de l’équipe – après Hubert Dupont.

Mais le Français sait aussi se gérer seul. « Dans son travail, c’est quelqu’un de rigoureux, de très méticuleux, analyse Didier Janel. Il sait où il veut aller. » Nans Peters a ainsi validé une licence en Sciences pour l’ingénieur – mention mécanique. Un domaine qu’il affectionne particulièrement et qu’il n’a pas abandonné. « Il est très très fort en mécanique, concède son directeur sportif. Je l’ai encore vu aujourd’hui dans le camion, avec les mécanos, en train de bricoler son vélo lui-même. » Hyperactif, Peters ? Peut-être. Sa force mental, en tout cas, est son point fort. « Ma plus grosse qualité, c’est le mental, se battre, y croire, relevait-il sur la chaîne L’Equipe ce week-end. Et d’ajouter : « Je vais tout faire pour garder ce maillot blanc le plus longtemps possible. » Il le sait, pourtant, il ne pourra pas tenir jusqu’à Vérone face à Lopez ou Oomen. Mais un maillot, ça se défend. On aurait été surpris qu’il en décide autrement.

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