Quatrième du classement général à 2’38 du maillot rose Dumoulin et 1’24 de Nibali, troisième, Pinot est encore dans la bagarre. Depuis un peu plus de deux semaines, pourtant, il alterne entre le bon et le moyen. Jamais à la rue mais souvent en difficulté, il ne laisse personne indifférent. La rédaction de la Chronique du Vélo livre ses sentiments à propos de sa course, avant les dernières étapes cruciales.
« Un grand leader et non plus un futur champion » Romain Puissieux
Non, Pinot n’est pas décevant pour l’instant. Il le sera s’il explose complètement d’ici l’arrivée à Milan. L’étape de Bormio ne s’est pas déroulée idéalement pour lui mais il reste encore à portée du podium. On attend beaucoup de lui mais il faut savoir raison garder et prendre du recul. Ces deux dernières années, Pinot a enchaîné les désillusions sur le Tour. En ce sens sa performance actuelle est plutôt rassurante dans sa quête finale de victoire sur un grand tour. Pinot a démontré qu’il avait désormais les épaules pour jouer avec les meilleurs vers le Blockhaus et sur les étapes piégeuses de moyenne montagne. Mieux encore, il a fait preuve d’une énorme progression dans son placement en plaine. Peut-être y laisse-t-il encore trop d’influx nerveux pour jouer la gagne sur trois semaines mais c’est sur ce point qu’on l’attendait. On a enfin l’impression de voir un grand leader et non plus un futur champion. On peut même voir du positif dans ce coup de mou vers Bormio : Pinot n’a pas dégoupillé mentalement comme cela aurait pu être le cas les années précédentes. Et rappelons qu’il n’a que 26 ans : à cet âge, Nibali n’avait ni Giro, ni Tour de France au palmarès. Idem pour Christopher Froome. Alors patience.
« Echouer au pied du podium serait une déception » Baptiste Allaire
Critiquer le Giro de Pinot semble un peu prématuré, avec la fin de semaine qui nous attend. Aujourd’hui, rien n’est perdu : le leader de la FDJ pointe à une minute trente du podium et se frotte à trois redoutables adversaires. Il a échappé aux nombreux pièges de la première semaine pour rester dans la course au général. Mais paradoxalement, c’est là où il est normalement le plus à l’aise qu’il a péché, en haute montagne et en chrono. A Montefalco, là où il pensait frapper un grand coup, il a finalement perdu du temps sur ses adversaires. Hier, alors qu’on l’attendait à l’attaque, il a rapidement lâché sur les accélérations de Nibali et Quintana. Coïncidence ? Ces deux déboires interviennent juste après les deux journées de repos. Problème de gestion ? Peut-être, Pinot manque encore d’expérience, surtout sur le Giro, qu’il découvre cette année. Alors oui, échouer au pied du podium serait une déception, un échec par rapport aux objectifs initiaux. Mais le garçon peut encore rêver au moins de troisième place. Et même s’il se rate, ne dit-on pas que l’échec est mère du succès ?
« Chaque fois, il nous explique ce qui ne va pas » Robin Watt
C’est une sorte de paradoxe. Une seule fois, on a vu Thibaut Pinot au niveau attendu : sur les pentes du Blockhaus. Le reste du temps, il a toujours concédé du temps. Souvent, il a limité les dégâts, d’où sa quatrième place actuelle, toute proche encore du podium. Mais à Montefalco, à Oropa et à Bormio, on attendait mieux de lui. Alors chaque fois, le Français nous explique ce qui ne va pas. Une montée sèche en fin d’étape : ça ne lui convient pas. Une étape gargantuesque avec trois cols au programme : idem, il va même jusqu’à assurer que ça ne sert à rien. Le chrono ? Une mauvaise journée. Résultat, sur les étapes importantes, Pinot ne cesse de sauver les meubles quand on espérait le voir comme animateur. On a patienté, jusqu’à la troisième semaine censée être dessinée pour lui. Mais pour le moment, le Franc-Comtois se fait attendre. Il lui reste quelques jours, peut-être ira-t-il même chercher le podium ou un peu mieux. Mais pour le moment, on ne peut pas s’empêcher d’être frustrés. A Bormio, Pinot disait ne pas être à 100%. C’est pourtant le moment où on attendait qu’il le soit.
je crois déjà que Pinot devrait gérer sa com ! Pour moi il n’est pas décevant, puisqu’il est là, ou logiquement il devrait être . Et c’est déjà pas mal, arrêtons d’attendre monts et merveilles de coureurs qui n’ont rien fait pour justifier qu’on les placent au pinacle. Pinot a le tort d’être le seul Français , avec Bardet , en qui l’on puisse croire pour gagner un grand tour. Le problème est simple, ils ne sont pas au niveau. En même temps combien de coureurs dans un peloton international comme jamais, le sont ?
n’oublions pas cet aspect des choses, il est ,plus difficile d’être un grand champion Français aujourd’hui ,qu’il y a 30 ans .
juste une précision, a voir la photo ce monsieur Pinot n’est pas sérieux, la preuve en pleine course il veut lire le journal , regarder la photo … En plus je ne sais pas s’il sait lire l’italien !
Je pense qu’il faut encore patienter avant de tirer des conclusions, il reste encre 3 belles étapes de montagne et un chrono.
A part, hier et sur le chrono, je ne l’ai pas trouvé mauvais sur le Giro et c’était à chaque fois au lendemain de journées de repos.
Maintenant, j’espère qu’il va avoir de bonnes jambes et opter pour une stratégie misant sur l’offensive. C’est bien beau d’avoir de très bons équipiers en montagne comme Morabito, Molard et surtout Reichenbach mais je pense qu’il faut qu’ils aillent dans des échappées pour que Pinot puisse attaquer d’assez loin et reprenne du temps.
Il n’a pas vraiment “assuré” que ça ne servait à rien, il l’a dit juste à l’arrivée, sous le coup de la déception en plus, en ajoutant “mais il en faut dans un grand tour”.
Et il a un peu raison, tout le monde était cuit, il n’y a pas eu de gros écarts par rapport au menu du jour ! Mais l’étape vaut aussi pour la fatigue qu’elle aura créée pour les jours suivants…
Pinot est difficile à cerner. Il est indéniablement un excellent coureur lorsqu’il est dans de bonnes conditions. J’irai même jusqu’à dire que lorsque tout va bien pour lui (parcours, condition météo, pression psychologique…) il est peut être un des meilleurs grimpeurs et finisheur (sur une arrivée en replat par exemple où il peut faire parler sa relative bonne vitesse de pointe pour un grimpeur). Le soucis vient justement de “ces conditions”. Pinot est vraiment un coureur limité, il est l’exact inverse d’un Nibali par exemple, qui a pu prouver tout au long de sa carrière qu’il était capable de gagner dans pleins de conditions différentes. En revanche, là où je reste confiant c’est qu’il a toujours été plutôt bon en dernière semaine (TDF 2014/2015), et qu’il arrive à briller lors des grosses étapes de montagne en WT. En sachant qu’il a quand même bien gérer son habituel jour sans au lendemain d’un repos, je pense qu’il peut vraiment nous étonner. Reste à savoir s’il va suivre niveau mental. Il a rarement été en aussi bonne position dans un grand tour, et jamais avec un plateau aussi relevé. D’ailleurs, une chose que l’on ne note pas assez est justement le niveau… Lire la suite »