On parlait d’étape reine, on attendait que les grimpeurs s’emploient pour faire vaciller Tom Dumoulin. Et le maillot rose a bel et bien perdu gros, mais pas comme on le souhaitait. Le Néerlandais n’a rien concédé à la pédale, mais a été victime de problèmes gastriques. On espère que le Giro ne se jouera pas là-dessus.

Déception et colère

Il reste 32 kilomètres, l’ultime ascension est toute proche, et Tom Dumoulin met pied à terre. Il couche son vélo, retire son casque et son maillot, saute dans le fossé. Malade, il baisse son cuissard et se soulage. Par respect, le réalisateur italien repasse immédiatement sur la tête de course, mais tout le monde a compris : le leader du Tour d’Italie va vivre un calvaire jusqu’à Bormio. Devant, Franco Pellizotti roule pour Vincenzo Nibali, et tout le groupe des favoris continue de faire sa course. Rien de plus logique. Un problème gastrique est un fait de course. Mais un fait de course tellement injuste, d’autant plus pour un Tom Dumoulin bluffant depuis deux semaines et qui comptait pas loin de trois minutes d’avance sur ses poursuivants ce matin. A l’arrivée, le maillot rose s’en sort et conserve une trentaine de secondes sur Nairo Quintana. Déjà un exploit.

Depuis qu’il a pris la tête de la course, on ne cesse de pointer du doigt la faiblesse de son équipe Sunweb. Elle a été criante vers Bormio. Après son incident, Tom Dumoulin a dû se débrouiller bien seul après que Laurens Ten Dam ait pris quelques courts relais. Et il a réussi à limiter la casse, concédant à peine plus de deux minutes à Vincenzo Nibali et Nairo Quintana. Pas de quoi atténuer la frustration à l’arrivée. Au micro de L’Equipe, il lui est demandé s’il est déçu ou en colère. La réponse est pleine de sincérité : « Les deux, assure le Néerlandais. Avec les jambes que j’avais, je n’aurais certainement pas perdu deux minutes à la pédale aujourd’hui. Si vous regardez, je suis monté seul depuis le pied de la dernière montée et je ne perds que deux minutes. »

Toujours leader, donc favori

Alors oui, c’est la course, et elle ne sacre pas toujours le plus méritant. Mais depuis la montée du Blockhaus, Tom Dumoulin s’était attiré tellement de sympathie – et d’admiration, aussi – qu’on était tous un peu attristés de le voir dans cette situation, ce mardi. Il y a un an et demi, sur la Vuelta, il avait tout perdu la veille de l’arrivée : parce que Fabio Aru avait été capable de l’isoler et de le lâcher. Cette fois, ses adversaires n’ont rien fait pour lui reprendre du temps : ils sont revenus dans la course au maillot rose avec pas mal de réussite. Pas le plus rassurant pour eux malgré tout : à partir de jeudi, quand va se poursuivre la bagarre, ils se rappelleront qu’ils n’ont encore jamais mis Dumoulin en grande difficulté sur ce Giro. Le Néerlandais, encore leader, sait lui qu’il est encore loin d’avoir perdu. C’est pour ça qu’il s’est accroché jusqu’au bout aujourd’hui.

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