La grande montagne et le chrono de 34,8 en pleine principauté de Saint-Marin n’arriveront qu’en toute fin de première semaine, voire plus tard. Mais pas de quoi rester tranquille pour autant sur cette première partie de Giro, où quelques écarts peuvent se former. Dans un monde où les trois dernières éditions se sont jouées pour 52 secondes ou moins, les favoris n’auront pas droit à l’erreur. Décryptage des pièges à éviter.

Étape 3 : Vinci – Orbetello

Présente ce dimanche dans l’arrière-pays toscan, la pluie est encore annoncée lundi au niveau de la côte tyrrhénienne, à l’ouest de l’Italie. De quoi crisper les coureurs du peloton, surtout en début de grand tour où les étapes sont nerveuses. Le vent marin risque d’augmenter les tensions et cette accumulation de circonstances demeure propice aux chutes. Après 205 kilomètres de fatigue mentale due à une concentration continue, l’arrivée à Orbetello sera jugée sur une presqu’île. Pour rejoindre ce bout de terre situé entre la Méditerranée et le continent, il faudra rouler le long d’une lagune totalement dégagée de tous abris de 14,5 à 5,4 kilomètres de l’arrivée. À partir du virage brutal, les équipes dotées des meilleurs rouleurs auront tout intérêt à visser plein gaz pour former une bordure le long de ces kilomètres périlleux. Ensuite, on tournera encore à 90 degrés à cinq kilomètres de la ligne avec, au choix, vent de face ou de dos. Le but sera alors de maintenir les écarts, s’il y en a. Attention aux cassures pour Yates, Nibali ou Lopez, qui ne sont pas les coureurs les plus puissants.

Écart potentiel : 10 à 20 secondes

Étape 4 : Orbetello – Frascati

Une étape cabossée de plus de 220 kilomètres pour la deuxième journée d’affilée ! Et cette fois, elle finira en légère bosse avec deux kilomètres à 4,4 % de moyenne. Qui dit arrivée en côte dit placement. Le final aura lieu dans la banlieue de Rome avec une approche sinueuse où les ronds-points et les plates-bandes s’enchaîneront. Il faudra alors avoir une équipe solide pour être au pied parmi les dix premiers coureurs du peloton. Un exercice compliqué en première semaine, puisque beaucoup de coureurs sont au top de leur condition et motivés à l’idée de courir devant. Il y aura certainement un petit bouchon dans des rues où il peut y avoir jusqu’à six coureurs de front. Si celui qui vous précède est à la peine, il sera difficile de le doubler. Le placement sera également primordial pour les moins bons puncheurs qui essayeront de limiter la casse sur Yates et Roglic, à leur avantage sur les efforts courts, qui pourraient être tentés de se mêler à la victoire d’étape. Il ne faudra surtout pas connaître une mauvaise journée, auquel cas l’écart pourrait avoisiner la demi-minute. Les coureurs dépourvus d’une bonne giclette et moins bien entourés, comme Dumoulin et Nibali, seront à surveiller.

Écart potentiel : 5 à 25 secondes

Étape 7 : Vasto – L’Aquila

Le dénivelé total est plus important que celui de la quatrième étape, mais les différences se feront vraisemblablement sur la bosse finale qui est un petit peu moins longue. Il faut cependant se focaliser sur la ville en elle-même : L’Aquila. C’est la cité la plus froide d’Italie, où les températures saisonnales sont les plus basses. Avec un temps qui continuera d’être maussade depuis le départ de Bologne, le thermomètre risque de descendre. Même si de nos jours, toutes les formations du World Tour sont équipées, ces éléments climatiques auront éventuellement quelques répercussions à posteriori. Les coureurs les plus frêles, affûtés pour passer au mieux les cols à plus de 2000 mètres des prochaines semaines, auront pour hantise d’attraper un virus inopportun. Les organismes seront mis à rude épreuve et si l’on venait à assister à un scénario dantesque, il est probable que les écarts se creusent sérieusement.

Écart potentiel : 5 à 10 secondes

Étape 8 : Tortoreto Lido – Pesaro

Sur cette étape, le coureur qui n’aura pas suffisamment récupéré des efforts consentis après l’étape de la veille et traînera en fin de peloton s’exposera à un retour de bâton. La plus longue étape du 102e Tour d’Italie interviendra en toute fin de première semaine. Forte de 239 kilomètres, elle épousera le littoral adriatique, et son vent latéral pendant quasiment 150 bornes. Une première moitié de journée qui usera principalement les organismes avant d’attaquer une succession de capi digne de Milan-Sanremo. Une étape où la tactique primera. Y aura-t-il des équipiers de leaders dans l’échappée ? Une course de mouvement à la veille d’un contre-la-montre redouté ? Nibali, qui pourrait être menacé plus tôt dans la semaine, pourrait y démontrer toute sa science de la course. Qui plus est, l’arrivée se fait à l’issue d’une descente technique de six kilomètres. En prenant en compte un terrain hypothétiquement glissant, certains téméraires pourraient avoir l’idée de pousser leurs adversaires au tapis. Être le plus fort ne servira sans doute pas à grand chose, car le profil n’a rien d’insurmontable. Mais sentir le bon coup sera déterminant pour passer à travers les gouttes.

Écart potentiel : 25 secondes à 2 minutes

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