Alors qu’il a montré toutes les qualités d’un potentiel vainqueur du Tour de France, Dumoulin, pour la troisième fois d’affilée, s’alignera sur la course rose. Patient mais aussi tombé amoureux de l’Italie, le garçon fait une priorité de remporter un nouveau Giro avant de s’attaquer pleinement à d’autres objectifs.

Son métier : horloger

Peu en vue en début de saison, comme les deux années précédentes, il est difficile d’évaluer le niveau de performance de Tom Dumoulin. Mais c’est justement parce qu’il nous y a habitué qu’on sait qu’il sera là à point nommé. Juste et méthodique dans sa préparation, le Néerlandais fait partie de cette génération, pas si nouvelle que ça, qui s’acharne à contrôler les moindres petits détails. « Je veux tout régenter, je suis presque un perfectionniste », explique-t-il dans Vélo Magazine ce mois-ci. S’il ne l’est que « presque », on en est terrifiés à l’idée qu’il le devienne complètement. Réglé comme pendule, tout l’engrenage s’imbrique parfaitement quand le bonhomme s’applique à ne pas gaspiller d’énergie.

Le Néerlandais est le maître de la gestion. Dans les cols, il n’y a qu’une seule stratégie qui vaille : trouver la bonne allure et s’y tenir. A la manière d’une horloge, dès lors, l’effort se veut le plus linéaire possible. Les fesses posées sur sa selle, Tom Dumoulin semble courir en solitaire, sans se soucier de personne. Il évite autant que possible tous les changements de rythme provoqués par les purs grimpeurs. Sur le Zoncolan l’an dernier, il était ainsi parvenu à devancer Thibaut Pinot sur des pourcentages qui n’étaient clairement pas à son avantage. Le mécanisme est drôlement bien huilé : il a fait de Dumoulin une machine sur trois semaines.

Son meilleur allié : Sam Oomen

La course n’est pas une science exacte. Mais avec deux contre-la-montre (certes vallonnés) sur les neuf premiers jours, Dumoulin devrait tôt ou tard revêtir le maillot rose. Comme lors des trois dernières éditions, il faudra alors faire avec ce paramètre difficilement contrôlable. Sans doute ciblé en montagne, où les grimpeurs voudront le faire lâcher, le Néerlandais pourra alors compter sur son compatriote Sam Oomen. Le jeune coureur de 23 ans est prêt à se sacrifier pour son aîné. Il a de suite été rapatrié sur le Giro pour pallier le forfait de Kelderman. « Il est difficile de le remplacer, mais je vais faire de mon mieux, a-t-il expliqué. Tom mérite le meilleur soutien possible. »

Initialement prévu sur le Tour de France comme leader, Oomen sera sans conteste le dernier soutien de Dumoulin en montagne. Il possède même les qualités pour l’accompagner dans les moments où seuls les favoris restent, en atteste sa 9e place à Rome l’an dernier. Dumoulin aura également le temps de bien discuter avec son compatriote. Leur directeur sportif, Van Dongen, expliquait, dans Het Laatste Nieuws que la formation Sunweb intervertissait les camarades de chambre environ tous les cinq jours. « Consciemment, nous essayons de faire correspondre les garçons les plus expérimentés avec nos jeunes. » Dumoulin et Oomen devraient, à un moment, faire chambre commune pendant ce Giro. L’occasion, encore davantage, de créer des liens entre le leader et un lieutenant qui a sacrifié ses ambitions personnelles.

Sa course référence : le Tour d’Italie 2017

Dumoulin le reconnaît maintenant, en 2017, il n’était pas venu sur le Giro en pensant à s’imposer. Mais, à défaut de surprendre les autres, il s’est surpris lui-même. Cela lui a permis de voir ce dont il était capable. Le natif de Maastricht a pris conscience qu’il était finalement en mesure résister aux meilleurs grimpeurs sur trois semaines de course. Et même davantage, en témoigne sa démonstration à Oropa, où il avait mis tout le monde à l’amende. Alors qu’il semblait un temps à la rupture, Dumoulin avait fini en boulet de canon, dégageant une puissance atomique sur les derniers mètres pavés de la montée. L’évènement le plus marquant de cette édition, pourtant, restera sans doute son arrêt en bord de route pour des problèmes gastrique, juste avant d’escalader le Stelvio.

Ce n’était pas la première fois qu’il connaissait pareille mésaventure et c’est après ce Tour d’Italie qu’il a découvert l’origine de ce problème : une réticence de son corps au niveau du lactose et du fructose lorsqu’il en ingère en trop grande quantité. Depuis, il a adapté son alimentation sur et en dehors du vélo pour ne plus être à la merci d’une mauvaise surprise. Mais en 2017, malgré tout, il avait su ne pas perdre pied, sauver son maillot rose puis le conserver. « Jamais dans mes rêves les plus fous je ne pensais remporter le Tour d’Italie », disait-il à De Telegraaf quelques mois plus tard. Tom Dumoulin n’en doute plus, désormais.

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