Velon passe à l’action. Dans son coin si l’on peut dire, et toujours en marge des grandes instances, l’organisation qui regroupe 10 des 18 formations World Tour a présenté un nouveau projet : les Hammer Series. Un concept innovant de course sur trois jours. De quoi stimuler notre imagination et laisser place à d’autres idées. Sans rien se refuser, y compris les formats les plus farfelus, la Chronique du Vélo vous livre donc quatre propositions. En attendant les vôtres.
Le chrono presque par équipes par Stéphane Deneits
Revisiter le chrono par équipes en associant les coureurs de toutes les formations ? L’idée pourrait voir le jour dans les premiers jours d’une grande course par étapes. Par un tirage au sort, on établirait des groupes de dix coureurs, avec pour seule condition qu’ils soient tous d’équipes différentes. Ces compagnons d’un jour seraient alors envoyés tous ensemble sur les routes d’un parcours d’une cinquantaine de kilomètres – chaque groupe prenant le départ à 10 minutes d’intervalle. Et advienne que pourra, puisque, contrairement à un chrono par équipes où le cinquième coureur arrivé attribue le temps de son escouade, ici, tout le monde aura son temps réel.
Alors, qui va faire quoi ? C’est là que réside l’intérêt de la journée : les dix vont-ils collaborer pour rejoindre l’arrivée le plus vite possible ? Des alliances vont-elle s’établir ? Qui va rouler ? Qui va filocher au prétexte d’un argument personnel ou collectif vis-à-vis de son leader placé dans un autre groupe ? Qui osera attaquer ? Quel leader jouera son va-tout ? Assurément, les aspects tactiques prendront le dessus, et pourront forger de manière appuyée le classement général. Sur un parcours savamment tracé et un effort équivalent à une heure, les coureurs devront se livrer tout en faisant travailler leur tête.
La course relais par Jean-Baptiste Caillet
Ici, on garde huit coureurs pour chaque équipe, mais ces derniers se répartissent en deux groupes de quatre. Les premiers quatuors se départagent sur un parcours montagneux ou vallonné. Un tracé exigent mais moins long qu’une étape de montagne (moins de 100 km) afin de favoriser les animateurs. Au terme de premier tronçon, les seconds groupes partent sur un parcours plutôt plat et tout aussi court. La subtilité se situe au niveau des relais. Chaque coureur arrivé permet seulement à un seul autre de s’élancer. Ainsi, si une équipe termine la première partie en tête avec deux représentants, seuls deux membres du second groupe pourront entamer l’autre partie de la course. Les deux membres restant devront attendre leurs coéquipiers attardés.
Avec ce format, plusieurs stratégies sont possibles. Rouler en équipe pour mener une poursuite et avoir un train de sprint en fin de course ou favoriser les attaques dans les parties pentues et mettre en avant un baroudeur sur la partie plane. La dimension tactique entrerait en compte au moment de déterminer qui roule où et qui s’élance lors du relais. Les coureurs engagés dans la première partie auront aussi pour mission de ne pas se faire trop distancer pour ne pas pénaliser le second groupe à cause d’un retard rédhibitoire. Tous ces éléments permettent d’avoir une course très intense dans laquelle tous les profils sont utiles.
La course à élimination par Robin Watt
A l’image de ce qui se fait sur la piste, l’objectif est d’éliminer, à intervalle régulier, les coureurs qui se retrouvent dans les dernières positions. Sur une étape moyenne de 180 kilomètres, les “point d’élimination” pourraient être placés tous les 20 kilomètres et concerner à chaque fois 20 ou 25 coureurs – deux chiffres qui sont à adapter en fonction de la longueur de l’étape. Les éliminés devraient alors laisser filer le peloton quelques minutes devant, faisant une croix sur la victoire d’étape. Ainsi, à l’approche de ce qui pourrait être une dernière ascension, il ne resterait qu’une vingtaine d’hommes – voire moins. Parfait pour éviter qu’une armada bloque la course et impose son rythme dans les derniers kilomètres.
Ce serait chacun pour soi et aucune leader ne se retrouverait dans le final accompagné de quatre ou cinq coéquipiers. Ou alors il faudrait mettre en place des stratégies novatrices visant à partir en surnombre à l’avant, en prévision des éliminations. En cours d’étape, l’intérêt serait aussi décuplé. Chaque phase d’approche d’un “point d’élimination” mettrait le peloton en ébullition. Un sprint s’organiserait presque tous les 20 kilomètres, avec chaque fois moins d’éléments pour protéger les leaders. Petit à petit, ceux qui visent la victoire d’étape devraient donc fournir des efforts. Lors de journées montagneuses, cela empêcherait certains d’aborder l’ultime difficulté sans avoir donné le moindre coup de pédale. Dans ces conditions, la moindre attaque ferait très mal et les étapes seraient bien plus débridées.
Le triathlon cycliste par Adrien Godard
Une épreuve sur trois jours, où trois disciplines cyclistes se mélangent. Le premier jour, les coureurs s’affronteront sur la piste, avec une course aux points classique. Tous les dix tours, un sprint rapporte des points afin d’établir un classement au terme des quarante kilomètres. Chaque point de retard sur le premier donnera alors une pénalité de cinq secondes. Le deuxième jour, les mêmes coureurs se présentent ensemble sur la ligne de départ d’une course de 100 kilomètres, typée ardennaise, la distance en moins puisqu’une trentaine de cyclistes seulement participent à l’épreuve. La course se déroule de manière classique, et à la fin les écarts en secondes viennent s’ajouter à ceux de la course aux points.
Le cumul des pénalités est ensuite appliqué à tous au départ du cyclo-cross. Les coureurs partent ainsi un à un à la manière de la poursuite en biathlon. Le plus complet des deux premiers jours part en premier et les autres suivent, en partant plus ou moins en retard en fonction de leurs performances des jours précédents. Ainsi, à la fin du cyclo-cross, le vainqueur du “triathlon” est celui qui passe la ligne en premier. Une épreuve qui demandera de la polyvalence, un aspect tactique poussé dans les deux premières épreuves et une résistance indispensable pour terminer en beauté.
Et les Hammer Series, c’est quoi ?
Une course de trois jours, organisée par Velon et son partenaire Infront. Au programme une étape de montagne, une de sprint et enfin une poursuite par équipes, comme sur la piste. Le classement se fait lui uniquement par équipes (cinq coureurs constituent chaque formation), il n’y a aucun classement individuel. L’épreuve se court sur un circuit d’une dizaine de kilomètres, pour que le public puisse voir les coureurs à de nombreuses reprises. La première édition de ces Hammer Series se déroulera du 1er au 4 juin prochain dans la région du Limbourg, aux Pays-Bas. Velon espère y réunir un maximum d’équipes World Tour et surtout attirer les leaders qui sortiront du Giro. Tom Dumoulin, lui, a déjà assuré qu’il serait de la partie.
https://www.youtube.com/watch?v=7AyUMbntFaA
L’essence même du cyclisme – sport de souffrance – c’est la performance individuelle et le dépassement de soi. Tout format qui bride, atténue ou dissimule cette dimension ne trouvera pas ses fans.
Contador qui attend son équipier pour le mener en haut du Ventoux? Comme Froome et Wiggins en 2013(?). Génial !
Le Hammer Series est voué a l’échec pour cette raison. Dommage car la grande révolution de cette serie c’est la possession des courses par les équipes, source de revenus.
C’est rigolo.
Les hammer series ont un petit air du feu critérium international version course par équipe. A part les sponsors, tout le monde se fiche du championnat du monde par équipes; Je ne sais pas d’ailleurs qui est le lauréat cette année.
Cependant le cyclisme est à l’origine et dans son essence un sport individuel. Et l’exploit individuel fera toujours plus vibrer que le succès d’une équipe qui plus est support publicitaire d’une quelconque boite commerciale et qui n’aura jamais la valeur affective d’une équipe nationale ou de ville ( comme au foot ou rugby).
désolé mais bof…. je partage l’avis de david brabyn, le cyclisme est avant tout un sport individuel, c’est pour ça qu’on l ‘aime, enfin pour ma part. Si on veut donner un nouveau souffle au cyclisme, c’est plutot une réforme structurelle sur les bases de ce qui existe déja .Il faudrait une véritable lutte contre le dopage ! médicamenteux et matériel , pour ça il faut se donner les moyens ! Réduire le nombre de coureurs par équipe lors d’une épreuve, 6 ou 7 serait parfait. Pour certaines étapes des grands tours, finir plus souvent en circuit, afin de rendre plus spectaculaire les arrivées ( surtout pour les spectateurs sur le bord des routes ), limiter les étapes completement plates qui n’offre aucun intérêt pour le téléspectateur, ou alors les saupoudrer de bonifs attractives pour les leaders . enfin trouver des courses et des parcours qui ont une véritable identité ( les strade bianche , en sont un parfait exemple )
Vous pensez qu’on ne lutte pas vraiment contre le dopage ? Le problème reste celui d’il y a 15 ans : les tricheurs ont et auront toujours de l’avance. Pour le reste de ce que vous proposez, on peut dire que c’est en bonne voie : le nombre de coureurs a été réduit à 8 sur les grands tours, 7 sur les autres courses (du moins pour ASO, RCS et Flanders Classic). C’est déjà une étape. Et les arrivées sur circuits, vous y croyez vraiment ? A Abu Dhabi la semaine dernière, on a eu un exemple d’à quel point ça pouvait être ridicule… Pour ce qui est du plat, comment imaginer un Tour de France sans sprints ? Il n’y a pas que la bagarre entre Froome, Quintana et les autres qui compte. Les sprinteurs (Cavendish en tête) ont fait l’histoire du Tour et du cyclisme dans sa globalité.
je n’ai pas dit pas d’étapes de plat ! je dis , moins d’étapes ! bien sûr qu’il faut des étapes pour sprinters, je ne suis pas un fan de cyclisme débutant !!!! mais sur certain tours c’est + d’1/ 3 .Maintenant avec des équipes à 7 ça peut être une solution aux étapes de plat cadenassées par les grosses équipes. Pour les courses en circuit , l’exemple d’abu dhabi .. vous charriez .. le problème n’est pas dans le circuit. , vous le savez bien . Pour la lutte contre le dopage mécanique, vous y croyez vraiment à l’ éfficacité de la lutte ? enfin plutôt du bon vouloir des autorités de lutter ? ils ne se donnent pas les moyens … Franchement vous croyez aux performances de froome ? et je vous parie tous ce que vous voulez que katusha ne sera plus aussi performante ( c’était déja le cas l’année dernière ) si on surveille vraiment les vélos ! et pas que les pseudos moteurs auquel je ne crois pas vraiment. ah j’oubliais virez les oreillettes, et vous aurez autres choses que des robots sur la route …. et ne me dites pas que c’est une question… Lire la suite »
Pour les oreillettes, on est d’accord.
Pour le reste, je suis loin de vous rejoindre sur tous les points. On trouvera toujours des courses où il y a trop de montagne ou trop de plat. Mais dans l’ensemble, les organisateurs s’adaptent et les parcours sont chaque année plus équilibrés.
Le circuit, c’est très personnel mais je n’adhère pas. Tourner sur le même parcours enlève de son charme. Les coureurs ne découvrent pas les difficultés, ils y attaquent au dernier passage, quand ils connaissent par coeur chaque virage. Sur quelle course en circuit a-t-on vu une attaque décisive avant le dernier tour, depuis quelques années ?
Pour la lutte contre le dopage mécanique, oui j’ose espérer que les autorités font le nécessaire. Alors éradiquer la triche, on le sait, est quasiment impossible. Mais je n’ai pas l’impression que le problème soit aujourd’hui pris par dessus la jambe (ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’a pas été par le passé). Vous voudriez qu’on fasse quoi de plus ? On ne peut pas contrôler 200 vélos trois fois par étape.
j’oubliais dans les réformes structurelles . Enlevez les points UCI aux sprinters qui apres avoir gagné deux ou trois étapes sur un grand tour se barre ! bien entendu enlevez les après !!! je déconne parce qu’ils trouveront toujours un truc pour abandonner !!!mal de ventre ou bien ils se jetteront dans le premier ravin pour justifier leur abandon.. je plaisante bien entendu, mais vous avez compris que je n’ai que peu d’admiration pour les sprinteurs purs , que l’on ne voit jamais sur les grandes classiques flandriennes, ou Wallonne par exemple.. kittel, bouhani .. dans un degré moindre Cavendish/ Mais enfin il faut des courses pour tous les types de coureurs, mais au moins qu’ils respectent les organisateurs et les autres coureurs en finissant un tour
Chez les grimpeurs aussi, certains ne se consacrent qu’à quelques épreuves. On ne voit pas Froome, Quintana ou Pinot sur les ardennaises, Contador n’est plus de la partie non plus depuis quelques années. C’est le cyclisme actuel qui veut cette ultra spécialisation. On peut s’extasier devant la polyvalence et l’envie de gagner partout de garçons comme Sagan, Van Avermaet, Valverde, Bardet ou bien d’autres. Mais on ne peut pas jeter la pierre à ceux qui se concentrent sur un seul type de courses.
de toute façon leur jeter la pierre … ce serait pas cool !!! et bien entendu qu’il en faut pour tous , c’est une évidence. pour les circuits , je ne parlais que des fin d’étapes, qui pourrait passer plusieurs fois sur le parcours , je ne parlais pas de circuit tracé . ça se fait parfois.. Bien entendu qu’il y aura toujours des tricheurs, mais les vélos truqués c’est pas d’hier, mais bien d’avant t’hier.. et je précise que ne je fais pas partie des complotistes . je reste persuadé que l’UCI sait ou savait pour les vélos .. Les performances de froome sur certaines étapes était tellement douteuses… qu’a fait l’UCI ? rien… pas de vérification des vélo le jour même car le le scandale serait trop grand, bien plus que celui du dopage, alors on dézingue une petite coureuse de cyclo cross pour faire un exemple. Sans vérifier 200 vélos 3 fois par courses, vous hésitez pas dans les excés… vérifions déjà les performances douteuses.immédiatement apres course. et vérifions les vélos de tous les leaders avant course, mais une vérif pointue !!!! pas juste un scanner en course qui ne prouve rien. et en cas de changement… Lire la suite »
Quand je parle de 200 vélos trois fois par étapes, je ne suis pas tant dans l’excès. Sur le Tour, il y a parfois pas loin de 200 contrôles par jour. Aller plus loin, ça veut notamment dire les contrôler plusieurs fois dans la journée, pour empêcher les changements frauduleux.
Mais quand sur une journée, on a des doutes sur un coureur, on ne peut pas forcément réagir dans l’instant. A l’époque, on ne contrôlait pas les vélos. Alors il était impossible pour qui que ce soit de venir réquisitionner celui de Froome. Une fois que c’est dans les règlements, on peut. Mais sous couvert de performances incroyables, on ne peut pas imposer n’importe quoi aux coureurs.
c’est vrai, sinon on tombe dans l’inquisition perpetuelle et ça ce n’est pas acceptable en effet , mais en même temps il faut anticiper sur les tricheurs, pas évident tout ça
Bardet vous vous extasier devant sa polyvalence ? Ok…
Je suis pas d’accord, le challenge sprint pro organisé à quebec la veille du grand prix de quebec a toujours rencontré un grand succès populaire (moins chez les coureurs qui le trouvaient mal plaçé la veille au soir de la course). Les criteriums sont devenus une institutions en Australie et aux Etats Unis. Des mini circuits, des courses courtes, ça fait du spectacle, le public voit des coureurs tout au long de la course. le red hook crit idem, des milliers de spectateurs à chaque évènements. On ne parle même pas des criteriums post tour de france qui sont toujours pleins de monde. alors bon….. les courses en circuits hein!
Le changement n’est pas nécessairement mauvais…..
Dans le VTT aussi les format ont évolué il y a une dizaine d’année pour passer des grandes boucles avec grandes bosses et longues descentes pour des courses de presque 3 heures à des circuits en trèfles beaucoup plus nerveux et technique sur une durée d’1h30. au début les puristes ont gueulés, et puis ils se sont rendu compte que c’est la qu’était la solution. un format plus dense, plus simple à diffuser. Les sponsors sont revenus, le public avec.