Pour Movistar, le bilan de cette saison est l’un des pires depuis la création de l’équipe en 1980. Un constat sévère pour les hommes d’Eusebio Unzué, qui individuellement n’ont pas totalement failli à leur mission. Les mauvais résultats de l’année prennent leur source dans les choix passés. Des cadors sans relève, un effectif vieillissant, des départs fracassants l’hiver dernier et des recrutements tardifs, voici les symptômes d’une équipe en reconstruction.
Le top : Des standards maintenus sur les grands Tours
Après le départ fin 2019 du leader emblématique Nairo Quintana, de Richard Carapaz dans la polémique, et de Mikel Landa, le vide laissé était immense. La quarantième bougie bientôt soufflée par Alejandro Valverde n’a fait que renforcer l’incertitude au sein de la formation espagnole, très (trop) largement tournée vers les courses à étapes. Inconstant après une deuxième place surprise sur le Tour d’Espagne 2018, Enric Mas, recruté durant l’hiver, devait donc impérativement assurer la permanence sur les épreuves de trois semaines. Son top 5 au classement général final du Tour, glané en silence, et réédité sur la Vuelta, a fait bonne figure dans un bilan général bien plus modeste. Le maillot blanc de meilleur jeune ramené à Madrid, précédé d’une victoire d’étape de Marc Soler, et les traditionnels classements par équipe arrachés – sur le Tour et la Vuelta, encore – auront aussi sauvé quelque peu la face de la Movistar. De rares bonnes performances qui ne feront pas oublier cette année compliquée, mais qui rappelleront sans doute que le pire a peut-être été évité.
Le flop : La succession de Valverde
A 40 ans et après quinze années de règne, Alejandro Valverde n’est plus l’homme de la situation, ce scoreur incroyable qui a tant cotisé pour les comptes de l’équipe espagnole. Cette saison est sa plus mauvaise depuis son arrivée chez les professionnels, en 2002. Elle ne semble pourtant pas avoir été de trop en tant que coureur (15 top 10), mais elle l’a été indéniablement en tant que leader. Valverde incarne la Movistar, sa longévité, son passé glorieux, et aujourd’hui cette page de son histoire qui se tourne inévitablement. Mais la formation d’Eusebio Unzué, hyper dépendante du Murcian sur les classiques, a tardé à se projeter sans lui. Alors que l’adversité s’est appuyée sur une nouvelle génération bichonnée depuis plusieurs années, la Movistar, une des équipes les plus âgées en 2019, a attendu l’hiver dernier (10 jeunes coureurs engagés, avec une moyenne d’âge de 21,9 ans) pour se constituer un vivier de jeunes successeurs. Un retard dans le recrutement qui a débouché sur une année de transition brutale, entre un leader trop âgé pour assurer et des jeunes trop inexpérimentés pour assumer.
La stat : 2
C’est le nombre de victoires de Movistar cette saison, la formation World Tour la moins prolifique (à égalité avec Cofidis). Les deux succès sont l’oeuvre de Marc Soler. C’est le plus mauvais bilan de l’équipe depuis sa création en 1980, sous le nom de Reynolds – Benotto.
Gagner autant que Cofidis, ça vous classe une équipe World Tour. Le 9,5 me paraît très bien payé…
oui 9,5 c’est vraiment bien payé! On peut ajouter également que la “stratégie” de Movistar , particulièrement durant la Vuelta est hallucinante d’incohérence
La stratégie de la Movistar EST cohérente. Leur première préoccupation est de faire gagner Valverde. Lorsque Valverde n’a pas les jambes, ils se rabattent sur le classement par équipe et cherchent donc principalement à caser 3 coureurs dans le top 15.
La stratégie de la Movistar est cohérente. Personne n’a dit qu’elle était bonne, ou spectaculaire…
Je ne suis pas vraiment convaincu par la distinction faite entre une bonne stratégie et une stratégie cohérente… Il me semble que dans le sport de haut niveau, la stratégie la plus cohérente est celle qui permet d’espérer les meilleurs résultats. Si Valverde n’est plus capable de gagner, alors c’est le choix de la Movistar d’en faire encore et toujours leur carte maîtresse qui est mauvais et incohérent par rapport aux objectifs que doit se fixer une équipe pro (Par ailleurs, il suffit de lire les déclarations d’ Unzue pour prendre conscience du problème de la Movistar. Il semble penser que Valverde est éternel et leur ramènera toujours des bouquets…)
C’est cohérent dans la mesure où ils appliquent la meilleure stratégie pour atteindre leurs objectifs – ils préfèrent perdre avec Valverde que gagner avec Landa ou Quintana, et ils obtiennent exactement ce qu’ils préfèrent.
effectivement, il semble ue la stratégie est d’essayer de faire gagner Valverde a tout prix. Mais justement c’est cela qui est incohérent car de toute évidence c’est devnu tres tres dur pour lui de gagner alors que Movistar avait d’autres atout. Du coup c’est probablement une des équipes qui a les plus mauvais résultats par rapport a leur potentiel
Une équipe qui amène son jeune leader à la 5ème place du Tour en remportant le classement par équipes et qui récidive dans la vuelta avec en prime une victoire d’étape et le classement des jeunes, si elle etait française, elle aurait eu un 13.
Mais c’est Movistar…
Pas faux, mais on attend plus de Movistar qui est sur la durée une bien meilleure équipe que la meilleure des équipes françaises. La note est à mettre en relation avec ce que l’on peut attendre de l’équipe au départ.
Le problème avec Movistar c’est que Valverde sera tj numéro 1 alors que d’autre sont meilleurs (comme Mas). Maintenant Valverde est plus un “poison” pour Movistar qu’autre chose. Il faudrait qu’il accepte de se mettre au service des autres quand ils sont clairement meilleurs que lui
Il faut arrêter avec cette idée fausse de “Valverde ne roule que pour lui”, à de très nombreuses reprises, il s’est mis au service d’autres coureurs de son équipe. Pour Quintana notamment et je pense qu’il a plus rouler pour Quintana que l’inverse. Cette année, on l’a vu œuvrer pour Mas. Le problème ne vient pas de Valverde mais du recrutement. Comment expliquer qu’on ait laisser filer Quintana ET Landa Et Carapaz. N’y avait-il pas moyen d’en garder un des trois ?
Peut-être y-a-t-il une cause commune aux départs de Quintana, Landa et Carapaz ? Et si cette cause commune était une certaine insatisfaction vis-à-vis du rôle réservé à Valverde ?
Il est normal que Quintana ne travaille pas pour Valverde, il était le leader désigné sur les CG. Par contre Valverde ne travaillait certainement pas pour Quintana comme un équipier normal : s’il passait un relais à l’occasion, il était bien davantage un co-leader, protégé dans la plaine, préservé pour les arrivées pour puncheur et dont la place au CG était défendue avec acharnement – très différent du rôle d’un Porte chez Ineos, qui sacrifiait ses chances pour assurer la victoire de son leader. Résultat, la Movistar avait tout de l’armée mexicaine : deux ou trois leaders et aucun vrai équipier en montagne.
Je trouve cette note très sévère. Movistar est avant tout une équipe taillée pour les GT, surtout depuis que papy Valverde fait son âge sur les ardennaises. Or, ils ont réussi de belles perfs sur le Tour de France et le Tour d’Espagne, en sachant que vu que le Giro et la Vuelta se déroulaient en partie en même temps, c’était totalement prévisible qu’ils ne feraient rien en Italie. Alors certes c’est nettement moins bien que les années précédentes, mais comme vous le dites ils se sont nettement affaiblis à l’intersaison et donc on ne peut pas juger leur saison à l’aune de ce qu’ils ont montré les années précédentes. Je dirais donc que cette saison vient couronner l’échec du mercato de la Movistar (avec l’arrivée du seul Mas pour compenser les pertes du trio Quintana-Carapaz-Landa, c’est sûr que ça fait mal), mais que cela ne justifie pas cette mauvaise note, parce qu’au final les résultats ne sont pas particulièrement déçevant, ou alors c’est vous qui aviez des ambitions démesurées. La comparaison avec l’équipe Cofidis est intéressante. Les deux équipes ont obtenu presque la même note de la part des journalistes, Cofidis étant même bien mieux noté par les lecteurs.… Lire la suite »
Fun fact : sur la liste (par ailleurs discutable) des 11 meilleurs transferts de l’année, 3 sont des transferts sortants de la Movistar.
C’est beaucoup.
(la liste de cycling news)
N’oublions pas qu’is ont aussi perdu Amador.
Si Movistar mérite une mauvaise note, ce n’est pas sur son bilan sportif 2020 pour moi très honorable mais sur ses transferts 2019-20 catastrophiques.
Je rajouterai deux choses: tout d’abord Mas après une année 2019 médiocre a très bien tenu son rang. Il ne pouvait à lui seul compenser les Quintana, Carapaz et autre Landa.
Ensuite critiquer la stratégie de course de Movistar me fait rigoler. Qui pourrait sérieusement penser que Mas, je ne parle même pas de Valverde pouvait menacer Roglic, Pogacar ou Carapaz dans les grands tours en 2020? Si on parle de stratégie, parlons de l’armada Jumbo, cocue sur le Tour et frôlant la correctionnelle à la Vuelta. Et Ineos insipide pour soutenir Carapaz en Espagne? Si Carapaz était resté chez Movistar, parions qu’il aurait gagné la Vuelta comme il avait gagné le Giro en 2019 avec cette équipe.
Je suis hors sujet mais je viens de voir la liste des 15 nommés au vélo d’or 2020 et je constate avec une certaine surprise que Démare n’y figure pas alors que d’autres sprinteurs comme Bennett et Ewan s’y trouvent. Suis-je le seul à m’étonner de l’absence du plus gros scoreur de la saison ? Il me semble extraordinaire de ne pas penser à lui pour figurer dans les 15. Il a gagné partout et est sans doute le seul à pouvoir se targuer d’avoir battu tous les autres sprinteurs renommés (et plutôt deux fois qu’une…)
Il n’a pas gagné au TDF, qui reste le championnat du monde des sprinters.
Certes puisqu’il ny’ était pas et j’imagine que ce point a compté dans son exclusion de la liste mais aucun sprinteur n’a vraiment dominé sur cette course. Et puis finalement la course qui a réuni le plus beau plateau de sprinteurs, c’est Milan-Turin même si le prestige est moindre… Et puis il est question de choisir les meilleurs coureurs et pas juste les meilleurs sprinteurs. A ce jeu, il n’y a plus aucune comparaison possible. Bennett et Ewan ont été lâché toute la saison au moindre petit talus alors que Démare a brillé sur différents types de course et a même remporté le général d’une course difficile et avec un plateau de puncheurs-flandriens de haut niveau (TDW). Il n’est peut-être pas utile de développer davantage vu que beaucoup semblent partager mon avis mais je serais curieux de savoir comment l’UCI justifie ce choix…
Ce n’est pas l’UCI qui attribue le Vélo d’or, mais un panel de journalistes international
Il me semblait que l’UCI était en charge de la présélection avant le vote des journalistes mais j’admets que je ne l’ai pas vérifié.
Bonne pioche pour Movistar avec l’arrivée de Lopez. Par contre Astana s’affaiblit, si Vlasov part chez Ineos comme ça se dit, cela deviendrait très préoccupant, à moins qu’ils échangent le russe qui a encore 1 an de contrat contre un gros poisson qui n ‘a pas encore ressigné chez les anglais.
C’est une saison ratée pour Movistar. Le problème est que cette équipe ne fonctionne jamais avec un leader clairement désigné. Si bien que chacun court dans son coin et cela sème la confusion. Cependant, les plans ont été modifiés en cours de saison. Initialement, Marc Soler devait être le chef de file des hommes en bleu sur le Giro. Le bouleversement du calendrier a, semble-t-il, changé la donne. La direction a envoyé des baroudeurs en Italie dont certains étaient peu expérimentés ce qui explique partiellement leur échec. Au delà du bilan, je suis perplexe sur les choix des directeurs sportifs. Valverde est vieillissant et ne ferait-il pas mieux de chasser des étapes au lieu de jouer le général ? Quel intérêt pour lui d’intégrer les dix premiers d’un grand tour au regard de son palmarès ? Mas est une énigme. Stagne-t-il ou progresse-t-il plus lentement que les autres ? Si on s’en tient à ses classements dans le Tour, la 2ème hypothèse semble la plus crédible. Reste qu’il a subi les courses et s’est peu mis en évidence. Paradoxalement, je suis plus convaincu par Marc Soler. Il est très endurant et complet. Il est peu tonique mais je trouve surtout… Lire la suite »