Après avoir longtemps compté sur une densité de talents exceptionnelle au sein de son effectif, l’équipe Movistar entame l’exercice 2020 en quête de nouveaux repères. Si l’inamovible vétéran Valverde souhaite toujours briller au printemps et peut-être s’offrir l’or olympique pour boucler une carrière hors-normes, les départs ont agité l’intersaison et annoncent une probable année de transition.
Un panorama désencombré
Nairo Quintana, Mikel Landa, Richard Carapaz, Andrey Amador, Ruben Fernandez, Daniele Bennati ou encore Winner Anacona. En quelques mois, l’équipe d’Eusébio Unzue s’est tout simplement séparée d’un panel totalisant deux Giri, une Vuelta et vingt-huit victoires d’étapes sur les grands tours – bien que l’Italien n’ait jamais levé les bras sous les couleurs espagnoles. Une assurance de résultats qui ferait rêver n’importe quel concurrent, lesquels ont jeté toutes leurs forces dans la bataille des transferts. Valverde indélogeable jusqu’en 2021 compris, les tuniques bleues ont jeté leur dévolu sur Enric Mas pour constituer une alternative sur les courses par étapes, en plus du protégé de la maison, Marc Soler, encore en ascension. Mais le renouvellement ne s’est pas arrêté aux têtes d’affiches. Avec pas moins de quatorze recrues, Movistar est l’équipe qui compte le plus de nouveaux venus au sein du World Tour, hors fusions-acquisitions, devançant Bahrain-Mclaren et NTT, deux écuries aux douze entrants.
Sans doute grisé des controverses internes et externes, le staff ibérique s’est laissé convaincre par la thèse de la fin de cycle, malgré la victoire éclatante de Richard Carapaz sur les routes du Tour d’Italie. L’équation est loin d’être inintéressante sur le plan financier, puisque les nouvelles prétentions salariales de l’Équatorien étaient vraisemblablement surréalistes pour Movistar, mais constitue un vrai pari au niveau relationnel. Partant du principe que Mas ne serait jamais propulsé dans les meilleures dispositions chez Deceuninck-Quick Step, qui refuse de se projeter sur les classements généraux, Movistar souhaite lui donner une vraie chance sur un Tour de France qui ne verra pas Valverde aller au bout, préparation pour les Jeux de Tokyo oblige. Soler, vainqueur de Paris-Nice en 2018, pourra lui se sentir encore plus libre dans les courses d’une semaine, là où le voisinage de Landa et Quintana le bridait inéluctablement.
Une jeunesse moins conventionnelle
Mais en analysant les grandes orientations stratégiques de Movistar pour 2020 et les saisons futures, on s’aperçoit que le champ de la jeunesse est désormais repensé. Si l’on compte deux recrues colombiennes révélées lors du Baby Giro – Einer Augusto Rubio et Juan Diego Alba – et des promotions dans l’élite pour des coureurs venus du circuit continental espagnol, à l’instar de Sergio Samitier, l’arrivée d’une nouvelle vague internationale a de quoi surprendre. Historiquement éloignée des sommets sur les classiques du Nord, dans les sprints et contre-la-montre, Movistar s’est offerte les services d’un Danois, d’un Allemand, d’un Suisse, d’un Américain mais aussi d’un Britannique. Un coup de fouet dans un collectif peut-être trop enfermé dans ses habitudes, et de belles promesses au vu des prouesses des concernés chez les amateurs. Une volonté d’internationalisation qui a séduit Matteo Jorgenson, neuvième de la Ronde de l’Isard et placé au Tour de l’Avenir. Un coureur chipé à la formation AG2R La Mondiale qui l’avait d’abord engagé comme stagiaire, sans le conserver.
Autre curiosité, le géant scandinave Mathias Norsgaard, lauréat du Duo Normand, second du Chrono des Nations espoir et médaillé de bronze aux Mondiaux 2018 de la discipline. Quant au Suisse Johan Jacobs, il tâchera de faire démentir la mauvaise réputation des formations espagnoles sur les classiques pavées. Basé en Suisse depuis l’adolescence, l’Helvète a terminé deuxième de Paris-Roubaix espoirs et animé la première étape du Tour de la Provence. L’obligation de résultats pour 2020 n’est donc pas vraiment au rendez-vous pour cette jeune garde, à moins qu’elle ne suive la folle dynamique des Bernal, Evenepoel, Pogacar et compagnie. Le changement de braquet est total et traduit aussi un aveu d’échec. Malgré certains succès de poids, Movistar n’a jamais réussi à concurrencer Sky-Ineos durant la décennie, et ce sont désormais les Néerlandais de Jumbo-Visma qui souhaitent assumer le rôle du challenger. Viser moins haut en rompant avec les éléments retardant la remise en cause, pour assainir la vie interne ? Voilà un défi qui ne manque pas de piment.
L’année va être très difficile pour Movistar
Qui s’est faite hara kiri à intersaison.
Il va leur falloir reconstruire et il y a du boulot.
L’équipe s’est clairement affaiblie, c’est dommage pour le spectacle parce qu’ils n’hésitent pas à mettre en place des stratégies audacieuses (même si parfois on a du mal à comprendre ce qu’ils font). Après, c’est cool pour Marc Soler, qui devrait enfin avoir de vraies responsabilités
Pas de soucis; Valverde va tenir la baraque comme d´habitude; Mas est capable de créer des surprises spécialement après cette saison 2019 dans l´ombre de ses leaders; des éléments de la nouvelle génération s´emboitent/s´emboiteront bien dans leur effectif . Le prochain mercato peut etre le bon timing pour les candidats à la relève du Murcian .
Je serais curieux de voir Mas et Soler dans un costume de leader.
Le premier s’est manqué dans le Tour de France 2019 mais il le découvrait. Difficile d’en tirer des conclusions. En revanche, le second a, pour moi, un potentiel très intéressant. Finir 9ème de la dernière Vuelta après avoir été à la planche pour ses chefs de file, est révélateur d’un bon état de forme et de solides capacités de récupération. Que pourrait-il faire en étant protégé,en concentrant seulement ses efforts sur le général ? Les deux hommes ont la particularité d’être assez complets. La montagne est leur terrain de prédilection mais leurs performances dans les chronos sont très honorables. A voir. Pour les nouveaux coureurs cités dans l’article, je ne me prononcerai pas puisque je ne les connais pas (hormis Samitier, recrue judicieuse comme baroudeur selon moi).
De plus, lors du Giro 2019, Hector Carretero et Antonio Pedrero s’étaient révélés de bons grimpeurs au service de R. Carapaz. Confirmeront-ils et prendront-ils du volume en 2020 ? Ce pourrait être en effet une année de transition mais finalement cet effectif est prometteur…pour les prochaines saisons ?
C’est quand même étonnant cette gestion. Avoir 4 costauds et en laisser filer 3…