Il a le même patronyme qu’un ancien homme politique soviétique mais Aleksandr Vlasov, né en 1996, n’a pas encore autant de pouvoir. A 23 ans, il est seulement l’un des derniers espoirs débarqué en World Tour, chez Astana, avec de solides références chez les jeunes. Et avec un engagement éthique sur le papier un peu différent de celui de son employeur.

Le Baby Giro pour éclore

Jeter un œil au parcours d’Aleksandr Vlasov, c’est se dire, d’emblée, que le garçon est attiré par les endroits sulfureux. Mais à sa décharge, dans un sport russe gangrené à grande échelle par le dopage, difficile de faire carrière sans avoir côtoyé, de près ou de loin, quelques personnes ou entités peu recommandables. Sans que cela ne dise rien sur ces pratiques, l’enfant de Vyborg, à l’extrême ouest de la Russie, tout près de la frontière finlandaise, a signé son premier contrat professionnel chez Gazprom. Une équipe par le passée épinglée plusieurs fois, un peu moins pointée du doigt ces dernières années, depuis que les cas de contrôles positifs au sein de la structure ont arrêté de surgir régulièrement. Dans son coin, le jeune russe au physique longiligne (1m86 pour 68 kg) a donc fait son trou. Tranquillement, sans brûler les étapes, il a d’abord connu un programme intermédiaire, fait de courses avec les élites mais aussi d’une bonne partie d’épreuves U23.

C’est là qu’il a fait ses armes et bâti sa réputation. Le Baby Giro a été un premier accomplissement. Un an après Pavel Sivakov, un Russe inscrivait de nouveau son nom au palmarès de l’épreuve. Vlasov, qui a démarré le vélo à huit ans avant de devenir fan d’Alberto Contador, touchait son rêve du doigt. Lui le grimpeur à l’aise en contre-la-montre étalait ses qualités sur les courses par étapes, confirmant quelques mois plus tard en terminant quatrième du Tour de l’Avenir remporté par Tadej Pogacar. La suite, c’est un titre de champion de Russie sur route l’année suivante, une victoire sur l’étape reine du Tour d’Autriche, une dixième place juste devant Chris Froome au Tour des Alpes. Une succession de bons résultats qui attire l’œil de quelques grosses formations. Parmi elles, Astana, qui tente de faire signer Vlasov. Il reste au Russe une année de contrat avec Gazprom, mais son agent fait en sorte de trouver un deal qui arrange tout le monde afin que son protégé saute le pas du World Tour.

Seul coureur d’Astana au MPCC

Arriver cet hiver dans l’équipe kazakhe n’était peut-être pas le plus beau cadeau, la faute aux récentes révélations sur les prétendues relations de Jakob Fuglsang et Alexey Lutsenko avec le sulfureux docteur Ferrari. Ce scandale, ajouté à sa nationalité, a de quoi coller la pire étiquette possible sur le front de Vlasov. Lui se contente d’adhérer au MPCC à titre individuel, alors qu’Astana en a été exclue il y a quatre ans et demi et qu’aucun autre coureur de l’effectif n’y adhère actuellement. A côté de ça, le Russe continue d’impressionner. Sur le Tour de La Provence, il doit protéger Lutsenko, justement. En répondant à une attaque, il se retrouve à l’avant avec une poignée de secondes d’avance. Astana se met à jouer pour lui, il remporte l’étape, prend la tête du général et terminera deuxième à Aix-en-Provence, seulement devancé par un Nairo Quintana intouchable sur les pentes du Ventoux, la veille de l’arrivée. Pour sa première course sous ses nouvelles couleurs, Vlasov a fait fort.

La suite doit notamment l’emmener sur les routes du Tour de Catalogne, fin mars, où il devrait côtoyer Miguel Angel Lopez, qu’il admirait déjà énormément avant d’arriver chez Astana. Puis viendra le temps de penser aux grands tours. Même s’il n’est pas dit qu’il découvre dès cette année les courses de trois semaines, Aleksandr Vlasov en rêve. Lui qui vit à Livigno, en Italie, pense déjà beaucoup au Giro. Et même s’il n’est pas le garçon le plus prolixe du peloton, il a aussi déjà confié son attrait pour le Tour de France, il y a deux ans auprès de U23 Cycling Zone. « Presque tous les coureurs pros rêvent du maillot jaune et du Tour de France, et je ne suis pas une exception, assure-t-il. Un grand tour est la course la plus dure et la plus prestigieuse, c’est pourquoi un jour, je veux en gagner un. » Le bonhomme vit peut-être dans un environnement trouble. Mais lui a les idées claires.

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