Avec Mikel Landa, Richard Carapaz avait déjà repris quasiment une minute et demi hier vers Ceresole Reale. Tout seul, il a fait encore mieux ce samedi, vers Courmayeur. En prime, l’Équatorien a pris le maillot rose. L’équipe Movistar, en deux jours, a renversé le Giro et étalé sa puissance.

Ils avaient prévenu

Ils sont les deux dont on ne parlait pas en tant que favoris, au début du Giro. On aurait clairement dû. Mikel Landa et Richard Carapaz, depuis que le premier col s’est dressé sur la route du Giro, jeudi après-midi, n’ont laissé aucun répit à Primoz Roglic et aux autres cadors. En quarante-huit heures seulement, le duo s’est parfaitement replacé. Mieux que ça, l’Equatorien a pris le maillot rose, ce qui va autant profiter à lui-même qu’à son coéquipier espagnol. La prophétie s’est réalisée. « Roglic est peut-être le grand favori, mais on ne cessera jamais de l’attaquer, disait en effet Landa, avant l’arrivée de la montagne. Seul, il ne pourra contrôler la course. » On ne sait pas si le Slovène aura retenu la leçon, mais il en a pris une belle, en tout cas, ces derniers jours. Il a suffi de trois étapes pour qu’il gaspille les 3’16 qu’il avait d’avance sur Richard Carapaz.

On pourra dire que l’Équatorien n’était pas le plus surveillé. La vérité est surtout que Roglic, mais aussi Nibali et Lopez, ont subi de plein fouet la stratégie parfaite de Movistar. La bande à Eusebio Unzué a mangé son pain noir, pendant les dix premiers jours de course. Carapaz, déjà, avait gagné une étape, mais le tout était bien trop plat pour que les hommes en bleu puissent faire des écarts. Ils ont jeté toute leur frustration, en revanche, dans les premiers cols de ce Tour d’Italie, et tactiquement, on ne les a pas vu commettre une seule erreur depuis le début des grandes manœuvres. Des équipiers à l’avant chaque jour, un coup Amador, un coup Carretero, pour donner le coup de main au bon moment, tout était limpide. Vendredi, Landa s’est fait tirer par deux coéquipiers rescapés de l’échappée au moment où il en avait le plus besoin. Samedi, Roglic et les autres se sont un peu trop concentrés sur le Basque, sûrement parce qu’il avait été très fort la veille, et ont oublié de suivre l’Équatorien.

Au bon souvenir du Tour 2017

Si souvent pointée du doigt pour ses choix tactiques douteux, Movistar a réalisé, sur plusieurs jours, l’un des plus beaux coups de ces dernières saisons. Richard Carapaz est leader, Mikel Landa à seulement une minute de Nibali, quasiment trois de Roglic, mais ces écarts semblent pouvoir se combler en une étape, désormais. D’un coup, d’ailleurs, c’est comme si l’on s’était rappelés de qui étaient ces deux là. Le nouveau maillot rose ne sort pas de nulle part, quatrième à Rome l’an dernier, pas si loin du podium, alors qu’il découvrait le Giro. Quant à Landa, le monde du vélo se souvient soudain qu’il était peut-être le plus fort de tous, sur le Tour de France 2017, et que ses résultats depuis sont difficiles à lire. Reste à gérer une situation nouvelle. Les deux larrons étaient dans la position des chasseurs. Comment opérer, désormais ?

Défendre le maillot pendant dix jours, en changeant complètement sa manière de courir, est le meilleur moyen de se planter. Movistar n’est habitué ni à mener la course, ni à devoir défendre un maillot de leader, et la Vuelta 2016 remportée par un Nairo Quintana qui était resté maillot rouge pendant plus de la moitié de l’épreuve sonne encore comme une anomalie. Surtout, il restera un chrono à Vérone, et les sept secondes d’avance que compte aujourd’hui Richard Carapaz sur Primoz Roglic ne suffiront pas. Alors il va falloir continuer, enfoncer le clou, mettre le Slovène et son meilleur ennemi, Vincenzo Nibali, encore plus loin au classement général. Problème, désormais, Roglic et Nibali auront du mal à se regarder, la prochaine fois que les Movistar tenteront de mettre le bazar au milieu des cadors.

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