Depuis trois ans et la modification du règlement, la course espoirs des Mondiaux pose question. Doit-on laisser les coureurs professionnels, dont certains évoluent déjà en World Tour, courir face à des garçons encore amateurs ? Le critère d’âge, le seul aujourd’hui fixé par l’UCI, laisse de côté toute une partie de la réflexion.

L’âge, critère objectif

L’Union cycliste internationale a choisi de faire simple. Jusqu’à 23 ans, vous pouvez disputer la course en ligne des Mondiaux dans la catégorie espoirs. Mais l’avènement de jeunes coureurs au plus haut niveau, parmi lesquels Egan Bernal, Remco Evenepoel ou Tadej Pogacar, qui ont tous entre 19 et 22 ans, vient poser question. Il n’est plus nécessaire d’être expérimenté pour gagner. Alors s’il faut bien limiter en âge une catégorie qui tente de regrouper des jeunes coureurs, 23 ans semble être une barre bien trop haute de nos jours. Elle fait en sorte, par exemple, que Sergio Higuita, vainqueur d’étape et 14e de la Vuelta avec Education First, court la semaine dernière face à des garçons qui n’ont jamais disputé la moindre épreuve avec les professionnels.

Modifier la règle, pourtant, demanderait de repenser tout un système. Cet âge limite correspond à la catégorie espoirs mise en place par l’UCI il y a plusieurs années, à partir de quoi a été mis en place tout un circuit. La Nation’s Cup, créée en 2007, regroupe ainsi une vingtaine de jours course – dont le Tour de l’Avenir et le Tour des Flandres – courues par équipes nationales. Elle permet aux jeunes athlètes de se faire un nom et d’attirer les regards des équipes professionnelles. Modifier le critère des 23 ans pour les espoirs, ce serait donc complètement réformer cette Nation’s Cup pour assurer la cohérence des critères de sélection sur toutes les courses U23.

Amateurs vs professionnels : raisonnable ?

Une réforme que certains jugent indispensable, depuis que l’UCI a changé son règlement il y a trois ans. Jusqu’en 2016 en effet, seuls les coureurs amateurs ou évoluant au niveau Continental Pro pouvaient prétendre être au départ des championnats du monde U23. Une règle qui avait ses biais, déjà, puisqu’elle autorisait à participer un coureur de deuxième division qui pouvait avoir eu accès, à peu de choses près, aux mêmes courses qu’un coureur évoluant en World Tour. Pour mettre fin à cette inégalité, l’UCI a supprimé ce critère, ouvrant l’épreuve à tous sur le seul critère de l’âge.

C’est alors que se cristallise tout le débat. Quel est l’intérêt pour un coureur professionnel de disputer le titre chez les espoirs ? Il concourt tout au long de l’année avec l’élite mondiale, et sur une épreuve d’un jour, il doit faire face à des coureurs forcément moins expérimentés et qui eux, sont à la recherche d’une vitrine pour attirer l’attention des équipes professionnelles. Plus sournois encore, le maillot irisé de la catégorie espoirs ne peut être porté que sur les courses espoirs. Un coureur professionnel, comme Higuita cette année (ils étaient au total 8 coureurs du World Tour sur l’épreuve espoirs), n’a donc aucune chance de porter la tunique arc-en-ciel une fois son titre acquis.

D’un autre côté, certains jeunes coureurs du World Tour n’ont pas forcément accès aux plus belles courses de l’élite mondial, la faute à la concurrence interne dans leurs équipes respectives. Ce rendez-vous peut donc leur permettre de se montrer à nouveau, de prendre confiance et d’ajouter une ligne à leur palmarès. Ainsi va le dilemme. Comment empêcher ceux qui souhaitent participer, sous prétexte que certains coureurs de leur génération sont particulièrement précoces ? D’ailleurs, les meilleurs professionnels de moins de 23 ans (neuf au total) étaient présents sur la course élite, avec par exemple Evenepoel, Pogacar ou encore Sivakov.

Selon vous, doit-on conserver les critères de l'épreuve espoirs comme ils sont ?

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