Dans six jours se disputera la course en ligne des Mondiaux, dans le Yorkshire. Une rareté tant le peloton a eu jusqu’ici peu d’occasions de se jouer la couronne suprême en terres britanniques. Avec seulement trois éditions du Mondial disputées outre-Manche, le Royaume-Uni reste loin de ses voisins européens. Mais son histoire n’est pas toutefois pas dénuée d’intérêt. Petit retour dans le temps avant le quatrième acte, ce week-end.

1922, le hat-trick britannique

Dans l’histoire des Mondiaux, les six premières éditions sont à considérer à part. Ce n’est en effet qu’en 1927 au Nürburgring que les professionnels obtiennent le droit de participer à l’épreuve. Avant cela, les amateurs sont les seuls à ferrailler pour s’attribuer les premiers titres mondiaux, comme en 1922 du côté de Liverpool. Pour cette deuxième édition, les Britanniques déroulent et montrent qu’ils sont chez eux, avec une vraie démonstration ponctuée par un triplé imparable, signé Dave Marsh, Bill Burkill et Charles Davey. Avec près d’une minute et demie d’avance sur son poursuivant, on pourrait penser que Marsh a lâché tout le monde pour finir en solitaire. Pas vraiment. Simplement à l’époque, la course se dispute en fait sur le modèle d’un contre-la-montre. Ce sera le seul instant de gloire de Dave Marsh, qui aura tout de même le privilège de participer à deux Olympiades, en 1920 à Anvers et en 1924 à Paris. Des Jeux Olympiques qu’aura également connu le 3e de ces Mondiaux, Charles Davey, avec une médaille d’argent décrochée lors de l’épreuve par équipes de Stockholm, en 1912. Si les Britanniques n’auront alors pas de figure de proue au niveau professionnel, les rangs amateurs de l’Union Jack se portent plutôt bien.

1970, l’avènement du prodige

Il faut attendre presque cinquante ans après l’édition de Liverpool pour voir les championnats du Monde revenir sur les terres britanniques. Nous sommes en 1970 et les Mondiaux n’ont plus rien à voir avec ceux des origines : c’est devenu l’un des enjeux majeurs de la saison, disputé au mois d’août, quelques semaines après le Tour de France. Et aujourd’hui encore, cette édition de Leicester résonne dans les mémoires : son vainqueur ne sait pas encore qu’il touche du doigt le tragique. Jean-Pierre Monséré, titré dans les Midlands de l’Est, terminera son règne dès le mois de mars suivant, fauché par une voiture lors d’une kermesse à Retie. Tué sur le coup, Monséré laisse alors le monde du cyclisme abasourdi. A seulement 22 ans, il était promis à un grand avenir. Déjà vainqueur du Tour de Lombardie en 1969, il s’impose de très belle manière dans ces Mondiaux anglais. Peut être plus frais que ses adversaires, car dispensé de Tour de France par Brik Schotte, son directeur sportif, son démarrage fulgurant à cinq cent mètres de la ligne ne laisse alors aucune chance à Mortersen, champion du monde amateur en titre, et au grand Felice Gimondi. Impressionnant, Monséré marque les esprits. L’avenir semblait alors lui appartenir.

1982, Saronni avec la bénédiction de Moser

Il est de notoriété publique qu’entre Giuseppe Saronni et Fransesco Moser, ce ne fut pas l’amour fou. Question de suprématie entre deux des plus fameux coureurs italiens de l’époque. Les Mondiaux, Moser en est un connaisseur, puisque vainqueur en 1977 et deuxième un an plus tard. Pour cette édition 1982, il décide alors de faire abstraction de sa rivalité avec Saronni pour le bien de l’équipe d’Italie. Du côté de Goodwood, dans le Sussex, la Squadra Azzura sera intraitable. Il faut dire qu’avec Saronni, il y a de quoi rêver au titre. Le bonhomme possède un palmarès conséquent, avec notamment une victoire sur le Giro 1981. Rapide au sprint, il obtient de Moser qu’il se sacrifie dans l’ultime ascension, en chasse derrière l’Américain Jonathan Boyer. Mais le rouleur italien ne bouche pas le trou tout seul et doit attendre l’aide d’un allié inattendu. C’est en effet Greg Lemond qui fait le forcing et ramène tout le monde sur son équipier. Un tactique calamiteuse, qui laisse alors le champ libre à Saronni, qui anticipe le sprint avec un démarrage fulgurant. Un beau maillot irisé l’attend : il sera dignement honoré. Avec l’arc-en-ciel sur les épaules, le Piémontais gagnera Milan-Turin, le Tour de Lombardie, et l’année suivante, Milan-Sanremo et le Tour d’Italie.

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