Ils sont trois coureurs américains, dans l’Histoire, à avoir remporté au moins un grand Tour – sans compter Lance Armstrong. Pourtant, tout semble si loin. Chris Horner et sa victoire sur la Vuelta, en 2013, au-delà des interrogations suscitées, restent le dernier grand moment du cyclisme américain sur une course de trois semaines. Brandon McNulty, 22 ans seulement, doit aujourd’hui porter les espoirs d’un pays. Comme beaucoup avant lui, pour qui la pression a souvent été trop grande.
Rester dans le cocon américain
Originaire de Phoenix en Arizona, Brandon McNulty n’est pas du genre à regarder en arrière. Le kid se préoccupe davantage de son avenir, qu’il imagine linéaire pour atteindre son plein potentiel « à 25, 27 ou 30 ans », dit-il. Depuis ses premières années en junior, il est déterminé à ne pas brûler les étapes, quitte à retarder son départ en Europe jusqu’en 2020. Les recruteurs des meilleures équipes le suivaient depuis son titre de champion du monde junior du contre-la-montre au Qatar, en 2016, mais lui a préféré, chaque année, repousser leurs avances pour « profiter d’un environnement sans pression, continuer à grandir et poser les fondations d’une longue carrière dans le sport. » Bien entouré, notamment par l’ancien coureur Roy Knickman (au départ de la Grande Boucle en 1988 et 1989), McNulty s’attache ainsi à ne pas reproduire les erreurs que d’autres ont pu faire avant lui. « Beaucoup de juniors américains ont montré qu’ils étaient très forts, sont partis directement en Europe, avec un gros programme, et ils se sont cramés, expliquait-il à Eurosport en 2019. Je veux éviter ça. »
C’est à l’âge de 8 ans que démarre l’histoire de Brandon McNulty avec le vélo. A l’époque, son père ingénieur l’emmène pour une balade à deux roues d’un peu moins de cinq kilomètres. Le parcours choisi comporte une bosse, bien trop pentue pour un enfant de son âge. Alors que son père lui propose logiquement de faire demi-tour pour rentrer à la maison, Brandon « pique une crise » et insiste pour entamer l’ascension. L’anecdote, cocasse, est racontée par son père. Ce goût pour le vélo découvert, McNulty progresse vite. Dès l’âge de 13 ans, son père éprouve des difficultés à le suivre lors de leurs sorties communes.
Un garage transformé en sauna
Son talent éclate aux yeux des initiés en 2015. Brandon McNulty ne s’entraîne alors que depuis quelques mois chez LUX-Specialized, la structure de développement de jeunes coureurs gérée par Roy Knickman, mais cela ne l’empêche pas de remporter ses premières courses. D’abord la Course de la Paix, épreuve de référence du calendrier junior, puis le contre-la-montre du championnat des Etats-Unis. A chaque fois devant l’autre prodige annoncé de sa génération, Adrien Costa, dont la carrière s’est tragiquement stoppée après l’amputation de sa jambe droite. Mais McNulty sait que le talent ne suffit pas. Il se veut aussi méticuleux. Pour reproduire les conditions de course chaudes et humides qu’il s’apprête à retrouver aux Qatar pour les Mondiaux de 2016 chez les juniors, l’Américain se force ainsi à pédaler avec deux autres camarades depuis son garage, transformé pour l’occasion en véritable sauna grâce à de petits radiateurs électriques et plusieurs serviettes imbibées d’eau. Le jour de la course, sur le contre-la-montre, il devance Mikkel Bjerg, son futur coéquipier chez UAE Emirates, de 35 secondes.
Le maillot de champion du monde en poche, Brandon McNulty choisit de s’engager avec la formation américaine Rally Cycling, où il côtoie notamment Sepp Kuss et Danny Pate. Un programme surtout composé de courses espoirs lors de sa première saison, la découverte du World Tour lors de la suivante, tout est pensé. En 2019, pour sa dernière saison avec Rally Cycling, il signe sa première victoire sur le circuit européen. Lors de la troisième étape du Tour de Sicile, sous la pluie, McNulty attaque dans une partie descendante à dix kilomètres de l’arrivée. Parti à toute allure, il résiste au peloton malgré une bosse finale de trois kilomètres. Le lendemain, il remportera le général en haut de l’Etna. Surtout, Brandon McNulty profite de ces trois saisons au pays, loin de toute pression, pour se définir en tant que cycliste professionnel. Interrogé par Eurosport sur ses futures ambitions, il sait où il va : « Évidemment, le Tour. Et peut-être un titre de champion du monde du contre-la-montre ? Ce serait le rêve. Mais j’ai fait les courses World Tour au Canada, et ça fait partie des moments où je me suis le plus amusé. Donc ça m’a donné envie de m’y essayer, plutôt que de ne faire que du chrono et de la montagne. »
Sous la coupe de Matxin
A l’hiver 2019, c’est UAE Emirates qui rafle la mise. Le patron de l’équipe émiratie, l’espagnol Joxean Fernandez Matxin, draguait McNulty depuis 2015. L’Américain est séduit par la politique de formation d’UAE et Matxin – dix coureurs de l’effectif ont aujourd’hui 24 ans ou moins. Après un début d’année réussi qui le voit accrocher des accessits à San Juan et en Andalousie, le garçon de 22 ans continue en ce mois d’octobre son apprentissage sur les routes italiennes, pour son premier grand Tour. Vingtième au sommet de l’Etna et treizième à Roccaraso, l’Américain confirme petit à petit ses prédispositions. Encore classé au général (18e) après neuf jours de courses, McNulty pourrait, si la forme demeure en troisième semaine, devenir le premier coureur américain à accrocher un top 10 sur le Giro depuis Levi Leipheimer en 2009.
Alors que le cyclisme américain est en souffrance depuis quelques saisons, l’éclosion de Brandon McNulty coïncide avec l’arrivée dans le peloton professionnel de plusieurs compatriotes, souvent auréolés comme lui d’une prometteuse réputation. Comme McNulty, Kuss Powless ou Bennett ont moins de 26 ans. C’est le cas de quasiment la moitié du contingent américain évoluant en World Tour. Certains sont mêmes néophytes, comme l’actuel champion du monde junior Quinn Simmons (19 ans, Trek), le maillot vert du dernier Tour de l’Avenir Matteo Jorgenson (21 ans, Movistar) ou Ian Garrison (22 ans, Deceunink Quick-Step). L’héritable est lourd à porter, outre-Atlantique, et la génération précédente, celle emmenée par Van Garderen et Talansky, n’a pas atteint les sommets attendus. McNulty connaît sa mission.
Fantastique Peter Sagan ! Puisses tu encore courir 50 ans (et enfin gagner Milan San Remo).
Quel coureur, quel panache, quel caractère. Quel dommage de pas le voir au tour des Flandres face aux nouveaux monstres les deux “van” . Vivement l annee prochaine en espérant avoir le droit a une vrai saison de flandrienne.
“les coureurs américains ont compté parmi les principaux animateurs du peloton professionnel. Ils sont même quatre, le paria Lance Armstrong inclus, à avoir remporté au moins un Grand Tour.”
Bernal aussi et Quintana notamment ont gagné des grands tours, ils sont aussi américains !
Baroud et pas Baroude au passage.
C’est vrai que cette confusion persiste, de dire “américains” pour qualifier les seuls “états-uniens”. L’Amérique est un continent qui s’étend de l’Arctique au Cap Horn et tous les habitants de tous les pays qui composent ce vaste continent sont donc des américains. Certains sont colombiens, canadiens, équatoriens, etc… ou états-uniens. Mais qui n’est pas victime de cette (trop) courante méprise ? Pour rester dans le “sujet/continent Amérique” un autre américain, membre de la tribu Onneiout (Iroquois) m’a fait une fort belle impression sur le Tour où il s’est montré très combatif, notamment dans des étapes difficiles ! Il s’agit de Neilson Powless, 24 ans (EF) qui a été, quand à lui, le premier Amérindien à participer au Tour de France.
Littéralement, Etats-Uniens ne veut rien dire. Le terme Amérique est l’équivalent du terme Mexique ou Brésil. Il est plus approprié de parler d’Américains. D’ailleurs, c’est comme cela que les habitants de ce pays se dénomment. Les Etats-Unis d’Amérique au même titre que les Etats-Unis du Mexique ou la République fédérative du Brésil. Le problème étant, qu’un pays porte le même nom qu’un continent mais cela ne fait pas tant débat que cela puisque celui-ci est souvent subdivisé en deux voire trois parties. Soit en tenant compte de critères géographiques (l’isthme de Panama et/ou le Rio Grande), soit en tenant compte de critères culturels (Anglo-saxonne, latine voire afro-caribéenne). Il n’y a pas de conscience d’appartenance à un continent commun. Si bien qu’on parle des Amériques et que les usages de Nord-Américains et Sud-Américains sont bien plus souvent utilisés. Et là ça ne mène à aucune confusion possible. Il serait plus approprié (selon moi) de parler de Panaméricains pour parler de l’ensemble des habitants du continent. Quant à Neilson Powless, je veux bien reconnaître qu’il ait des origines amérindiennes mais de là à le considérer comme un coureur amérindien… Lui et sa soeur sont clairement de type européen (cheveux châtains, yeux clairs, peau très claire). Son… Lire la suite »
Hesjedal, Carapaz et Herrera aussi, pour être complet sur les vainqueurs de GT américains hors Etats-Unis.
edit : voir plus bas
.
Très bon article !
Arnaud Démare est il imbattable ?
Sur le Giro il semblerait bien que oui ! Il aurait été intéressant de le voir sur le Tour… Ou sur une ou deux classiques, face aux meilleurs…
au giro il est tres nettement le meilleur, ce qui ne veux pas dire d’ailleurs qu’il gagnera le prochain sprint.
difficile de dire s’il est du niveau ou pas de Mac Ewen qui gagne nettement aujourd’hui en Belgique, il faudra attendre l’an prochain pour pouvoir les comaprer
Caleb Ewan?
oups! oui bien sur Caleb !
C´est clair que c´est l´année Nono; d´autant plus qu´il bat des tops sprinteurs avec une régularité remarquable; mais attention quand méme au grain de sable qui guette cette belle mécanique ..
Il y Sagan qui est loin d´avoir dit son dernier mot pour le classement par point; il y a aussi que la plupart des sprints du Giro son plutot propres (comparé au GP de l´escaut catastrophique); son train et son lanceur sont attentifs et font peu de fausses notes; c´est du billard jusqu´à maintenant; il faut reconnaitre que G Fdj impose enfin le respect et ca doit leur faire vraiment du bien. Compliments les mecs !
Au giro les favoris se neutralisent, comme ils l’ont longtemps fait sur le dernier Tour de France , ce qui n’empêche d’ailleurs pas d’assister à des étapes intéressantes. Le contre la montre d’ aujourd’hui va révéler les forces réelles de chacun avant les grandes étapes finales, ce contre la montre intermédiaire qui à mon avis a manqué sur le Tour. D’ailleurs je ne comprends pas l’aversion des organisateurs du Tour pour les clm qui sont bien souvent de belles etapes de suspense.
Bien vu! En deux jours on sera passé d’une foule de prétendant a 2, almeida et kelderman. N’empêche qui l’aurait cru il y a deux semaines…
Pas grand chose à se mettre sous la dent ces derniers temps sur Chronique; reste la dernière page pour partager l´éclosion de la nouvelle génération que l actuel maillot rose illustre aussi très bien mème sans passeport US..
DQS a tjs plus d´un tour dans son sac avec le recent recrutement de Fausto Masnada et cette pépite portugaise sans complexe; un mercato un brin peu plus orienté vers les classements des grands tours souligne t´on sur un autre site. Un superbe final hier en tout cas et un futur Chronoscala qui devrait etre favorable à Joao Almeida ..
Cartin rouge à education first qui veulent que le giro s’arrête mais dont les coureurs continuent la course! Ils n’ont qu’à faire comme jumbo et mitchelton les “courage fuyons”qui avaient déjà déserté paris nice.
Les Italiens envers et contre tous s’obstinent à sauver le cyclisme en maintenant le maximum de courses. Ce sont eux qui ont sauvé les championntas du monde, trahis par le lâchage suisse. Heureusement que tout le monde n’est pas comme les hollandais, suisses, allemands qui ont préféré tout annuler, c’est tellement plus facile!
D´un autre coté ce n´est peut etre pas si simple; quand tu vois certains ex ministres francais qui ont un procès au cul pour avoir manqués de réactivité face au virus; ca laisse quand mème matière à refléchir. Il y a quand mème des lois à respecter; l´enjeu d´une epreuve sportive et l´obligation de la distanciation sociale au sein du public valent elle la prise de risque d´un procés si la situation dérape et que ca porte plainte á tout va? Certains sponsors, equipes,organisateurs, politique locaux, n´ont pas forcement non plus le mème niveau de pression sur les épaules, ni les mème directives prioritaires..
Franchement comment croire une seule seconde que Paris Roubaix ne pouvait être organisé sans prendre les précautions nécessaires ? Ce ne sont pas des raisons sanitaires mais simplement la facilité de l’application aveugle des exigences administratives: on interdit, c’est plus facile, économie de la mise en place d’un service d’ordre, tant pis pour la vie sociale, pour les gens du Nord pour les amateurs de sport, quelle importance?
Prendre les précautions oui mais faut il encore avoir un service d´ordre efficace en quantité disponible et un budjet pour le mettre en action; mème le bénévolat des adjoints aux maires des communes concernées préfèrent surement rester à la maison plutot que d´aller se faire péter la gueule par des récalcitrants qui n´attendent que ca pour se défouler..
Mais M….. !!!!!! QUE FAIT CETTE MOTO A L’ARRET SUR LE BORD DE LA ROUTE ????!!!!
Ouais…ca se passe très vite, VDP se décale et alaph ne la voit pas. Il aurait placé 2 3 banderilles le Julian, cela dit vu le niveau STRATOSPHERIQUE de WVA et VDP ca aurait été très dur, ou alors en tablant sur un marquage.
a mon sens, ils etaient tous les trois au meme niveau.
Au sprint ca aurai ete tres serré. Julain avait autant sa chance que VDP et WVA
J’adore alaphilippe mais je ne crois pas une seconde qu’au sprint il aurait pu rivaliser!
Vu la forme qu’il a affiché aujourd’hui et après avoir raté son Tour sur chute pourquoi Bardet ne s’aligne t’il pas sur la Vuelta? Il ne peut pas dire qu’il a trop couru!
Je me pose exactement la même question, AG2R essaye de préparer l’avenir? Bardet va se mettre dans le bain Sunweb dès maintenant? C’est vraiment regrettable, car une chance de podium sur un GT, même sur cette Vuelta si particulière, ça ne se refuse tout de même pas dans un palmarès!