Nairo Quintana, Rigoberto Uran, Miguel Angel Lopez, Egan Bernal, Fernando Gaviria : le contingent colombien est aujourd’hui mené par de plus ou moins jeunes coureurs starisés dès leur début de carrière. Mais derrière ceux qui accaparent la lumière, d’autres tentent de se faire une place, tout doucement. Certains sont présents cette semaine sur le Colombia Oro y Paz.

Alvaro Hodeg – 22 ans – Deceuninck – Quick Step

Son nom n’aurait jamais dû être Hodeg, mais plutôt Hodge, en référence à ses origines écossaises. Mais lors d’un renouvellement de passeport de son grand-père, en Colombie, une erreur vient de glisser dans les formulaires. Hodge devient Hodeg. Pour toujours. Et avec le jeune colombien, tout est question d’origines. Né d’un père colombien et d’une mère libanaise, d’où son deuxième nom, Chagui, il se destine au départ au football. Enfant hyperactif, il doit absolument se dépenser. « Mais je me suis blessé au genou et j’ai dû arrêter de jouer », raconte-t-il à El Espectador. Il lui faut trouver une autre activité et ce sera le vélo.

Au retour d’un voyage scolaire à Medellin, il demande alors à ses parents d’aller y faire ses études. Requête acceptée. Alvaro Hodeg veut en fait pouvoir rouler sur le fameux vélodrome de Medellin. Il y fera ses armes, sur la piste donc, avant de passer sur la route, où sa pointe de vitesse fait déjà des ravages. « Il a le potentiel pour être un coureur du niveau de Kittel », prédit même Joxean Matxin, ancien recruteur de Quick-Step et qui l’a fait rejoindre l’équipe belge. Son compatriote Fernando Gaviria parti pendant l’hiver, il devrait dès cette année devenir le sprinteur n°2 derrière Elia Viviani.

Daniel Felipe Martinez – 22 ans – Education First

Entre Rigoberto Uran et Daniel Martinez, il y a presque dix ans d’écart. « Rigo » était en quelque sorte le pionnier de la génération actuelle, celui qui a montré la voix, le premier à décrocher un podium sur une course de trois semaines depuis la génération de Lucho Herrera et Fabio Parra, à la fin des années 1980. Et Martinez, aujourd’hui, prend tout ce qu’il peut de son aîné. Très proches, chez Education First, les deux hommes font régulièrement chambre commune, comme sur le dernier Tour de France ou en ce moment sur le Colombia Oro y Paz.

Pour sa première saison en World Tour, le grimpeur longiligne, plutôt grand par rapport à ses compatriotes du peloton (1,74 m), a beaucoup couru. Septième du Tour de Catalogne, au printemps dernier, il avait marqué les esprits et gagné sa place pour le Tour, où Rigoberto Uran visait le podium. L’objectif n’a pas été atteint mais on a beaucoup vu Martinez, qui rêve lui aussi de pouvoir jouer sa carte sur la Grande Boucle. Ce ne sera sûrement pas pour cette année, mais en interne, il est désormais considéré comme le troisième leader de l’équipe, après Uran et Woods.

Sergio Higuita – 21 ans – Fundacion Euskadi

A Medellin, le jeune Sergio Higuita aurait presque pu croiser Alvaro Hodeg. « Là-bas, une course a lieu chaque année pour les garçons entre 4 et 13 ans et je les ai toutes courues », explique l’enfant de Medellin à Marca. C’est comme ça qu’il débute le vélo à 6 ans, avant de signer quelques années plus tard chez Manzana Postobon. A 18 ans seulement, il se retrouve ainsi à courir le Tour de Madrid ou même le Tour des Asturies, où il termine troisième du classement du meilleur grimpeur. Il gravit les étapes à vitesse grand V, court beaucoup en Europe. L’an passé, il termine septième de la dernière étape de la Route d’Occitanie, au milieu des Valverde et Chavanel.

Repéré par Education First, il signe un contrat de trois ans mais est immédiatement prêté pour les six premiers mois de la saison à la Fundacion Euskadi. Là-bas, il retrouve Peio Goikoextea, un ancien coéquipier de Manzana Postobon, et il continue d’empiler les bons résultats. Absent du Colombia Oro y Paz, cette semaine, il a brillé sur les premières courses espagnoles : sixième et quatrième de deux manches du Challenge de Majorque, sixième de deux étapes et meilleur jeune du Tour de Valence, il rêve déjà de grandes courses. En interview, il assume pleinement avoir la prochaine Vuelta dans un coin de la tête.

Miguel Florez & Daniel Muñoz – 22 ans – Androni Giocattolli

Suivront-ils les pas de Bernal et Sosa ? Si l’on s’en tient à l’âge, Miguel Florez et Daniel Muñoz, 22 ans chacun, ont déjà un peu de retard sur les deux phénomènes : mais ils grimpent et portent le maillot d’Androni, par où sont passés les deux autres lurons. Depuis le début de saison, Florez n’a pas quitté l’Amérique du Sud, et il n’y a pas fait de la figuration : vainqueur d’étape au Venezuela, sur le Tour de Tachira, il faisait partie des costauds à San Juan, en Argentine, où il a terminé l’étape reine juste devant Quintana et Alaphilippe.

Pourtant, c’est Muñoz qui pour l’instant, apparaît comme l’espoir le plus sérieux. En octobre dernier, après le transfert d’Ivan Sosa vers la Sky, Marca demandait au manager italien Gianni Savio qui serait le prochain à quitter Androni pour rejoindre l’armada britannique. « J’espère que ce sera Daniel Muñoz », avait glissé Savio. Ces dernières années, il ne s’est pas trompé dans le choix de ses futures pépites. Parmi la flotte de coureurs colombiens dont il dispose encore cette année, un pourrait bien une nouvelle fois pointer le bout de son nez et attiser la convoitise des grosses écuries.

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