Ils n’ont pas connu les mêmes déboires, mais à l’arrivée, Miguel Angel Lopez et Simon Yates, attendus comme de sérieux candidats pour le maillot rose, terminent respectivement septième et huitième, avec moins de trente secondes d’écart. Les deux grimpeurs n’ont jamais su prendre la mesure de ce Giro dont ils ont été spectateurs.

Rien qui va en montagne

La vérité, c’est qu’on a voulu y croire. A Bologne, lors du contre-la-montre inaugural, Simon Yates était le premier des « autres », derrière un Primoz Roglic largement maillot rose. Rassurant. Miguel Angel Lopez, lui, prenait la quatrième place, dans les temps de Nibali et Dumoulin. Bien mieux qu’espéré. Mais les deux grimpeurs ont vite déchanté. Pas tellement durant la première semaine, où ils ont su éviter les pièges. Plutôt lors du deuxième chrono de ce Tour d’Italie, à San Marino. Le Colombien était retourné dans ses standards, concédant 3’45 au vainqueur. Le Britannique, lui, avait sombré pour la première fois de ce Giro, lâchant 3’11, et on aurait dû comprendre qu’il ne s’en remettrait pas facilement. « Je n’ai pas d’explication », reconnaissait le manager de Mitchelton-Scott, Matthew White. Pour les deux grimpeurs, c’était donc au pire sacrément inquiétant, au mieux inquiétant malgré tout, à un moment où Roglic, lui, survolait la concurrence.

La suite, en revanche, a vu Yates et Lopez prendre des directions bien différentes. Dès le premier col de ce Giro, en fait, le Colombien a mis le feu aux poudres, attaquant avec Mikel Landa. A Pinerolo, il reprenait ainsi une trentaine de secondes à tous les autres, se replaçait et montrait qu’avec toute la montagne qui arrivait, il ne fallait pas encore l’enterrer. Le Britannique, lui, n’était pas dans la même dynamique, discret ce jour-là et à la rue le lendemain, vers Lago Serru, où il craquait, confirmait ses difficultés et le fait qu’il ne serait finalement pas un candidat pour la victoire finale, cette année. Problème, Lopez, lui aussi, se prenait les pieds dans le tapis. En confiance, les jambes répondant bien, il faisait rouler une équipe Astana impressionnante, avec l’idée de faire des différences sur la première arrivée au sommet de ce Tour d’Italie. Mais un problème mécanique au pire des moments, à 12 kilomètres de l’arrivée, l’empêchera d’exécuter son plan et lui coûtera même de précieuses minutes.

Lopez malchanceux, Yates à la rue

C’est sûrement ce jour-là, avec le recul, que le leader d’Astana a dit au revoir à ses ambitions. La suite a été une course à contretemps, où il a accumulé les épisodes de malchance, sa chute à cause d’un spectateur, samedi dans l’ascension du Monte Avena, sonnant comme le point d’orgue d’un Giro qui avait décidé de ne pas lui sourire. Pour Yates, tout a été bien différent, même si à Vérone, il ne pointe qu’à 23 secondes du Colombien. Lui n’a jamais rien espéré, bien que sur certaines étapes, à Courmayeur et à Côme, notamment, il se soit permis de sortir du groupe des favoris pour gratter quelques secondes. Le fait que personne ne s’inquiète, en vérité, montrait à quel point le Britannique était hors course. « Simon a commencé à retrouver ses jambes, il va dans la bonne direction », assurait Matthew White il y a une semaine, lors de la dernière journée de repos.

Malheureusement pour Yates, on n’a jamais pu observer cette forme qui revenait. Transparent, lâché dans quasiment toutes les ascensions, aidé par un Lucas Hamilton honorable, mais qui n’aurait pas dû avoir à tirer aussi régulièrement son leader, il n’a jamais été le dynamiteur que l’on attendait. Chez les grimpeurs, on aura donc surtout vu les Movistar, Richard Carapaz le maillot rose et Mikel Landa, difficile à déchiffrer mais qui, incontestablement, était encore une fois l’un des plus forts de ce Giro. La preuve, et Primoz Roglic peut confirmer, que ces trois semaines n’étaient pas vraiment dessinées pour les rouleurs. Mais encore fallait-il avoir les jambes et quelques idées pour exploiter le parcours. Il y a un an, Simon Yates avait eu tout ça, avant de craquer. Lopez, sans être phénoménal, avait couru avec sa tête. Mais ces dernières semaines, les deux avaient comme perdu ce qui leur avait permis de briller il y a douze mois.

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