Lopez remportera-t-il un grand tour ?

On pourrait faire le même débat avec Pinot ou Bardet, qui hélas voient les années passer et les occasions leur filer sous le nez tandis que des coureurs qui avait 10-11 ans quand ils sont passés pro les poussent doucement mais sûrement vers la sortie.

Juste pour apporter une petite contribution à l’éternel débat du meilleur sprinteur, largement relancé par le déclin de Kittel : un rapide regard sur les statistiques de la saison permet de faire apparaître un groupe de 5 sprinteurs assez homogènes et largement au dessus du lot, tant par le nombre que par la qualité de leurs victoires. Dans l’ordre, on retrouve ainsi :
-Groenewegen : 14 victoires (dont seulement 4 en WT)
-Bennett : 13 victoires (dont 9 en WT)
-Ewan : 11 victoires (dont 6 en WT)
-Viviani et Ackermann : 10 victoires (dont respectivement 9 et 5 en WT)
Ces cinq-là se détachent très nettement du reste des sprinteurs, puisque derrière arrivent Coquard et Laporte avec 8 victoires tous les deux, mais aucune en WT, suivis de Fabio Jakobsen (6 victoires dont 3 WT), Alexander Kristoff et Alvaro Hodeg (6 victoires dont 1 WT chacun). A noter que Peter Sagan (4 victoires, toutes en WT) et Arnaud Démare (4 victoires, 1 WT) arrivent nettement derrière.
Si maintenant on se concentre sur les membres du top 5, on se rend compte qu’il est très difficile de les départager. En cumulant l’ensemble des face-à-face entre membres du Top 5, où chacun des deux sprinteurs est en mesure de s’exprimer (en gros en terminant dans le top 10-15), on aboutit aux stats suivantes :
-Caleb Ewan : 20 face-à-face remportés, 17 perdus
-Elia Viviani : 14-13
-Sam Bennett : 11-10
-Dylan Groenewegen : 9-14
-Pascal Ackermann : 7-7

Que conclure de tous ces chiffres? Tout d’abord que ces cinq là sont décidemment très proches et qu’aucun ne se détache absolument, dans la mesure où les statistiques de face-à-face sont globalement assez équilibrées pour l’ensemble des membres du Top 5. Deuxièmement, que l’impression de domination laissée par Groenewegen en début de saison à l’occasion de l’enchaînement Algarve – Paris-Nice – 3 Jours de la Panne est assez trompeuse, tant en termes de qualités des victoires que de face à face remportés (Groenewegen est à la fois celui qui a le moins gagné en WT et s’est le plus souvent incliné face à ses rivaux directs). A l’inverse, un Ewan qui paraît plus discret et moins impressionnant en termes de puissance pure, s’en sort le mieux dans les face-à-face avec ses adversaires. A côté de cela, Ackermann est celui qui affronte le moins souvent ses adversaires directs et gagne assez peu en WT, ce qui hormis sa prestation au Giro relativise peut-être un peu son total de victoires. Quant à Viviani et Bennett, ils ont un bilan de confrontation légèrement positif et enchaînent les victoires WT comme des perles (9 tous les deux). Dans l’ensemble, je dirais donc qu’il faut pour l’instant renoncer à sortir un nom un seul, et accepter la réalité actuelle qui est celle d’une domination partagée en fonction des courses et des moments de la saison, avec un début d’exercice à l’avantage de Groenewegen, un Giro assez équilibré entre Ewan et Ackermann, un Tour dominé par l’Australien, puis un après-Tour partagé entre Viviani qui rafle les courses d’un jour et Bennett qui écrase les courses par étapes (Eneco + Vuelta). Autant dire que tout ce monde est assez difficile à départager…
Alors bien sûr, ces statistiques ont des limites puisqu’elles ne prennent pas en compte la configuration des sprints, l’apport respectif du train de chacun, les éventuelles blessures/méformes passagères (notamment Groenewegen sur le Tour), mais elles permettent au moins d’apporter un peu d’objectivité dans un débat qui se tranche souvent à coup de vagues « intrinsèquement » et d’impressions passagères….