Le monstre à deux-têtes se fait pour l’instant discret. Peter Sagan et Greg Van Avermaet, qu’on attendait de voir tout rafler sur les flandriennes, arrivent ce week-end sur le Tour des Flandres sans avoir rassuré grand monde. Alors personne ne leur tiendra rigueur des semaines passée, à condition de répondre présent ce dimanche, et le suivant à Roubaix.

Position d’attente

On a envie de croire qu’ils se sont volontairement préservés, mais il y a plus fort à parier qu’ils ont éprouvé quelques difficultés ces dernières semaines. Peter Sagan a légèrement modifié sa préparation pour arriver dans une meilleure forme sur Paris-Roubaix, mais il n’était sans doute pas prévu qu’il laisse planer tant de doutes avant le Ronde. Van Avermaet, lui, est sur le pont depuis le Het Nieuwsblad, mais n’a rien gagné, et n’en a même pas été proche. Les deux patrons des classiques de ces dernières années laissent donc la porte ouverte aux outsiders. Par chance pour le Slovaque et le Belge, la plupart d’entre eux, Vanmarcke et Naesen en tête, n’ont pas été beaucoup plus rassurants jusqu’à maintenant. Il n’y a bien que l’armada Quick-Step, articulée autour de quatre flèches potentielles (Gilbert, Terpstra, Stybar et Lampaert) qui a su profiter de la situation, remportant trois des quatre flandriennes ces dix derniers jours.

Alors au moment de faire les comptes, après Roubaix, tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant comptera peu. Une victoire au Ronde et la difficulté à se mettre en route ne sera qu’un lointain souvenir. Idem pour Roubaix. Simplement, une victoire sur l’un des deux monuments pavés se prépare. Patrick Lefevere, sans fanfaronner, reconnaît volontiers que la situation de son équipe, cette année, est idéale : Quick-Step va aborder les deux week-end les plus importants de sa saison avec une confiance gonflée à bloc. Tout le contraire de Sagan et Van Avermaet. Le Slovaque, malgré son sprint victorieux à Gand-Wevelgem, est loin d’avoir dissipé tous les doutes autour de sa condition physique, et son agacement en course lorsqu’il s’agit de prendre la course en main continue d’interroger. Le Flamand, qui n’a que timidement défendu ses titres sur le GP E3 et Gand-Wevelgem, semble lui faire beaucoup d’efforts dans le vide, alors que ses coups de pédale étaient terriblement efficace l’an dernier.

Deux dimanches pour tout renverser

« Je me suis rendu compte que c’est plus dur de gagner cette année, a détaillé Van Avermaet pour Cyclingnews. Mais je m’y attendais. J’ai dit à tout le monde qu’il ne fallait pas attendre de moi les mêmes résultats que l’an passé. C’était impossible, parce que l’an passé, j’étais en bonne forme mais que tout s’est aussi très bien déroulé. » Le champion olympique, en 2017, avait même remporté Gand-Wevelgem, la course qui, sur le papier, lui correspond le moins bien. Conserver son titre aurait été un véritable exploit, dont il a conscience. Et dans sa tête, de toute façon, une seule course compte : le Tour des Flandres. C’est la flandrienne qui le fait rêver depuis toujours, et la seule qui manque à son palmarès. L’inverse de Sagan, en somme, qui a remporté le GP E3, Gand-Wevelgem et le Ronde (il lui manque certes le Het Nieuwsblad), mais n’a pas encore connu ne serait-ce que le podium de Paris-Roubaix. Pour l’un comme pour l’autre, après la discrétion des dernières semaines, le réveil est attendu. Dans neuf jours, il sera trop tard.

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