Jamais à court d’innovations et d’idées surprenantes, le Tour d’Italie aime sortir des sentiers battus. Notamment lors des grands départs, en atteste cette année avec l’envol du peloton du Giro depuis Israël. Un environnement très méditerranéen, qui n’est pas sans rappeler le théâtre du départ de la 79e édition de l’épreuve. En 1996, en effet, le peloton fit ses premiers tours de roues en Grèce avant de mettre le cap sur la péninsule italienne.
Les seigneurs des anneaux
1996, une année de dates anniversaires. Pour tout amoureux de sport, il est un centenaire à fêter dignement. Voilà cent ans que les Jeux Olympiques de l’ère moderne ont vu le jour. Avec une première édition dans le berceau de l’olympisme, du côté d’Athènes. L’histoire aurait été encore plus belle si le CIO n’avait choisi pour célébrer cet anniversaire la ville d’Atlanta en lieu et place de la capitale grecque. Celle-ci sera toutefois à l’honneur huit ans plus tard. A défaut d’anneaux olympiques, les bicyclettes viennent en cette année-là fêter l’occasion. Pour sa centième bougie, la Gazzetta dello Sport (qui fut créée pour couvrir les premiers Jeux Olympiques de l’histoire), le journal organisateur de l’épreuve, veut marquer le coup. L’idée vient d’un homme, depuis longtemps convaincu par la portée d’un départ du Giro dans le berceau de l’Olympisme. Un certain Vincenzo Torriani.
Mort le 24 avril 1996, soit à quelques semaines du départ de ce 79e Tour d’Italie, il en fut le directeur de 1949 à 1993. Le Jacques Goddet italien œuvra des années pour persuader les Grecs d’organiser un départ d’Olympie, ces derniers suggérant d’autres parcours plus dirigés vers les côtes. Refus alors catégorique du directeur du Giro : « Olympie et rien d’autre ». La solution viendra donc de son successeur, Carmine Castello, qui débloquera la situation, en déplaçant l’épreuve du côté d’Athènes, permettant ainsi aux téléspectateurs de jouir des plus belles richesses du pays. C’est ainsi le 18 mai 1996, devant le Panathinaïkon d’Athènes, théâtre des Jeux cent ans plus tôt, que s’élance l’épreuve. Le vainqueur de l’année passée, Tony Rominger fait l’impasse. Qu’importe, les prétendants sont nombreux : Evgueni Berzin, Pavel Tonkov, Ivan Gotti, Abraham Olano sont alors prêts à en découdre. Mais il faudra passer sans encombres les trois premiers jours en terre hellène.
Des sprinteurs rois au pays du Marathon
Pour beaucoup, ces premières étapes s’apparentent à un chemin de croix, les conditions de courses se révélant très limites : public peu nombreux mais pas vraiment discipliné, routes glissantes et en mauvais état, voitures à contre sens, tunnel non éclairé le deuxième jour de course… Les écueils ne manquent pas. Les chutes sont nombreuses, la nervosité gagne le peloton. Et la première étape sourit à un futur champion olympique après une longue journée autour d’Athènes, marquée par le passage à Marathon et l’étonnante échappée de trois coureurs de l’équipe Aki Safi. Mais les courageux sont revus par un peloton lancé vers le sprint, où le pistard Martinello, habituel lanceur de Mario Cippollini dans l’équipe Saeco, grille tout son petit monde. Dans cette journée marquée du sceau de l’olympisme, le vainqueur du jour ne doute alors pas qu’il remportera la médaille d’or de la course aux points à Atlanta quelques semaines plus tard…
Lors du deuxième jour, en partant vers l’ouest du côté de Nafpaktos, le peloton vit une nouvelle – longue – étape invariablement conclue par un sprint. Au terme d’un final assez tortueux, les équipes Saeco du maillot rose Martinello et Gewiss du finisseur Stefano Zanini se voient damer le pion par le Suédois de l’équipe Amore e Vita, le néo pro Glenn Magnusson. Un coureur à la courte carrière qui décrochera étonnamment trois succès sur le Giro de 1996 à 1998, sans commettre d’autres faits d’armes notables. Celui-ci ne pourra toutefois rééditer son exploit le lendemain, sur la route d’Ionannina, où le peloton met cap au nord. Dans une étape animée, notamment par des attaques de Claudio Chiappucci, les équipes de sprinteurs parviennent à contenir les fuyards du jour, pour le plus grand bonheur de Giovanni Lombardi, de l’équipe Polti, champion olympique lui aussi en 1992… de la course aux points ! Un dernier clin d’œil à l’olympisme, et le Giro traverse l’Adriatique pour regagner l’Italie et Ostuni. Le Tour d’Italie rejoint alors des endroits plus familiers, qui verront le succès trois semaines du russe Pavel Tonkov du côté de Milan.
Merci de rappeler cet épisode grec que j’avais oublié. Il est vrai que le Giro était à l’époque bien moins médiatisé en France et avec un plateau essentiellement composé d’équipes italiennes et en général nettement inférieur au plateau du Tour de France.
Cela démontre que les organisateurs n’ont jamais eu froid aux yeux; Je me souviens d’un prologue contre la montre arrivant place Saint Marc en enjambant les canaux de Venise! Peut être plus compliqué à réaliser que passer trois jours en Israel!
Je ne trouve pas beaucoup d’intérêt a faire partir un grand tour d’aussi loin. Ça fatigue les coureurs plus qu’autre chose… d’ailleurs, j’aimerais connaitre leur opinion a ce sujet. Bon, une fois tout les 20 ans ce n’est pas non plus une catastrophe hein ?