Les baroudeurs étaient attendus ce week-end, ils ont répondu présents. Thomas De Gendt samedi et Daryl Impey dimanche, dans des étapes très différentes, ont su lever les bras au terme d’échappées qui là encore, n’avaient pas grand chose en commun. Pour eux, habitués à prendre les devants, s’échapper est un art. Dans une époque où fausser compagnie au peloton est toujours plus difficile, il faut savoir s’y prendre. La Chronique du Vélo a analysé les échappées des dix derniers Tours de France.
Moins d’échappées ? Pas forcément
Est-il plus difficile de mener à bien une échappée aujourd’hui qu’il y a quelques années ? Certains experts, nostalgiques peut-être, ont tendance à dire oui. Mais en vérité, la règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Dans le Tour de France d’après-guerre, bien sûr, les équipes n’étaient pas aussi bien organisées, les leaders partaient à l’avant et les échappées, qui n’avaient pas grand chose à voir avec celles d’aujourd’hui, allaient régulièrement au bout. Mais depuis dix ans, difficile de faire ressortir une véritable évolution. Chaque Tour de France a ses particularités. Un parcours particulièrement vallonné en 2016, une équipe Europcar désireuse de conserver le maillot jaune en 2011, qui laisse du coup peu de marge aux fuyards.
Choisir la bonne semaine…
La deuxième semaine du Tour est le terrain de jeu privilégié des baroudeurs. Et tout s’explique. La première semaine est celle des sprinteurs, voire des puncheurs, qui comptent alors sur des équipes fraîches et au complet. Jan Bakelants, vainqueur en solitaire de la deuxième étape en 2013, fait de plus en plus figure d’exception. La troisième semaine, ensuite, est celle des leaders qui se disputent le maillot jaune et ne laissent que des miettes. Reste donc l’entre-deux. C’est généralement là, aussi, qu’ils trouvent des étapes qui leur conviennent mieux, souvent entre les Alpes et les Pyrénées (ou l’inverse), destinées ni aux sprinteurs, ni au leaders et plus difficiles à contrôler.
…Et la bonne roue
Une fois la bonne étape cochée, reste à prendre les bonnes roues, celles des meilleurs spécialistes, ceux qui savent rendre des échappées victorieuses. Aujourd’hui, Thomas De Gendt fait par exemple figure de savant, un coureur à suivre si on veut s’offrir un raid à l’avant. Mais d’autres, dans le passé, ont pu avoir une aussi bonne réputation, notamment Thomas Voeckler, maître des échappées entre 2009 et 2012, avec Luis Leon Sanchez. À eux deux, ils ont décroché sept victoires en quatre éditions. L’Espagnol est d’ailleurs celui qui a le meilleur ratio, avec trois victoires pour cinq échappées réussies. A l’inverse, et malgré sa pointe de vitesse, Peter Sagan n’a jamais su conclure au sein d’une échappée.
Pour résumer, s’il y a De Gendt ça peut passer mais s’il y a Offredo, c’est cuit.
Pour Peter Sagan, l’explication est simple : il s’échappe pour le maillot vert, pas pour gagner l’étape
Dégouté pour Pinot et Fuglsang, qui perdent très gros aujourd’hui
Boasson Hagen ne rentre pas dans le classement ? Il ne doit pas être si loin derrière. Dans le genre Cummings, quand il s’échappait, n’était pas mal non plus.
Ensuite, il y a échappées et échappées : il me semble que sur le Tour 2013 en Corse Bakelants part dans le final et résiste au peloton, comme Alaphilippe à Epernay, alors que l’article est plutôt consacré aux véritables baroudeurs qui battent le peloton à l’usure ou parce que l’échappée a un bon de sortie. Le cas de Bakelants n’est pas complétement assimilable à la victoire de De Gendt ou d’Impey.