Seulement 47 minutes d’effort solitaire qui viennent tout chambouler. On savait que Primoz Roglic frapperait fort sur le contre-la-montre, mais on ne se doutait pas que certains de ses adversaires, Nairo Quintana en tête, faibliraient autant. A un peu plus de dix jours de l’arrivée à Madrid, les cartes sont redistribuées, mais tous les atouts sont passés dans la main du Slovène.
Serein comme Roglic
Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. C’est ce que devait se dire avec un sourire narquois Primoz Roglic il y a quarante-huit heures, lorsqu’il a vu Nairo Quintana enfiler le maillot rouge à Cortals d’Encamp. Le Slovène savait que le prochain rendez-vous était taillé pour lui, un chrono de 36 kilomètres où la tunique de leader lui était promise et où ses adversaires, rouleurs moyens dans le meilleur des cas, n’auraient plus que leurs yeux pour pleurer et leurs mains pour compter les minutes concédées. A Pau, tout s’est passé comme prévu, voire mieux, pour le chef de file des Jumbo-Visma. Le gain de l’étape, plus d’une minute et demie reprise à Valverde, deux à Lopez et plus de trois à Quintana. La Vuelta est assommée, pour ne pas encore dire pliée. Les dernières saisons ont trop été marquées par des renversements de situations pour qu’on oublie de garder un brin de prudence, mais la lecture du classement général se veut limpide.
Roglic est désormais un leader serein, qui a jusque-là bien géré la succession d’ascensions et qui n’a qu’à faire aussi bien sur les dix jours qui viennent. Oui, Miguel Angel Lopez a semblé très fort en montagne, depuis le départ, mais de là à dire que ce sera suffisant pour reprendre plus de deux minutes, difficile de s’avancer. On aimerait du suspense, bien sûr, mais le Slovène a tout fait pour le tuer, au lendemain d’un jour de repos où l’on s’était enthousiasmé en voyant le général particulièrement serré. Heureusement, dans l’histoire, ce contre-la-montre intervient à mi-course, quand tout le monde a encore le temps de se rattraper, ou bien de faiblir, justement. C’était le modèle du Tour de France, au mois de juillet, et s’il peut empêcher les grimpeurs de se cacher derrière des estimations fumeuses, c’est déjà ça. Désormais, les Colombiens, Valverde et même Pogacar savent ce qu’ils ont à faire : attaquer, beaucoup, pour faire trébucher celui que l’on présentait comme le favori n°1 et qui assume pour le moment parfaitement.
Quintana a presque tout perdu
Le quatuor est devenu un Club des Cinq, donc, avec un Tadej Pogacar impressionnant dimanche en Andorre et de nouveau solide sur le chrono. Il s’en est fallu d’une poignée de secondes, d’ailleurs, pour que Quintana passe de la première à la cinquième place du général. Le dernier strapontin du quinté de tête n’est finalement pas pour le Colombien, grand perdant du jour malgré tout, qui s’est échauffé en marge, dans le camion de Movistar, au lendemain de l’officialisation de son transfert vers Arkéa-Samsic. Il y avait peut-être plus que du sport là-dedans, et ce sera l’une des grandes interrogations des prochains jours. Les hommes d’Eusebio Unzué ont le collectif pour faire basculer cette Vuelta, à condition de voir Quintana et Valverde rouler main dans la main. Sauf que le premier s’est rarement mis au service du second, ces dernières années, et qu’il n’imaginait sans doute pas un tel cadeau d’adieu. L’ego du bonhomme sera la clé de tout : il peut lui permettre de tout renverser lui-même, ou à l’inverse d’aider le champion du monde. Le chrono pourrait avoir conditionné beaucoup plus qu’on n’osait l’imaginer il y a encore quelques heures.
Le scénario est parfait: l’épreuve de vérité a posé l’équation.
Roglic s’est il offert un matelas suffisant pour tenir? Etant l’unique cible, craquera t’il dans la sucession des difficultés? Ce ne serait pas le premier sur la Vuelta. Et si oui, a qui profitera le crime?
Réjouissons nous aussi en tant que français: Cavagna et Latour nous démontrent que les français ne sont pas toujours réduits au rôle de cancres indécrottables dans un contre la montre.
On débattait pour des secondes; nous en voici aux minutes . Roglic va devoir etre solide; et les quatres autres plus encore ..
Au lieu de voir une Vuelta presque pliée, je vois plutôt ça comme la porte ouverte à une course débridée. La Jumbo-Visma n’inspire pas la terreur comme Ineos sur le Tour et avec ses lieutenants en grande forme, la Movistar peut se permettre de prendre des initiatives plus qu’osées. Avec Lopez et Pogacar en embuscade, le scénario est encore plus incertain car Roglic a peut-être assommé le contre-la-montre aujourd’hui mais il n’a pas été non plus exceptionnel sur les étapes de montagne (surtout qu’il en encore reste un petit paquet).
En tout cas, ça fait plaisir de voir trois Grands Tours de haute volée cette année !
L’expérience (ou le pessimisme ?) m’indique à craindre au contraire une guerre de position où Quintana roulera si Lopez attaque, où Lopez fera le tempo si Valverde attaque… car Roglic n’a pas donné signe de faiblesse en montagne jusque là, je pense que Valverde serait déjà bien content d’une seconde place, il avait perdu cette place l’an passé à 48 h de l’arrivée, je le vois mal risquer de tout perdre pour espérer faire tomber le Slovène, Lopez est souvent irrégulier et mal chanceux, il serait aussi content du podium. Quant à Quintana, il est loin…
Franchement Valverde avec son palmarès peut justement se permettre de prendre le risque de tout perdre. Si il se bat pour conserver une deuxième place sans prendre de risque pour battre Roglic se serait quand même hyper décevant.
Et puis dimanche la Movistar a justement montré qu’il jouait la gagne et non les places d’honneur en refusant de collaborer avec Roglic quand Lopez était parti seul.
Le dilemme du champion du monde reste qu´il a coincé sur la plupart des derniers grands tours en 3iem semaine. Trouvera t´il enfin la parade pour eviter cette journée basse energie qui le guette ? J´ai du mal à croire en ses chances de podium vu le terrain montagneux qui arrive, la castagne que ca va déclencher et son recent Tour de France tout près des meilleurs .
Valverde ne prends jamais de risques et roulera pour le podium comme d’habitude.
Quintana est le grand perdant de ce chrono mais finalement c’est pas vraiment une surprise de le voir prendre trois minutes sur ce genre de parcours. Lopez perd du temps mais limite quand même bien la casse, c’était beaucoup mieux que sur le Giro. Valverde m’a un peu déçu. Je le voyais perdre un peu moins de temps.
A partir de maintenant Valverde, Quintana et Lopez vont devoir attaquer. La Vuelta est très loin d’être terminé. Sur le Giro, Roglic avait également deux minutes d’avance sur ces concurrents après le chrono. Par contre sur cette Vuelta il a une équipe beaucoup plus solide. En tout cas ce résultat va apporter du spectacle à cette course. Enfin, si Quintana, Lopez et Valverde jouent pour gagner et non pour faire un podium.
Valverde, Quintana et Lopez ne font qu’attaquer depuis le départ, sachant sans doute qu’ils allaient perdre du temps sur le chrono.
Je ne suis pas très optimiste pour Quintana et Valverde qui, avec le Tour dans les pattes, devrait quand même finir par s’éteindre. Reste Lopez.
Mais Roglic est beaucoup plus frais qu’au Giro, a une équipe beaucoup plus forte qu’en Italie et ne fera sans doute pas l’erreur de laisser partir un outsider qui prendrait assez d’avance pour prendre le maillot et le garder.
Pogacar sur le podium à Madrid ?
Oui, après sur le Giro même si il n’avait pas fait l’erreur de laisser partir Carapaz par deux fois il aurait été battu par Nibali. Mais sur cette Vuelta il me semble en effet en très bonne condition. Alors après avant la dernière semaine on se disait la même chose sur le Giro. La vrai différence elle se fait au niveau de son équipe qui est beaucoup plus forte.
Quintana et Valverde ont déjà montré qu’ils étaient capable de bien enchaîner TDF Vuelta. D’ailleurs je suis plutôt optimiste concernant Valverde qui était moins fort que l’habitude sur la première parti de saison. Il sera peut-être un peu plus frais. Après j’ai quand même du mal à le voir vainqueur. Mais avec la carte Quintana Valverde, la Movistar peut réussir un coup.
Pogacar j’ai du mal à le voir sur le podium. Ce qu’il fait est exceptionnel mais je le vois avoir un jour sans, voir craquer sur la dernière semaine, ce qui serait logique vu son âge.
On dit toujours qu’il a “laissé partir Carapaz”, mais Nibali et lui avaient-ils les jambes pour suivre ? Pas sûr…
Pour moi oui. Ils auraient pu assez facilement revenir sur lui dans la descente. Il n’y avait même pas 20 secondes d’écarts. Nibali et Roglic qui se donnent à 100 % dans une descente a priori ça arrivent à combler 20 secondes. Et au final ils se prennent deux minutes. Après il n’en reste pas moins que Carapaz était très fort en montagne mais pour moi il ne l’était pas assez pour reprendre le temps qu’il a perdu sur Nibali en chrono. Sa victoire il l’a doit beaucoup au marquage entre Roglic et Nibali lors du week-end de la deuxième semaine.
Oui Lopez a fait un beau chrono par rapport à son pédigré sur l´exercice; Quintana tarif presque honorable rapport à sa position desastreuse et son manque de puissance; il se desuni trop souvent; ses trajectoires sont incertaines; il semble manquer de concentration; tout le contraire du slovène qui maitrise parfaitement force, souplesse et position optimale .
Je me demande si Lopez n’a pas un peu bénéficié du fait que Roglic l’a repris, ça lui a sans doute permis de finir mieux que s’il avait été seul, le Slovène servant de “lièvre”.
Daccord avec toi, même si le slovène n’a repris Superman que dans les derniers hectomètres. Donc le gain de temps du “lièvre” Roglic ne se compte qu’en poignée de secondes (10-15 grand max), je pense.
Ca a dut jouer pour qqs secondes.
Malgrés ca, son tarif habituel face au meilleurs de la spécialité sur ce type de tracé est je crois plus proche des 3.30 que des 2 minutes. il a selon mom humble avis fait une grande performance qui confirme une grande condition et laisse entrevoir d´autres bons numeros
Sur le Giro, c’était flagrant que Roglic était en forme beaucoup trop tôt et qu’il avait une équipe plus que faiblarde (ce qui s’était encore accentué avec l’abandon de De Plus).
Là, il me semble s’être prémuni de ces deux dangers, ce qui rend à mes yeux sa candidature à la victoire finale beaucoup plus crédible qu’en mai dernier. Prudence, néanmoins : le parcours recèle encore un certain nombre d’étapes piégeuses, et de murs où, dans un mauvais jour, l’addition peut être lourde. Lopez et Quintana n’ont sans doute pas encore dit leur dernier mot !