Depuis trois ans, il y a toujours eu un voire deux coureurs français dans les six premiers de Liège-Bastogne-Liège. Les responsables ? Julian Alaphilippe, Romain Bardet et Warren Barguil, qui seront tous les trois au départ ce dimanche avec le rêve fou de succéder à Bernard Hinault, dernier vainqueur tricolore en 1980.

Alaphilippe, le favori

Sa démonstration sur le Mur de Huy, mercredi, a confirmé la hiérarchie en vue de la Doyenne. Alejandro Valverde, quadruple vainqueur de l’épreuve, n’est pas l’unique favori. Ils sont deux, désormais, à faire figure d’épouvantail. Le Julian Alaphilippe de 2015, deuxième derrière l’Espagnol à la surprise générale, a cette fois les cartes en main pour ne pas se contenter d’être le « premier parmi les autres ». « Tout ne va pas se résumer au duel entre Valverde et moi comme à la Flèche Wallonne, assurait-il ce vendredi à L’Equipe. Je remets les compteurs à zéro. » Pourtant, c’est bien cet affrontement et rien d’autre qui sera attendu, toute la journée.

Le prodige est devenu leader, il gagne des courses, rivalise avec le maître incontesté des ardennaises ces dernières années. Il n’a plus personne pour lui faire de l’ombre, non plus, chez Quick-Step. Michal Kwiatkowski puis Dan Martin sont partis, Philippe Gilbert même s’il est là s’est détourné des ardennaises au profit des flandriennes. Tout est donc plus clair, même si Alaphilippe, dans l’histoire, a gagné la pression qui va avec son nouveau statut. « Je sais ce que j’ai à faire, je suis prêt, nous disait-il en début de semaine. J’ai souvent des responsabilités, c’est un rôle que j’aime et dont j’ai besoin. » A lui d’en tirer tout ce qu’il peut pour devenir, peut-être, le premier français à réaliser le doublé Flèche-Liège.

Bardet, l’outsider

Sixième en 2015, idem en 2017, Bardet prend son mal en patience. Liège lui correspond. Il y est venu cinq fois, a toujours terminé, mais jamais au-delà de la treizième place. Il lui a simplement manqué, jusqu’à maintenant, ce petit plus qu’ont les spécialistes des classiques par rapport aux hommes de grands tours. L’Auvergnat est endurant, il grimpe bien, mais il a plusieurs fois semblé désemparé dans le final, ne sachant pas comment aborder un sprint où il savait pourtant ne jamais être le plus rapide. La dure loi de la Doyenne, si dure à apprivoiser mais que Bardet connaît depuis ses années espoirs, où déjà il avait pointé le bout de son nez, deuxième en 2011.

Cette année, pourtant, s’annonce différente. Sur la Flèche Wallonne en milieu de semaine, le leader d’AG2R La Mondiale a décroché le meilleur résultat de sa carrière, neuvième au sommet du Mur de Huy. Une performance qui ne le satisfaisait qu’à moitié, persuadé que ses jambes auraient pu le mener plus haut encore. Mais les signaux sont au vert avant Liège, où on pourrait le voir dynamiter la course. « J’ai ma petite idée, j’espère pouvoir la mettre en pratique dimanche », a-t-il confié à l’AFP. Une chose est sûre, il ne doit pas attendre un éventuel sprint en petit comité à Ans. Toute tentative anticipée sera donc la bienvenue.

Barguil, le revenant

Sur le papier, il est une sorte de profil hybride entre Alaphilippe et Bardet. Un amoureux des ardennaises qui lui aussi bute cependant aux portes du top 5, déjà sixième de la Flèche et de Liège, mais jamais mieux. Pourtant, cette semaine, difficile de le considérer comme un sérieux outsider. Barguil vit une période délicate, symbole d’une équipe Fortuneo qui court toujours après une première victoire cette saison. Dépassé sur la Flèche Wallonne mercredi, il était très déçu de sa performance et n’espère plus qu’une chose, se rattraper sur Liège. Ce n’est pas la situation rêvée, tant on sait ce qui se joue dans la tête sur une course aussi dure.

Mais Warren Barguil est aussi un orgueilleux, qui n’a jamais été aussi bon que l’été dernier, sur le Tour de France, là où personne ne l’attendait vraiment. Ce dimanche, il aura aussi l’avantage d’être assez peu surveillé, et contrairement à d’autres grimpeurs, il n’a pas la plus mauvaise pointe de vitesse du peloton. Alors n’oublions pas le coursier qu’il est et l’amour qu’il porte à Liège-Bastogne-Liège, qui pourrait l’amener à se transcender dans des proportions que l’on n’imagine pas encore. Décrocher le premier succès de l’année sur la Doyenne, le symbole serait fort.

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