Parce qu’il est difficile de se rappeler de tout, on a essayé de le faire pour vous. La sélection est subjective, mais nous avons tenté de répertorier les arrivées les plus marquantes de la saison. Régulièrement en petit comité, parfois symbolique, souvent haletantes. Elles nous ont fait vibrer, et vous aussi, sans doute. C’est le moment de regarder dans le rétro en attendant la saison prochaine.

La plus apocalyptique : les Strade Bianche, victoire de Tiesj Benoot

La saison des classiques ne pouvait pas mieux se lancer. Sous une météo dantesque, les Strade Bianche ont transformé les coureurs en véritables guerriers. Tiesj Benoot, Romain Bardet et Wout Van Aert, acteurs du final, ont franchi la ligne maculés de bout de la tête jusqu’aux pieds, symbole d’une journée presque apocalyptique qui nous a offert l’un des plus beaux spectacles de la saison. L’arrivée Piazza del Campo, de Benoot d’abord, des autres ensuite, restera ainsi comme l’une des images de 2018.

La plus indécise : Milan-Sanremo, victoire de Vincenzo Nibali

On a très longtemps eu peur de ne voir personne sortir dans le Poggio, mais heureusement, Vincenzo Nibali est venu secouer le cocotier. Seul en tête, avec une poignée de secondes d’avance, le Sicilien avait les cartes en main pour remporter pour la première fois la Primavera. Sa descente fut brillante, et il fallait au moins ça pour conserver une petite chance. Sur la via Roma, le Squale n’a pas eu beaucoup de temps pour savourer mais il est parvenu à résister au retour des sprinteurs, classés dans le même temps mais frustrés. Sur la ligne, c’est bien Nibali qui lève les bras.

La plus courue d’avance : Paris-Roubaix, victoire de Peter Sagan

Lorsque Silvan Dillier et Peter Sagan sont entrés sur le Vélodrome de Roubaix, le public avait assez peu de doutes sur l’issue finale de ce Paris-Roubaix. Le Slovaque, triple champion du monde en titre, était plus qu’un grand favori dans ce sprint à deux avec le surprenant suisse, que l’on n’attendait pas ici. Alors s’il lui est arrivé d’être battu dans ce genre de configuration, notamment par Michal Kwiatkowski, Peter Sagan s’est appliqué, cette fois, à ne pas se faire piéger, et il n’a laissé aucune chance à Dillier au moment d’aller conquérir son premier pavé.

La plus cocorico : la Flèche Wallonne, victoire de Julian Alaphilippe

La dernière ascension du Mur de Huy nous met chaque année dans les mêmes dispositions. A partir du pied, on retient son souffle et on attend de voir. Sur la Flèche Wallonne, à moins d’une grosse erreur tactique, c’est le plus fort qui s’impose. Impossible de tricher. Et cette année, il n’y avait pas photo. Julian Alaphilippe, déjà deux fois deuxième de l’épreuve, est enfin monté sur la plus haute marche du podium. Sa première grande classique, devant Alejandro Valverde, quadruple vainqueur en titre. La passation de pouvoir était actée, et le nouveau patron est français.

La plus fair-play : 6e étape du Giro à l’Etna, victoire d’Esteban Chaves

Esteban Chaves était échappé depuis plus de cent bornes et son coéquipier Simon Yates n’a pas eu le cœur de lui voler la victoire. Le Britannique, le plus costaud des favoris ce jour-là, lors de la première arrivée en altitude du Giro, s’est donc contenté du maillot rose et a laissé la victoire au Colombien après l’avoir tiré sur les dernières portions en faux-plat qui menaient jusqu’à la ligne. Un joli geste, que Yates pouvait se permettre. Il était tellement fort qu’il gagnera trois étapes dans les jours qui suivent.

La plus renversante : 19e étape du Giro à Bardonecchia, victoire de Chris Froome

Au moment où le Britannique a franchi la ligne, il n’y avait plus de suspense depuis un petit moment. On avait compris qu’il filait vers la victoire, on savait Simon Yates en carafe loin derrière et le trio Dumoulin-Pinot-Lopez en train de sauver les meubles. Mais c’est malgré tout quand Froome a levé les bras, avec le peu d’énergie qu’il lui restait, qu’on a pris conscience de ce qu’il venait d’accomplir. A Bardonecchia, au terme d’un raid de 80 kilomètres, le quadruple vainqueur du Tour venait de renverser le Giro et de réussir son incroyable pari : il allait devenir le tenant du titre des trois grands tours.

La plus inattendue : 12e étape du Tour à l’Alpe d’Huez, victoire de Geraint Thomas

Vainqueur à La Rosière la veille et maillot jaune depuis la première semaine, Geraint Thomas, au moment d’aborder l’ascension de l’Alpe d’Huez, était déjà un candidat très sérieux à la victoire finale sur le Tour de France. Mais son profil ne laissait pas encore imaginer qu’il survolerait l’ascension comme il l’a fait, sans jamais trembler et en alignant tout le monde, dont les purs grimpeurs Bardet et Landa, dans les derniers hectomètres. C’est sans doute ce jour-là que le Gallois a le plus marqué les esprits et son territoire.

La plus ratée : 1ere étape du Tour de l’Utah, victoire de Travis McCabe

Si l’on s’en tient à la feuille de résultats, rien d’anormal. C’est même à se demander pourquoi la victoire de Travis McCabe figure dans notre sélection des arrivées de l’année. Sauf que la fin d’étape, ce jour-là, se disputait en circuit. L’occasion pour Tony Baca, de l’équipe 303 Project, de lever les bras… un tour avant l’arrivée. Le coureur mexicain, rescapé de l’échappée avec deux autres coureurs, dispute ainsi le sprint un tour trop tôt, lève les bras et se prend même la tête entre les mains avant de se rendre compte qu’il n’a pas gagné.

La plus émouvante : 17e étape de la Vuelta, victoire de Michael Woods

A Balcon de Bizkaia, Michael Woods est allé chercher un peu plus qu’une victoire. Vainqueur presque facile en puncheur, le Canadien allait toucher tout le monde quelques minutes plus tard en répondant aux premières questions. « C’est un moment particulier pour moi. J’étais très ému sur la ligne d’arrivée, explique-t-il. Ma femme était enceinte de 37 semaines et on a perdu le petit. On allait l’appeler Hunter. Ma femme a aussi perdu son père il y a un mois. Ça a été une année très difficile. »

Vous pouvez voir le dernier kilomètre ici. Pour une question de droits, nous ne pouvons pas directement intégrer la vidéo.

La plus stressante : Championnats du Monde, victoire d’Alejandro Valverde

Un mur final à couper le souffle, trois hommes qui en sortent en tête, dont un Français. Puis un quatrième larron qui revient de l’arrière. Le sprint d’Innsbruck, entre Valverde, Bardet, Woods et Dumoulin a sûrement été l’un de ceux où notre rythme cardiaque s’est le plus emballé. Parce que c’était les Mondiaux, parce qu’un Français était parmi les plus costauds et que sur un sprint, un seul, tout semblait possible, même battre Alejandro Valverde. Finalement, il n’y a pas eu d’exploit, mais on se souviendra longtemps de cette dernière ligne droite autrichienne.

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